Lorsqu’il s’agit de prendre des dรฉcisions, certains s’illustrent par leur rapiditรฉ tandis que d’autres prennent leur temps. Une rรฉcente รฉtude menรฉe par des chercheurs amรฉricains rรฉvรจle que ceux qui parviennent ร des jugements rapides s’appuient souvent sur leurs prรฉjugรฉs. Cette dรฉcouverte suggรจre รฉgalement que les dรฉcideurs plus lents ne sont pas indรฉcis, mais plus impartiaux. Selon les scientifiques, ce sont donc ces derniers qui prennent les meilleures dรฉcisions.
L’indรฉcision est frรฉquemment associรฉe ร l’anxiรฉtรฉ et ร un manque de confiance en soi, souvent perรงue comme un signe de faiblesse. En psychologie, diverses mรฉthodes existent pour mesurer le degrรฉ d’indรฉcision d’une personne, parmi lesquelles l’รฉchelle d’indรฉcision de Frost, qui est couramment utilisรฉe. Une รฉtude antรฉrieure basรฉe sur cette รฉchelle a montrรฉ que l’indรฉcision est souvent le produit du perfectionnisme.
En 2022, des chercheurs de l’Universitรฉ de Cologne ont publiรฉ dans la revue Personality and Individual Differences une รฉtude montrant que l’indรฉcision peut mener ร de meilleurs choix en รฉvitant les erreurs cognitives. Ils ont constatรฉ que les dรฉcideurs lents รฉtaient moins influencรฉs par leurs prรฉjugรฉs lorsqu’ils portaient un jugement, favorisant ainsi un รฉquilibre dans le processus de prise de dรฉcision.
Une nouvelle enquรชte menรฉe par des chercheurs de l’Universitรฉ de l’Utah, dirigรฉe par la mathรฉmaticienne Samantha Linn, s’appuie sur ce mรชme principe. Toutefois, l’objectif de cette รฉtude รฉtait d’examiner plus prรฉcisรฉment comment la disponibilitรฉ de l’information influence la vitesse de prise de dรฉcision, en se basant sur une approche purement mathรฉmatique. Pour ce faire, les chercheurs ont utilisรฉ des modรจles numรฉriques appelรฉs modรจles d’accumulation de preuves, conรงus pour รฉvaluer la maniรจre dont les individus accumulent et intรจgrent les informations pour prendre une dรฉcision.
ยซ Nous montrons que dans des groupes d’agents diffรฉrant uniquement par leurs prรฉjugรฉs initiaux, les dรฉcisions prรฉcoces sont prises par ceux ayant les biais initiaux les plus extrรชmes ยป, expliquent les chercheurs dans leur รฉtude, disponible en intรฉgralitรฉ sur la plateforme arXiv. ยซ En revanche, les dรฉcisions tardives ne dรฉpendent pas des prรฉjugรฉs initiaux et sont plus susceptibles d’รชtre correctes ยป, ajoutent-ils.
Une question d’impartialitรฉ
Pour mener ร bien leur expรฉrience, les chercheurs ont pris en compte que certaines personnes prennent des dรฉcisions basรฉes sur des rรฉactions รฉmotionnelles innรฉes. Ils ont ainsi crรฉรฉ des modรจles et invitรฉ les participants ร choisir entre deux options : H+ et H-. Le choix devait se faire en accumulant des preuves et en calculant les probabilitรฉs conditionnelles que l’une des deux options soit correcte. ยซ Ici, nous nous demandons comment les prรฉjugรฉs initiaux des individus dans un groupe affectent l’ordre et l’exactitude de leurs choix ยป, ont soulignรฉ les scientifiques.
Les rรฉsultats ont rรฉvรฉlรฉ que les participants ayant les prรฉjugรฉs initiaux les plus extrรชmes prenaient les dรฉcisions le plus rapidement, indรฉpendamment des informations disponibles. Ce comportement a รฉgalement รฉtรฉ observรฉ dans les petits groupes, mais de maniรจre moins frรฉquente.
L’รฉtude a รฉgalement montrรฉ que les individus prenant plus de temps ร se dรฉcider รฉtaient les moins influencรฉs par leurs prรฉjugรฉs initiaux, rendant leurs dรฉcisions plus susceptibles d’รชtre correctes. ยซ Nos dรฉcisions sont souvent influencรฉes par les informations prรฉcรฉdemment obtenues et les prรฉjugรฉs que nous dรฉveloppons. Nous avons montrรฉ que ces biais dรฉterminent les premiรจres dรฉcisions et ont une influence dรฉcroissante sur les dรฉcisions ultรฉrieures ยป, conclut l’รฉquipe. Ces rรฉsultats, fondรฉs sur des preuves mathรฉmatiques, pourraient servir de base future pour mieux comprendre le comportement humain liรฉ aux dรฉcisions, que ce soit dans les grands ou petits groupes.


