Une peinture thermorégulatrice qui permet de réduire la consommation énergétique des bâtiments

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Face à l’urgence climatique, la recherche de solutions pour diminuer notre empreinte carbone est cruciale. L’Université de Stanford présente une peinture capable de réguler la température des bâtiments. Cette innovation, fruit d’une étude approfondie, promet de transformer l’efficacité énergétique des structures urbaines. En réduisant la consommation d’énergie, elle offre une réponse concrète aux défis environnementaux, avec un grand potentiel dans les constructions durables.

Face à l’urgence climatique et à la nécessité de réduire notre empreinte carbone, les scientifiques du monde entier cherchent des solutions pour rendre nos habitats plus éco-responsables. L’Université de Stanford, reconnue pour ses recherches pointues, propose une réponse inattendue : une peinture capable de réguler la température des bâtiments.

Cette étude, à la croisée de la chimie et de l’ingénierie, pourrait bien redéfinir les standards de l’efficacité énergétique dans le bâtiment. Ses implications ? Une réduction significative de la consommation énergétique et, par conséquent, des émissions de gaz à effet de serre. L’étude est publiée dans la revue PNAS.

Des économies d’énergie significatives

La recherche, menée par l’Université de Stanford, sous la direction du professeur Yi Cui, a mis en lumière les propriétés exceptionnelles d’une nouvelle peinture en matière de régulation thermique. Dans des environnements où le froid est artificiellement induit, cette peinture a démontré sa capacité à réduire les besoins en chauffage jusqu’à 36%.

À l’inverse, dans des scénarios où la chaleur est artificiellement augmentée, elle permet de diminuer les besoins en refroidissement de près de 21%. Ces chiffres ne sont pas anodins. En extrapolant ces résultats à l’échelle d’un immeuble de taille moyenne aux États-Unis sur une période d’un an, l’impact est significatif : une réduction de 7,4% de la consommation énergétique totale.

Ces résultats, en plus de souligner le potentiel de cette peinture, mettent en avant l’importance de l’innovation dans la lutte contre le changement climatique.

Fonctionnement

La nouvelle peinture présente une structure ingénieuse en deux couches pour optimiser la régulation thermique des bâtiments. La première couche, intégrant des paillettes d’aluminium, joue un rôle majeur en réfléchissant une grande partie de la lumière infrarouge. Cette réflexion empêche la chaleur de pénétrer directement à l’intérieur des structures. La seconde couche, quant à elle, est remarquablement fine et possède une particularité : elle est transparente aux ondes infrarouges.

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Illustration du principe de fonctionnement de la peinture. En C, D et E, échantillons et exemples montrant la facilité d’utilisation de la nouvelle peinture. © Y. Peng et al., 2023

Elle est enrichie de nanoparticules inorganiques, des particules extrêmement petites conçues pour optimiser la performance globale. Lorsque ces deux couches sont combinées, elles créent une barrière qui réfléchit jusqu’à 80% de la lumière infrarouge. Ce mécanisme réduit ainsi considérablement l’absorption de chaleur par les murs et autres surfaces du bâtiment, offrant ainsi une solution innovante pour améliorer l’efficacité énergétique.

Des applications au-delà des bâtiments

La portée de cette peinture thermorégulatrice dépasse la simple application sur les façades des bâtiments. En effet, le secteur du transport réfrigéré, essentiel pour la conservation et le transport de denrées périssables, est constamment à la recherche de moyens pour optimiser sa consommation énergétique. Les camions et wagons de train, en particulier, nécessitent une isolation efficace pour maintenir des températures stables à l’intérieur de leurs compartiments réfrigérés.

Comme l’expliquent les auteurs dans un communiqué, l’application de cette peinture sur les surfaces extérieures de ces véhicules pourrait offrir une solution innovante. En réfléchissant une grande partie de la lumière infrarouge, la peinture empêcherait la chaleur extérieure de pénétrer dans les compartiments, réduisant ainsi la charge sur les systèmes de refroidissement.

Cela signifie que les systèmes de réfrigération n’auraient pas à travailler aussi intensément pour maintenir les températures requises, entraînant une réduction de la consommation de carburant et, par conséquent, des coûts d’exploitation. De plus, dans le contexte actuel de sensibilisation à l’environnement, l’utilisation de cette peinture pourrait également contribuer à réduire les émissions de gaz à effet de serre produites par ces véhicules.

Des essais concluants et à venir

L’équipe de recherche de l’Université de Stanford n’a pas seulement mis au point une peinture aux propriétés thermorégulatrices, elle a également veillé à ce que cette innovation soit esthétiquement adaptable à diverses utilisations. Ainsi, des essais ont été effectués avec la peinture dans une gamme variée de couleurs, allant des teintes les plus discrètes aux plus vives. Les résultats ont été surprenants : indépendamment de la couleur, la peinture a montré une capacité à réfléchir la lumière infrarouge qui était dix fois supérieure à celle des peintures conventionnelles disponibles sur le marché.

objet peinture
Objets de différents matériaux et de formes variées recouverts de la nouvelle peinture, selon plusieurs pigmentations (couleurs). © Yucan Peng

Sans compter que sa composition la rend hydrophobe. Elle empêche l’infiltration d’eau, protégeant ainsi les structures sur lesquelles elle est appliquée. De surcroît, sa facilité d’entretien est un atout majeur. Les taches et les salissures peuvent être facilement éliminées avec un simple chiffon humide, ce qui réduit les coûts et les efforts de maintenance à long terme.

Enfin, l’un des aspects les plus impressionnants de cette peinture est sa robustesse face aux conditions extrêmes. Les tests ont montré qu’elle conserve ses propriétés réfléchissantes et sa couleur d’origine même après avoir été exposée à des températures très élevées ou très basses.

L’équipe de Stanford travaille actuellement à affiner la formulation de la peinture pour une utilisation pratique. L’objectif est de développer des solutions à base d’eau pour un meilleur respect de l’environnement. Cette innovation a le potentiel de transformer l’utilisation de l’énergie et de contribuer à des pratiques de construction et de transport durables.

Source : PNAS

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