Un très grand poisson mystérieux découvert récemment a été retrouvé sur une plage de Santa Barbara, en Californie (USA). Une découverte pour le moins étrange, car à notre connaissance, cet énorme poisson-lune est censé vivre dans l’hémisphère sud.
La découverte du poisson-lune trompeur (Mola tecta, une espèce de poisson-lune appartenant à la famille des Molidae) a été annoncée en 2017. Il s’agissait du premier poisson-lune à être découvert en 130 ans : un véritable exploit compte tenu de sa taille. Ce poisson peut en effet atteindre jusqu’à 3 mètres de long. Malgré sa taille, il est connu pour sa furtivité, d’où son nom « tectus », du latin « caché ».
La plupart des spécimens connus ont été trouvés dans l’hémisphère sud, y compris le poisson de Nouvelle-Zélande utilisé par les scientifiques pour la description de l’animal, publiée en 2017. Il était donc naturel de penser que cet animal énigmatique vivait dans la moitié sud de notre globe. Mais le poisson-lune de 2.1 mètres retrouvé échoué sur une plage de Santa Barbara pourra peut-être nous en apprendre davantage sur ces créatures si peu connues.
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Le poisson en question a tout d’abord été aperçu par une stagiaire de Coal Oil Point Reserve, ce dernier ayant pensé qu’il pourrait s’agir d’une môle (Mola mola), un autre type de poisson-lune, également de la famille des Molidae. La stagiaire a alors alerté la spécialiste de la conservation de la réserve, Jessica Nielsen, qui a pris des photos et les a postées sur Facebook.
La publication a été remarquée par un biologiste marin de l’Université de Santa Barbara, Thomas Turner, qui est allé à la plage pour voir le spécimen par lui-même et prendre ses propres photos. Ce dernier a ensuite publié la découverte sur le site internet d’observation de la nature appelé iNaturalist, où l’animal a attiré l’attention de Marianne Nyegaard, experte australienne du poisson-lune, de l’Université de Murdoch (qui a dirigé la découverte de M. tecta) et de l’ichtyologiste Ralph Foster du South Australian Museum.
Cependant, les photographies ne montraient pas clairement les caractéristiques nécessaires pour une identification positive. De ce fait, Nyegaard et Foster ont demandé à Nielsen et à Turner de retourner prendre plus de photographies du spécimen échoué.
« J’ai littéralement failli tomber de ma chaise (sur laquelle j’étais déjà assise !) », a déclaré Nyegaard. « Tom Turner et Jessica Nielsen avaient en effet trouvé le poisson, l’avaient photographié et examiné, et avaient même prélevé des échantillons. Une énorme quantité de photos extrêmement claires se trouvait dans ma boîte de réception (…) cela ne faisait plus aucun doute quant à l’identité du poisson », a ajouté Nyegaard.
Finalement, les chercheurs ont expliqué que sa présence dans les eaux de l’hémisphère nord n’est pas sans précédent. En effet, un poisson-lune capturé en 1889 dans les îles néerlandaises, et conservé au centre de biodiversité Naturalis, a été déterminé en 2017 comme n’étant pas un exemple de M. mola, comme les chercheurs le pensaient initialement. Les scientifiques ont en effet réévalué ce poisson après la découverte de M. tecta, et ont découvert qu’il s’agissait également d’un poisson-lune trompeur. Donc, il s’agit de deux spécimens de M. tecta découverts dans l’hémisphère nord.
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Cependant, à l’heure actuelle, les scientifiques ne savent toujours pas ce qu’ils faisaient à cet endroit. Mais les chercheurs du Centre de biodiversité Naturalis pensent qu’il n’est pas impossible que ces poissons se soient tout simplement perdus. Étant donné que les deux découvertes sont espacées de 130 ans, il n’est pas impossible qu’un poisson-lune s’égare de temps en temps.
Bien entendu, d’autres possibilités ne sont pas à exclure. Par exemple, le changement climatique peut amener certains animaux à s’écarter de leur territoire précédent, bien que cette option n’explique pas le poisson-lune de 1889.
Dans tous les cas, cette nouvelle découverte ouvre la voie à des enquêtes fascinantes quant aux raisons pour lesquelles ce gros poisson s’est retrouvé si loin de son habitat de base. Elle met également en lumière la valeur inestimable des ressources qui permettent aux scientifiques de communiquer et de collaborer à travers le monde.