Une nouvelle forme d’intelligence végétale mise en évidence chez certaines plantes

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Une grande verge d'or (Solidago altissima). | Wikimedia Commons
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L’intelligence est une notion vaste et relativement floue, traditionnellement associée à la présence d’un système nerveux central. Cependant, ce critère est depuis peu remis en question par diverses études, dont la dernière en date fait référence à une plante qui semble posséder des capacités cognitives hors du commun. Dans un nouvel article, deux chercheurs de l’Université Cornell affirment avoir mis en évidence l’existence d’une nouvelle forme d’intelligence végétale chez la grande verge d’or notamment, une plante connue sous le nom scientifique de Solidago altissima.

Andre Kessler, écologiste chimiste à l’Université Cornell et le doctorant Michael Mueller expliquent dans leur récente étude que lorsque certaines espèces de plantes sont confrontées à un problème ou une mance, elles sont en mesure de réagir à leur environnement. Pour ce faire, elles utilisent une sorte de mémoire couplée à ce qui est considéré comme une véritable capacité de prise de décision.

C’est le cas notamment de la verge d’or, une espèce de plante aux fleurs dorées capable de percevoir les signaux de danger émis par ses congénères, sans besoin de contact direct, lorsque ces dernières sont dévorées par des insectes ravageurs par exemple. Elle modifie ensuite son comportement pour faire face à la menace.

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Les Solidago : des plantes qui communiquent sans système nerveux

Des biologistes ont assimilé dans un modèle les systèmes vasculaires des plantes au système nerveux humain et ont proposé qu’une entité centralisée chez les plantes leur permet de traiter les informations afin de réagir en conséquence. Cependant, Kessler n’est pas de cet avis. Il a déclaré : « Il n’existe aucune preuve solide d’une quelconque homologie avec le système nerveux, même si nous observons clairement une signalisation électrique dans les plantes, mais la question est de savoir quelle est l’importance de cette signalisation pour la capacité d’une plante à traiter les signaux environnementaux ? ».

Dans le but de défendre cet argument, il a réalisé des recherches sur l’intelligence végétale et s’est récemment penché sur la Solidago altissima, que l’on trouve notamment en Amérique du Nord. Dans son étude publiée récemment dans la revue Plant Signaling and Behaviour, Kessler affirme que la grande verge d’or est capable « d’entendre » que ses voisines sont attaquées par des coléoptères et de réagir par la suite en libérant des composés organiques volatils (COV). Ces substances font notamment croire aux insectes que la plante n’est pas commestible.

Une plante qui anticipe ?

L’écologue a déclaré dans un communiqué : « Il y a plus de 70 définitions de l’intelligence et il n’y a pas d’accord sur ce que c’est, même dans un domaine donné ». Pour appuyer son argument qui soutient le fait que les plantes peuvent aussi se montrer intelligentes, Kessler et son collègue se sont tenus aux éléments qu’ils ont jugé fondamentaux et définissent ainsi l’intelligence comme « la capacité à résoudre des problèmes sur la base des informations obtenues de l’environnement vers un objectif particulier ». D’ailleurs, cette capacité se voit confirmer dans les recherches antérieures de Kessler, axées sur les réactions de la grande verge d’or lorsque ses feuilles sont dévorées par un insecte.

Dans un article paru dans la revue Plants en 2022, Kessler et Alexander Chautá ont mené des expériences sur la perception de la lumière rouge par les Solidage. Ils avaient constaté que lorsque les verges d’or étaient envahies par des coléoptères et que des plantes de la même espèce étaient présentes à proximité, elles s’investissaient davantage dans la tolérance. En effet, elles toléraient la présence des insectes et poussaient même plus vite. En même temps cependant, elles libéraient des composés défensifs et modifiaient l’indice de réflexion de la lumière rouge par les feuilles pour envoyer un « signal » aux verges d’or environnantes. C’est ainsi que cette différence dans la réflexion de la lumière et les COV produits servent d’avertissement d’un danger imminent.

En revanche, en l’absence d’autres verges d’or dans l’environnement, la Solidage envahie par des insectes n’accélère pas sa croissance et produit des réponses chimiques différentes. Kessler en a ainsi déduit « qu’en fonction des informations qu’elle reçoit de l’environnement, la plante modifie son comportement de base ».

Les verges d’or sont loin d’être les seules plantes à utiliser les COV pour « communiquer » avec leurs voisines et les prévenir d’une menace. En effet, nous savons depuis les années 80 environ que certaines plantes échangent des informations de cette manière. Cependant, la majorité de ces recherches n’ont été effectuées qu’en laboratoire.

Certains chercheurs restent cependant sceptiques quant aux résultats des recherches de Kessler et se demandent même s’ils peuvent être expliqués par un langage végétal subjectif. Quoi qu’il en soit, l’écologiste a déclaré que les Solidages sont en mesure de percevoir leur environnement de manière très précise. « Les cellules peuvent être spécialisées, mais elles perçoivent toutes les mêmes choses et communiquent via des signaux chimiques pour déclencher une réponse collective en matière de croissance ou de métabolisme. Cette idée me plaît beaucoup », conclut Kessler.

Source : Plant Signaling and Behaviour

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