Nous humains, habitons la Terre depuis maintenant des millions d’années. Notre impact sur le climat n’a jamais été un problème jusqu’aux débuts de l’époque des grandes industries, en commençant par la révolution industrielle et surtout, de l’industrialisation à grande échelle dès 1900-1950. À cela, il faut ajouter le fait que nous sommes de plus en plus nombreux sur Terre, la population mondiale étant passée de 2.5 milliards en 1950 à plus de 7.5 milliards en 2019. Aujourd’hui, notre atmosphère en souffre, et une nouvelle étude démontre que de toute l’histoire de l’humanité, nous n’avons jamais vécu dans de telles conditions atmosphériques.
Récemment, de nouvelles recherches ayant porté sur des sols anciens ont confirmé que les niveaux de dioxyde de carbone des soixante dernières années sont les plus élevés de l’histoire de l’humanité.
Dans la nouvelle étude, les auteurs ont découvert que les concentrations de CO2 étaient en moyenne d’environ 250 parties par million durant toute la durée du Pléistocène — la première époque géologique du Quaternaire, qui s’étend de 2.58 millions d’années à 11’700 ans avant le présent.
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Pourtant, au cours des soixante dernières années environ, cette cohérence s’est rapidement effacée. Aujourd’hui, les résultats suggèrent que notre planète a atteint 415 ppm pour la première fois en 2.5 millions d’années.
« Selon cette étude, depuis le premier Homo erectus (il y a entre 2.1 et 1.8 million d’années) jusqu’en 1965, nous vivions dans un environnement à faible émissions de dioxyde de carbone – les concentrations étaient inférieures à 320 parties par million », explique le géoscientifique Yige Zhang de la Texas A&M University. « Donc, cet environnement actuel riche en dioxyde de carbone n’est pas seulement une nouveauté pour le climat et l’environnement – c’est aussi une nouveauté pour nous, humains ». Les résultats de l’étude ont été publiés dans la revue Nature Communications.
Pour déterminer le devenir probable de notre planète, de l’environnement, il est nécessaire dans un premier temps de connaître leurs passés. L’étude des climats passés, déclare Zhang, peut donc aider à fournir une partie de cette réponse et, espérons-le, à nous guider dans l’avenir incertain qui est maintenant le nôtre.
Pour étudier les climats anciens, les scientifiques ont l’habitude d’utiliser les carottes de glace, qui enregistrent littéralement les niveaux de CO2 historiques dans l’atmosphère de notre planète, car ils emprisonnent de minuscules bulles d’air. Mais il est connu que ces échantillons ne permettent de remonter que de quelques centaines de milliers d’années, et non de millions.
Pour remonter plus loin dans l’histoire climatique et de la Terre, Zhang et ses collègues se sont tournés vers le sol. En tant qu’élément naturel du cycle du carbone sur Terre, le sol crée des carbonates lorsqu’il se forme, et ces traces infimes peuvent être utiles en tant qu’indicateurs du climat passé.
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En analysant les carbonates dans les sols fossiles du plateau de Loess, en Chine, l’équipe a donc été en mesure de reconstituer les niveaux de CO2 d’il ya des millions d’années.
« Le plateau de Loess est un endroit incroyable pour observer les accumulations de poussière et de sol éoliens », déclare Zhang. « Les premières poussières identifiées sur ce plateau datent d’il y a 22 millions d’années. Les enregistrements sont donc extrêmement lointains ».
S’il est vrai que les carbonates de sol ne sont qu’un indicateur des climats anciens, les résultats du plateau de Loess semblent correspondre à d’autres estimations, qui ont été réalisées à l’aide de carottes de glace et de registres de glace bleue.
Zhang et son équipe, cependant, ne sont toujours pas satisfaits. Ils prévoient de perfectionner leurs techniques d’analyse des sols pour améliorer encore plus leurs estimations, en utilisant éventuellement cette technique sur des sols âgés de 23 millions d’années.
« Le passé est la clé de notre avenir », a déclaré Zhang à The Eagle. « La Terre a une longue histoire et beaucoup de choses liées au climat, à la vie et à l’environnement ont changé. […] Le paléoclimat est important pour apprendre à connaître le passé, et peut-être permettra-t-il de prédire l’avenir ».