Des scientifiques australiens pensent avoir réussi à mettre au point une approche sûre et efficace qui permet un contrôle des naissances, et ce, sans effets secondaires à long terme.
Cette nouvelle technique de contraception se concentre sur deux protéines qui déclenchent le transport des spermatozoïdes, empêchant de ce fait efficacement les spermatozoïdes de quitter le corps. Le travail est basé sur des recherches antérieures, menées à l’Université Monash. Dans un article publié en 2013 déjà, les chercheurs ont pu démontrer que le contraceptif était efficace, du moins chez les souris. À présent, les scientifiques cherchent à l’adapter aux êtres humains, avec l’aide du nouveau financement de l’Initiative pour la contraception masculine (Male Contraceptive Initiative).
Chez la souris, l’équipe a démontré que deux protéines, α1A-adrénergique et P2X1-purinocepteur, peuvent être éliminées en toute sécurité, entraînant une infertilité à 100%, sans affecter ni la performance ni la fonction sexuelle. « Nous nous rapprochons de la mise au point d’un contraceptif oral non hormonal, pratique, sûr et efficace, dont l’effet peut être facilement annulé. Nous souhaitons y parvenir en développant une combinaison de deux médicaments qui bloquent le transport des spermatozoïdes, au lieu de perturber le développement ou la maturation des spermatozoïdes », a déclaré le chercheur principal Sab Ventura.
Ce résultat pourrait proposer un avantage certain sur d’autres approches actuellement testées, comme une injection hormonale efficace à 96%, ou encore Vasalgel, une sorte de « bouchon » injectable qui est très prometteur (du moins, sur les animaux). Selon les chercheurs, le développement d’une pilule hormonale masculine a stagné en raison des effets secondaires irréversibles à long terme sur la fertilité et la libido, sans parler de la possibilité de provoquer des malformations congénitales.
D’autres recherches ont montré que certains types de contraceptifs hormonaux ne fonctionnent tout simplement pas (d’où tous les tests menés actuellement), ou encore, que certains hommes sont rebutés par l’idée de recevoir une contraception par injection, bien que l’idée continue à avoir du potentiel. « Des stratégies antérieures se basaient sur des mécanismes hormonaux ou sur le fait de produire des spermatozoïdes dysfonctionnels (incapables de féconder), mais qui pouvaient aussi interférer avec l’activité sexuelle et causer des effets irréversibles à long terme sur la fertilité », explique Ventura. « Avec cette approche non hormonale, les spermatozoïdes ne sont pas affectés, de sorte que la contraception est facilement réversible une fois la prise du médicament arrêtée », ajoute Ventura.
Pour les scientifiques, une grande partie du travail a déjà été accomplie : en effet, il existe déjà une pilule sur le marché qui bloque les α1A-adrénergiques, en tant que traitement pour une affection appelée hyperplasie bénigne de la prostate (HBP) ou hypertrophie de la prostate.
La prochaine étape concernant cette recherche sera de développer la pilule pour pouvoir bloquer la deuxième protéine. Si cette étape est couronnée de succès, alors l’équipe pourra débuter les essais cliniques, estimant que si tout va bien, le médicament pourrait être sur le marché d’ici 5 à 10 ans.