Nouvelle lueur d’espoir pour les patients atteints de diverses affections inflammatoires, notamment de certaines maladies du foie, du syndrome de l’intestin irritable, de maladies inflammatoires des intestins et de maladies auto-immunes telles que la polyarthrite rhumatoïde. Une équipe de recherche de l’University College de Londres (UCL) a récemment mis au point des perles de carbone facilitant la restauration de la santé intestinale et hépatique. Le microbiote intestinal étant lié à diverses maladies (y compris auto-immunes), cette avancée pourrait être bénéfique pour un grand nombre de patients.
Environ 100 millions de personnes dans le monde souffrent de cirrhose et 10 millions d’entre elles sont sujettes à de graves complications. Rien qu’en France, la cirrhose est responsable de près de 15 000 décès par an, ce qui fait de cette pathologie chronique grave du foie la 5e cause de mortalité.
Une étude récemment publiée par l’UCL présente de minuscules billes de carbone baptisées CARBALIVE par les chercheurs, à peine visibles à l’œil nu. D’après eux, ces billes pourraient éliminer les bactéries nocives des intestins tout en ayant un impact bénéfique sur la fonction hépatique.
Le rôle des intestins dans le développement des maladies chroniques du foie
C’est ce qui suscite l’intérêt des médecins depuis des années. Le professeur Rajic Jalan, chercheur à l’Institut de la santé hépatique et digestive de l’UCL, souligne que « l’influence du microbiote intestinal sur la santé commence tout juste à être comprise ». Expliquant les défis cliniques actuels, le professeur Jalan a déclaré dans un communiqué de l’UCL : « Lorsque l’équilibre du microbiome est perturbé, les « mauvaises » bactéries peuvent proliférer et supplanter les « bonnes » bactéries qui maintiennent l’intestin en bonne santé ».
Par conséquent, l’excrétion d’endotoxines peut provoquer une hyperperméabilité intestinale et dès lors, les composants bactériens sont susceptibles d’atteindre la circulation sanguine. Ces phénomènes peuvent ensuite conduire à une « surcharge » du système immunitaire, entraînant ainsi des dommages dans d’autres organes tels que le foie, les reins et le système nerveux. « Dans la cirrhose, une maladie caractérisée par des lésions du foie, on sait que l’inflammation provoquée par les endotoxines peut exacerber ces lésions hépatiques. Une partie du traitement standard de la cirrhose consiste à utiliser des antibiotiques destinés à contrôler les mauvaises bactéries, mais cela comporte un risque de résistance aux antibiotiques et n’est utilisé qu’à un stade avancé de la maladie », a jouté le professeur Jalan.
Les perles de carbone, que les scientifiques de l’UCL ont mis au point en collaboration avec la société Yaqrit (spécialisée dans les maladies du foie), pourraient aider à venir à bout de ces bactéries de façon plus saine. « Elles [les perles de carbone] ont une structure physique spéciale conçue pour absorber les grandes et petites molécules présentes dans l’intestin », explique Jalan.
Avec son équipe, il a testé l’efficacité des billes de carbone sur des rats et des souris atteints de cirrhose. Résultats : une prise quotidienne pendant une période prolongée de plusieurs semaines prévient la progression des cicatrices et des lésions hépatiques, réduisant ainsi la mortalité chez les animaux souffrant d’insuffisance hépatique aiguë ou chronique (ACLF). « Les résultats sur les animaux sont très positifs, avec une réduction de la perméabilité intestinale, des lésions hépatiques ainsi que des dysfonctionnements cérébraux et rénaux », poursuit Michal Kowalsksi, vice-président et responsable des produits CARBALIVE chez Yaqrit.
Dans le but de déterminer à terme si ces billes produisent le même effet sur l’homme, un premier essai d’innocuité a été réalisé récemment. Chez 28 personnes souffrant de cirrhose qui se sont portées volontaires, aucun effet secondaire majeur n’a été mis en évidence jusqu’à présent, si ce n’est un cas présentant des effets secondaires négligeables. Les résultats de ce premier essai ouvrent ainsi la voie aux prochaines étapes, à commencer par un essai clinique de phase II. Si les effets positifs observés chez les animaux sont reproduits chez l’homme, ces perles de carbone pourraient constituer un traitement pharmacologique prometteur contre les maladies du foie et des intestins.
« J’ai de grands espoirs que l’impact positif de ces billes de carbone dans les modèles animaux sera observé chez l’homme, ce qui est passionnant non seulement pour le traitement d’une maladie du foie, mais potentiellement pour tout problème de santé causé ou exacerbé par un microbiote intestinal qui ne fonctionne pas comme il le devrait », conclut Jalan.