Largement répandu dans le monde dans de nombreux domaines de fabrication, le plastique est aussi devenu l’un des polluants les plus omniprésents sur la planète. Des forêts aux océans en passant par les banquises, des déchets et particules plastiques sont retrouvés en permanence, impactant les écosystèmes avec de sérieuses conséquences. Récemment, des chercheurs ont montré que si l’accumulation visible de plastique à la surface des mers et océans est alarmante, son dépôt sur les fonds marins est encore plus préoccupant. Les auteurs révèlent, via des images prises lors d’une descente en profondeur, que le fond marin de l’océan Pacifique Nord est recouvert de déchets plastiques à usage unique.
En menant une vidéosurveillance au fond de l’océan, des chercheurs travaillant dans le Pacifique Nord ont découvert l’accumulation de déchets plastiques la plus dense jamais enregistrée sur un fond marin abyssal, constatant que la majorité de ces déchets sont des emballages à usage unique. L’étude, publiée dans la revue Marine Pollution Bulletin, met en évidence l’énorme fardeau environnemental du plastique à usage unique et met également davantage en lumière ce qui arrive au plastique une fois qu’il entre dans la mer.
« La majorité des débris plastiques qui finissent dans l’océan sont perdus. Chaque année, plus de 10 millions de tonnes de plastiques pénètrent dans l’océan, mais l’abondance de plastiques flottant à la surface de l’océan ne représente que quelques pour cent des plastiques dans l’océan », explique Ryota Nakajima, chercheur en biologie marine à l’Agence japonaise pour les sciences et technologies marines de la Terre. Plus précisément, entre 4.8 millions et 12.7 millions de tonnes de plastique pénètrent chaque année dans l’océan.
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Des fonds marins recouverts de débris plastiques
Le plastique dans l’océan constitue une menace importante pour la sécurité de l’environnement, en particulier lorsqu’il se détériore en microplastiques. Le plastique perturbe les habitats, est confondu avec la nourriture par les animaux et répand des toxines volatiles dans l’eau. Cependant, la plupart des déchets plastiques se trouvent au fond de la mer, laissant de nombreuses personnes inconscientes des dommages qu’elles causent.
« L’abondance de débris plastiques dans l’océan continue d’augmenter, mais les débris plastiques flottants à la surface de l’océan sont finalement transportés dans les eaux plus profondes. Cela favorise l’illusion dans votre esprit que les débris n’augmentent pas. Mais la vérité est que les débris de plastique s’accumulent sur le fond de la mer profonde comme des déchets perpétuels », déclare Nakajhima.
Nakajima et ses collègues ont cherché à en retrouver une partie dans les océans autour du Japon, qu’il a décrit comme « un hotspot de microplastiques flottants ». Selon un rapport de 2015 de Science sur la pollution plastique des océans, 12 des 20 pays les plus mal organisés en matière de déchets plastiques se trouvent en Asie, la Chine étant le pire. La proximité de ces pays producteurs de plastique avec le courant océanique de Kuroshio, l’un des plus importants au monde, permet à un excès de déchets de s’accumuler dans les gyres de recirculation, zones du courant où l’eau se déplace en cercle continu.
De là, le plastique finit par couler et vient se poser sur le fond de l’océan. C’est sur le fond marin abyssal sous l’un de ces gyres de recirculation que Nakajima et ses collègues ont cherché du plastique en plongeant à 5800 mètres dans un sous-marin et en capturant des images. Ils ont trouvé une accumulation massive de déchets. « Nos données confirment cette opinion selon laquelle le problème des débris dans l’environnement marin est grave même dans la zone abyssale », indique Nakajima, ajoutant que le plastique du fond est omniprésent dans la plaine abyssale.
Une majorité de plastiques à usage unique
Pour mieux comprendre quels types de plastique sont piégés par les courants comme le Kuroshio, l’équipe s’est également intéressée à caractériser le type de déchets trouvés sur les fonds marins abyssaux. Ils ont constaté que plus de 80% des débris étaient des plastiques à usage unique tels que des sacs, des emballages alimentaires et des bouteilles d’eau. Et la densité globale de plastiques trouvés dans la région, 4561 articles par kilomètre carré, était la plus grande jamais enregistrée sur un fond marin abyssal de deux ordres de grandeur. Ces déchets s’accumulent depuis des décennies.
L’équipe a trouvé un ancien paquet de steak de 1984 qui semblait toujours intact, avec des couleurs vives. Et comme le plastique met si longtemps à se biodégrader, en particulier dans l’océan, il est peu probable que ces déchets disparaissent de si tôt et le tas ne fera qu’augmenter de taille à mesure que le courant continue de se déplacer. Les débris de plastique sur les fonds marins profonds persisteront probablement pendant au moins un siècle, selon les auteurs.