Ce sont les propos rapportés par des sources anonymes à CNN. L’administration Biden nouvellement en place n’aurait hérité d’aucun plan concret décrivant la stratégie de campagne de vaccination contre la COVID-19 sur le territoire américain. Dès sa prise de fonction, le nouveau président a promis de freiner la pandémie en accélérant le rythme de vaccination de la population.
Dans les heures qui ont suivi la cérémonie d’investiture, des sources proches du nouveau groupe de travail dédié à la lutte contre la COVID-19 ont confié aux journalistes de CNN que l’équipe de Biden était face à un grand vide : la précédente administration n’avait a priori mis en place aucune stratégie de distribution de vaccins, alors que cela fait plusieurs semaines que plusieurs vaccins sont approuvés sur le sol américain.
« Il n’y a rien à retravailler. Nous allons devoir tout construire à partir de zéro », a déclaré une source. La Maison-Blanche est donc aujourd’hui sous pression, alors qu’il était question de changer radicalement et rapidement la situation des États-Unis face à la pandémie ; force est de constater qu’il s’agit là d’une nouvelle preuve de « complète incompétence » souligne une autre source.
Un retard notable, dû à un déploiement « lamentable »
Il va falloir tenir des promesses, des promesses concernant la pandémie, formulées pendant la campagne électorale et lors de la phase de transition. Mais cela s’annonce plutôt difficile pour Joe Biden et son équipe. Déjà au cours de la période de transition, le nouveau président avait ouvertement critiqué les décisions de son prédécesseur concernant le déploiement « lamentable » — selon ses termes — des vaccins anti-COVID-19. Une opinion qu’il a renouvelée hier, en qualifiant « d’échec funeste » la campagne de vaccination lancée à la mi-décembre par l’équipe Trump.
Deux vaccins — celui de Pfizer/BioNTech et celui de Moderna — ont pourtant été approuvés pour une utilisation aux États-Unis dès la fin novembre, soit avant que Donald Trump ne quitte ses fonctions. Selon les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC), au 20 janvier, près de 16,5 millions de doses de vaccin avaient été administrées ; un léger retard donc, par rapport à l’objectif initial de l’ancienne administration qui visait à administrer 20 millions de doses de vaccin d’ici la fin de 2020.
Histoire de repartir sur de nouvelles bases, plusieurs personnes clés de l’administration Trump, ayant travaillé sur la COVID-19 et les vaccins, ont été invitées à démissionner de leur fonction, notamment Moncef Slaoui le conseiller scientifique en chef de l’opération Warp Speed — un partenariat public-privé visant à faciliter et accélérer le développement, la fabrication et la distribution de vaccins — et Jerome Adams, chef des services de santé de l’armée américaine.
Le Dr Anthony Fauci, immunologue et directeur de l’Institut national des allergies et maladies infectieuses (NIAID), demeure quant à lui un membre essentiel de l’équipe. Il est désormais le conseiller médical en chef de Biden sur toutes les questions liées à la pandémie. Il se dit aujourd’hui « soulagé » de pouvoir exercer son rôle de conseiller sans avoir à contredire son Président. Lors d’un point presse organisé ce 21 janvier à la Maison-Blanche, Fauci s’est voulu rassurant : « Nous ne partons certainement pas de zéro, car il y a une activité en cours dans la distribution ». La nouvelle administration va certainement permettre d’amplifier largement les efforts, mais l’expert a tenu à souligner que l’équipe précédente avait tout de même fourni une base de travail « utilisable ».
Le sujet est délicat. Une source rapporte en effet que la nouvelle équipe dédiée à la lutte contre la COVID-19 a dû veiller à ne pas être trop critique vis-à-vis de l’ancienne équipe (notamment face aux médias), sous peine d’avoir encore plus de difficultés à obtenir les données et informations essentielles, récoltées jusqu’à présent par l’administration sortante.
100 millions de vaccins en 100 jours
Le 8 décembre, Trump avait signé un décret visant, selon lui, à donner la priorité des livraisons de vaccins à son pays avant d’exporter les précieuses doses à l’étranger — quitte à invoquer le Defense Production Act si nécessaire. Dans les faits, Pfizer-BioNTech avait signé un contrat portant sur 100 millions de doses ; même quantité promise à l’époque par Moderna. Le gouvernement affirmait alors pouvoir proposer à tous les Américains — soit près de 330 millions de personnes — un vaccin d’ici avril. Washington avait également commandé 500 millions de doses du vaccin d’AstraZeneca/Oxford (dont la procédure d’approbation est toujours en cours) et 100 millions de doses du vaccin développé par Johnson & Johnson (actuellement en phase finale de ses essais cliniques).
Combien de vaccins ont-ils réellement été administrés à ce jour ? Pour le savoir, l’équipe en place va se livrer à une « vérification des faits », afin d’avoir un aperçu fiable de la situation, concernant la distribution et l’administration des vaccins dans le pays. Parmi les principales préoccupations : les potentiels problèmes d’approvisionnement, la coordination entre les services fédéraux et locaux, ainsi que les ressources humaines et financières. À ces problèmes de fond s’ajoute l’inquiétude soulevée par l’émergence de nouveaux variants — dont deux ont été signalés récemment à Columbus.
Après avoir signé un décret imposant le port du masque dans tous les bâtiments fédéraux, Biden a annoncé, dès son deuxième jour, vouloir que 100 millions d’Américains soient vaccinés dans les 100 premiers jours de son mandat. Un objectif jugé « pas assez ambitieux » par certains médias américains. Mais Jeff Zients, le nouveau « coordinateur COVID » de la Maison-Blanche, a déclaré mercredi aux journalistes qu’il était toujours convaincu que l’administration pouvait remplir cet objectif, malgré le « manque de coopération » de la précédente équipe en place. Il assure que la situation va rapidement s’améliorer : « Pendant près d’un an maintenant, les Américains ne pouvaient se tourner vers le gouvernement fédéral pour une quelconque stratégie, […] cela changera demain », a-t-il déclaré le jour de la prise de pouvoir de Biden.