En Europe, on estime que plus de 250 000 décès sont liés à un cancer d’origine environnementale chaque année. Selon un rapport de l’Agence européenne pour l’environnement publié aujourd’hui, la pollution atmosphérique, à la fumée de tabac, au radon, aux rayonnements ultraviolets et à d’autres substances provoque plus de 10% des cas de cancer en Europe. Des facteurs de risque qui pourraient être évités.
Chaque année, 2,7 millions d’Européens sont touchés par le cancer, et 1,3 million en meurent. L’Europe enregistre près d’un quart des nouveaux cas de cancer dans le monde et 20% des décès, alors qu’elle ne représente que 10% de la population mondiale. En plus des coûts humains, les coûts économiques européens liés au cancer sont très importants — environ 178 milliards d’euros en 2018.
D’après le rapport de l’Agence européenne pour l’environnement (le premier de l’agence sur le lien entre le cancer et l’environnement), on peut classer les différents facteurs de risque de cancer en plusieurs catégories. La première concerne les « non modifiables », intrinsèques à l’individu, comme l’âge, le sexe et les antécédents familiaux. Une deuxième catégorie inclut les facteurs de risque « partiellement modifiables » : la sensibilité génétique, l’inflammation, les hormones, etc. Enfin, environ 40% des cas de cancer en Europe sont dus à des facteurs de risque exogènes, sur lesquels nous pourrions agir.
Les facteurs incriminés sont liés au mode de vie (notamment le tabagisme, l’alimentation, l’activité physique et la consommation d’alcool), à certaines infections, à l’exposition environnementale et professionnelle à des substances chimiques cancérigènes, aux rayons UV, au radon intérieur et à la pollution atmosphérique. Dans le monde, environ 20% des décès prématurés par cancer sont dus à des facteurs environnementaux et professionnels.
Le rapport estime que ces risques d’origine environnementale et professionnelle sont responsables d’environ 10% des cas de cancer en Europe, et que les risques environnementaux ont causé à eux seuls plus de 5% des décès par cancer dans plusieurs pays européens en 2019. « Ces estimations sont méthodologiquement prudentes en raison des lacunes et des incertitudes dans les connaissances, il est donc très probable que nous sous-estimions la contribution réelle de l’exposition aux risques environnementaux et professionnels pour le cancer », précise le rapport.
Dans le détail, l’exposition au tabagisme passif peut augmenter le risque global de tous les cancers de 16% chez les personnes qui n’ont jamais fumé. La fumée de tabac environnementale est un polluant de l’air, composée de la fumée rejetée par le fumeur après inspiration et de celle qui s’échappe de la cigarette entre les bouffées.
L’exposition au radon (à l’intérieur des habitations) est liée à près de 2% de tous les cas de cancer et à un cas de cancer du poumon sur dix en Europe, et le rayonnement UV naturel peut être responsable de jusqu’à 4% de tous les cas de cancer en Europe. L’incidence du mélanome (une forme de cancer de la peau) a augmenté en Europe au cours des dernières décennies.
La pollution atmosphérique serait la cause de 1% de tous les cas de cancer en Europe, et l’agence a signalé que certains produits chimiques utilisés sur les lieux de travail européens contribuent à provoquer des cancers, notamment le plomb, l’arsenic, le chrome, le cadmium, l’acrylamide et les pesticides. L’amiante serait même à l’origine de 55 à 88% des cancers du poumon d’origine professionnelle, bien qu’il soit interdit depuis 2005 dans l’UE.
Les risques de cancer liés à l’environnement et au travail sont intrinsèquement évitables
L’agence estime que « tous les facteurs de risque environnementaux et professionnels du cancer sont modifiables, et l’exposition à ces facteurs peut être réduite par des interventions fondées sur des données probantes dans les comportements, les environnements, les processus, les réglementations et les politiques ». C’est pourquoi l’UE met en œuvre des plans d’action contre la pollution (comme le « zéro pollution »), dans un double objectif environnemental et de santé publique.
« Il vaut toujours mieux prévenir que guérir et, dans le cadre du plan européen pour vaincre le cancer, nous nous sommes fermement engagés à réduire les contaminants dans les eaux, le sol et l’air », explique dans un communiqué de l’agence Stella Kyriakides, commissaire européenne à la santé et à la sécurité alimentaire. « Les conclusions de l’Agence européenne pour l’environnement montrent très clairement que la santé de notre planète et celle de nos citoyens sont étroitement liées. Nous devons travailler avec la nature, et non contre elle ».