Une enquête révèle que plus d’un tiers des hommes préféreraient vivre des situations stressantes, comme être coincés dans les embouteillages, plutôt que de parler de la santé de leur prostate. Cette réticence, découlant probablement de la stigmatisation du sujet, entraîne des retards de diagnostic et des complications pour des problèmes de santé souvent mineurs, comme l’hypertrophie bénigne de la prostate.
La prostate est une glande entourant la partie supérieure de l’urètre et située juste en dessous de la vessie. Elle sécrète des fluides qui entrent dans la composition du sperme et tend à augmenter de volume avec l’âge, notamment à l’approche de la quarantaine. Cette augmentation de volume est liée à des facteurs génétiques ou hormonaux.
Chez certains hommes, elle devient trop volumineuse et affecte le débit urinaire. Cette affection, appelée hypertrophie bénigne de la prostate ou adénome prostatique, touche environ 60 % des hommes à 60 ans et jusqu’à 80 % à 80 ans. Si la maladie n’évolue pas en cancer et n’influence pas le risque d’en développer, les complications qui peuvent en découler affectent notablement la qualité de vie.
Chez les personnes concernées, il faut généralement attendre plusieurs minutes avant que l’urine puisse s’évacuer. Le débit est faible et saccadé, et la sensation d’avoir toujours envie d’uriner persiste même après avoir fini. L’envie d’uriner est également plus fréquente, ce qui peut nuire à la qualité du sommeil.
« Je devais constamment me préoccuper de savoir où se trouvaient les toilettes, car si j’avais envie d’y aller, il fallait que je me dépêche », rapporte sur le blog d’Orlando Health Chris Golden, un marathonien cinquantenaire qui a vu sa santé urinaire se détériorer même après avoir tenté de s’auto-soigner en réduisant sa consommation de sodas. « Une fois arrivé aux toilettes, il m’arrivait souvent de rester à l’urinoir pendant que les hommes autour de moi terminaient en deux secondes, alors que je restais là pendant deux minutes », témoigne-t-il.
Un sujet « tabou » dont les hommes hésitent à parler
D’après Jay Amin, urologue à Orlando Health, des envies fréquentes ou des difficultés à uriner peuvent déjà signaler un problème, en particulier si la personne doit se lever plus de deux fois par nuit. Cependant, malgré l’altération de la qualité de vie et les risques de complication, beaucoup hésitent à consulter. Non diagnostiquée à temps, l’hypertrophie bénigne de la prostate peut augmenter le risque d’infections urinaires répétées. Certains patients développent également des calculs urinaires ou des problèmes rénaux.
D’après une récente enquête d’Amin et de ses collègues, 38 % des hommes préféreraient subir des situations stressantes, comme être coincés dans les bouchons ou voir leur équipe de sport favorite perdre un match important, plutôt que de confier leurs problèmes urinaires à leur médecin. « Nombreux sont ceux qui essaient différents médicaments ou des thérapies peu invasives pour soulager leurs symptômes urinaires, mais le soulagement est de courte durée », explique l’urologue. Les interventions doivent donc parfois être répétées plusieurs fois pour soulager les patients.
Une intervention mini-invasive pour une santé à long terme
Les médecins d’Orlando Health proposent une intervention appelée « énucléation de la prostate au laser holmium (HoLEP) », qui nécessiterait rarement d’être répétée. D’après leur enquête, seuls environ 1 % des patients doivent être réopérés même après vingt ans.
La procédure consiste en une intervention mini-invasive effectuée par voie urétrale. Cela signifie qu’il n’y a pas besoin d’incision externe et que la douleur est minime et de courte durée. Plus précisément, un endoscope est introduit dans l’urètre afin de guider une fibre laser Holmium à forte puissance (100 watts). Le laser est ensuite utilisé pour retirer entièrement les lobes prostatiques hypertrophiés (énucléation) et les séparer de la capsule prostatique.
La gêne éventuelle peut provenir de la sonde urinaire utilisée pour le lavage vésical destiné à prévenir la formation de caillots sanguins. Mais elle est généralement retirée dans les vingt-quatre heures suivant l’intervention. D’après Amin, la plupart des patients peuvent reprendre une activité physique modérée après une semaine et normale au bout de trois semaines.
Après avoir été orienté vers Amin, Golden a pu reprendre ses activités normales, y compris le marathon. Le médecin assure qu’une meilleure qualité de vie est possible pour les hommes âgés de 40 à 80 ans et souffrant d’une hypertrophie prostatique. « J’ai un patient qui était dépendant d’une sonde urinaire depuis dix-neuf mois et qui urine à nouveau normalement [grâce à l’intervention] », rapporte-t-il. Il encourage ainsi les patients à se confier à leur médecin afin d’être pris en charge au plus tôt et d’éviter les complications.


