Est-ce qu’une grande intelligence est due à des avantages génétiques ? Cela pourrait être le cas. Plus d’un millier de gènes seraient en association avec notre capacité de réflexion, mais également avec notre état psychologique et émotionnel.
Une coopération internationale de scientifiques a effectué une analyse génomique à grande échelle afin de découvrir quels pourraient être les gènes liés à l’intelligence humaine. Cette importante recherche a été menée par Danielle Posthuma, une statisticienne en génétique de l’Université libre d’Amsterdam, aux Pays-Bas.
Ils ont effectué une étude d’association pangénomique sur environ 270’000 individus venant chacun de 14 cohortes différents d’ancêtres européens, qui permet de mettre en lien des variations génétiques avec des traits spécifiques, et qui sont dans le cas de cette recherche, d’ordre cognitif et psychologique.
Les volontaires ont passé des tests neurocognitifs tandis que leur génome était analysé pour détecter les polymorphismes nucléotidiques, qui sont des différences de nucléotides dans leur séquence, dues à des mutations naturelles chez chaque personne. Cette méthode leur permettra de détecter si certaines séquences influencent l’intelligence.
Il est important de préciser que les polymorphismes nucléotidiques ne causent pour la majorité des cas aucune maladie génétique. Ce sont généralement des variations d’un nucléotide sur différentes régions de l’ADN, qui ne provoquent pas de dysfonctionnement des gènes. On parle dès lors de mutations silencieuses, qui contribuent simplement à faire de chacun de nous, des êtres différents.
Les chercheurs ont par la suite corrélé le score des tests neurocognitifs avec toutes les variations nucléotidiques détectées sur chaque volontaire (plus de 9 millions).
Ils ont découvert que plus de 205 loci (région spécifique d’un gène sur un chromosome) et 1016 gènes seraient impliqués dans l’intelligence. Seulement 15 de ces loci et 77 de ces gènes, avaient déjà été découverts dans de précédentes recherches.
Les scientifiques ont également fait le constat, après des tests statistiques, qu’il y avait une corrélation négative entre « les gènes de l’intelligence » et les troubles psychiques tels que la maladie d’Alzheimer, la schizophrénie ou encore les troubles de l’attention, ce qui pourrait signifier que ces gènes auraient aussi un rôle protecteur contre ces pathologies, et donc que les personnes intelligentes auraient tendance à vivre plus longtemps. Cependant, ces gènes auraient aussi un lien positif avec l’autisme et la dépression.
« Nos résultats indiquent un chevauchement dans les processus génétiques impliqués dans le fonctionnement cognitif et neurologique avec les traits psychiatriques, et nous fournissent de possibles évidences de liens causals qui pourraient conduire à ces corrélations », ont écrit les chercheurs du groupe du Dr. Posthuma.
Mais le groupe de Posthuma ne s’est pas arrêté là. Son équipe a réalisé une seconde recherche dans le but d’identifier des gènes pouvant être liés au névrotisme (colère, anxiété, paniques, dépression…), en effectuant à nouveau une étude d’association pangénomique, mais cette fois-ci sur plus de 449’000 individus.
Ils ont pu associer 136 loci (dont 124 n’avaient pas été découverts auparavant) et 399 gènes au névrotisme, et les ont même classés en deux sous-groupes : ceux qui sont impliqués dans la dépression, et ceux impliqués dans le sentiment d’inquiétude.
Malgré qu’il reste encore à élucider la raison de leur implication sur les capacités cognitives, la découverte d’un nombre important de gènes liés à l’intelligence ainsi qu’aux troubles psychiques, reste un grand pas en avant pour les neurobiologistes. Ces résultats pourraient permettre de comprendre plus facilement les origines des cas de névrotisme.