La cupidité : une source inépuisable d’insatisfaction personnelle ?

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En société, la cupidité est souvent considérée comme néfaste et révélatrice d’une personnalité sombre. La psychologie a donc toujours perçu ce trait de caractère sous un angle négatif et nocif pour la société. Cependant, peu d’études examinent les avantages et les effets de la cupidité sur la personne elle-même. Une récente étude a révélé que bien que ce trait de caractère puisse apporter plus de revenus, il tend à rendre les personnes concernées constamment insatisfaites de leur vie. Le désir constant d’accumuler davantage aurait donc un impact considérable sur la santé psychologique.

La cupidité ou l’avidité, souvent liée à l’avarice, est un état d’esprit où une personne désire constamment accumuler davantage de biens, souvent au détriment des autres. Les personnes cupides convoitent des possessions sans se soucier des conséquences pour les autres. Ce trait de caractère est généralement considéré négativement dans la plupart des sociétés et presque toutes les religions du monde.

« La cupidité a une connotation très négative ; personne n’aspire à être étiqueté ‘avide’. Une telle personne est souvent condamnée et réprimée parce qu’elle cause régulièrement du tort aux autres et à la société dans son ensemble », explique Karlijn Hoyer, chercheuse au département de psychologie sociale à l’Université de Tilburg (aux Pays-Bas) et auteure principale de la nouvelle étude.

À savoir que la cupidité diffère de la recherche de l’intérêt personnel ou du perfectionnisme par les résultats néfastes qu’elle provoque sur la société et sur la personne elle-même, même si les objectifs sont sensiblement les mêmes. De plus, elle ne concerne pas uniquement les biens matériels, mais également d’autres aspects de la vie tels que la convoitise d’un ou de plusieurs partenaires sentimentaux ou sexuels, ou d’un rang social plus élevé. Par ailleurs, elle reflèterait une certaine forme de dépendance psychologique, notamment en éprouvant constamment le besoin de chercher toujours plus. À titre d’exemple, une personne cupide a de grandes attentes et de grands besoins (matériels ou non) envers son ou sa partenaire. En revanche, son besoin de satisfaire en retour est limité.

Les recherches en psychologie ont largement soutenu cette perception négative de la cupidité. Toutefois, certaines recherches démontrent un aspect positif de ce trait de caractère. Comme la cupidité est omniprésente dans notre société, les chercheurs de la nouvelle étude, parue dans la revue Personality and Social Psychology Bulletin, ont cherché à savoir ce qu’elle pourrait apporter de bénéfique pour l’individu cupide. D’un point de vue économique par exemple, la cupidité est avantageuse, car elle pousse une personne à plus de productivité. « La cupidité n’est pas seulement mauvaise, elle présente également des avantages pour l’individu ainsi que pour la société dans son ensemble (stimulation de la productivité et de la croissance économique) », suggère Hoyer.

Après enquêtes, les chercheurs ont révélé que la cupidité est certes avantageuse par rapport à certains aspects de la vie (finances, reproduction, …), mais elle reflète cependant une importante insatisfaction de vie.

Le coût psychologique de la cupidité

Dans le cadre de leurs enquêtes, les chercheurs néerlandais ont recruté 2367 personnes âgées de 16 à 95 ans, pour évaluer leurs résultats de vie en association avec la cupidité. Pour ce faire, les participants ont été invités à remplir des questionnaires mesurant la prédisposition à la cupidité ainsi que la recherche d’intérêts personnels. Des relevés de résultats psychologiques (satisfaction par rapport à la vie), de résultats économiques (revenu mensuel brut personnel et revenu brut du ménage) et de résultats évolutifs (nombre d’enfants biologiques, durée de la relation la plus longue et nombre de partenaires sexuels), ont également été effectués.

Ainsi, les scientifiques ont révélé que plus le niveau de cupidité était élevé, plus le revenu du ménage l’était aussi. Cependant, le revenu personnel n’était pas forcément très élevé. D’après les experts, cette différence s’expliquerait par la tendance des personnes cupides à vouloir pousser leurs partenaires à travailler plus dur et à gagner plus d’argent. D’un autre côté, ces personnes pourraient également volontairement choisir des partenaires ayant plus de revenus financiers.

La cupidité serait également liée à un nombre plus élevé de partenaires sexuels, mais à des relations amoureuses plus courtes et un nombre inférieur d’enfants biologiques. Avoir moins d’enfants à charge assurerait un revenu financier plus élevé, tout en laissant plus de temps et d’énergie au travail.

Cependant, l’infériorité des résultats évolutifs de vie (moins d’enfants à charge et des relations amoureuses plus courtes) aurait un coût psychologique important. Ce manque de lien affectif impacterait ainsi probablement le bien-être des personnes cupides. De ce fait, en manquant de bien-être personnel, ces dernières auraient tendance à être perpétuellement insatisfaites de leur vie. Cette insatisfaction est ainsi non seulement liée au fait d’être cupide, mais également au mal-être psychologique.

Toutefois, les liens de cause à effet sont encore à déterminer selon les chercheurs, en répondant notamment à ces deux questions : les gens deviennent-ils malheureux dans la vie parce qu’ils sont cupides ? Ou au contraire, deviennent-ils cupides parce qu’ils sont malheureux ? Plus précisément, à quel point l’un influence-t-il l’autre ?

Source : Personality and Social Psychology Bulletin

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