Polémique : YouTube va réintégrer les comptes bannis pour désinformation

Une décision censée œuvrer en faveur de la liberté d’expression.

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YouTube a annoncé mardi, dans une lettre d’Alphabet, qu’elle réintégrera prochainement certains comptes précédemment bannis pour désinformation. Ces derniers avaient enfreint les règles de la plateforme sur des sujets liés à la pandémie de Covid-19 et aux élections présidentielles américaines de 2020. Désormais, l’entreprise justifie ce revirement au nom de la liberté d’expression, précisant que les politiques en question ne sont plus en vigueur.

Au début de la pandémie, de nombreuses plateformes — YouTube, Facebook et Twitter (devenu X) — avaient mis en place des règles strictes pour limiter la propagation de fausses informations sur la maladie, les vaccins et les recherches scientifiques qui y sont liées. YouTube, par exemple, avait interdit la diffusion de contenus affirmant, entre autres, que les vaccins contre la Covid-19 pouvaient provoquer des maladies graves comme le cancer, ou d’autres allégations sans fondement scientifique.

Les plateformes avaient également bloqué les messages affirmant que l’élection présidentielle de 2020 avait été « volée » à Donald Trump. Avant son rachat par Elon Musk, Twitter avait suspendu environ 70 000 comptes liés au mouvement complotiste QAnon, accusés de propager des théories conspirationnistes et d’inciter à la violence.

À l’approche du scrutin présidentiel de 2024, les grandes plateformes ont assoupli leurs politiques. YouTube a ainsi rétabli le compte de Donald Trump, banni après l’assaut du Capitole le 6 janvier 2021 pour des violations des règles contre l’incitation à la violence. La plateforme a également rétabli celui de Robert F. Kennedy Jr., figure critique des vaccins devenu secrétaire américain à la santé et aux services sociaux.

Dans une lettre adressée à Jim Jordan (républicain de l’Ohio), président de la commission judiciaire de la Chambre des représentants, Alphabet a confirmé la réintégration d’autres comptes bannis pour des infractions liées à la désinformation.

« Fidèle à son engagement en faveur de la liberté d’expression, YouTube offrira à tous les créateurs la possibilité de réintégrer la plateforme si leurs chaînes avaient été supprimées pour violations répétées des politiques relatives à la Covid-19 et à l’intégrité des élections, qui ne sont plus en vigueur », a écrit dans la lettre Daniel F. Donovan, conseiller juridique d’Alphabet, la société mère de Google à qui appartient YouTube. « YouTube valorise les voix conservatrices sur sa plateforme et reconnaît que ces créateurs ont une grande influence et participent au débat civique », a-t-il ajouté.

Une pression croissante de la part des républicains

Cette réponse d’Alphabet intervient à la suite d’une assignation à comparaître, dans le cadre d’une enquête visant à déterminer si l’administration Biden-Harris avait « contraint ou collaboré » avec certaines entreprises technologiques pour censurer des contenus, selon TechCrunch. La décision de YouTube s’inscrit aussi dans un contexte de pressions croissantes exercées par des élus républicains sur les grandes plateformes afin qu’elles assouplissent leurs politiques de modération.

Les partisans de Donald Trump soupçonnent en effet ces entreprises d’avoir volontairement établi leurs règles en faveur du camp Biden. En mars dernier, Jim Jordan avait convoqué Sundar Pichai, PDG d’Alphabet, accusant YouTube de participer directement à un « régime de censure » sous l’ancien gouvernement fédéral.

La lettre de Donovan semble accréditer en partie ces soupçons, affirmant que, durant la pandémie, de hauts responsables de l’administration Biden avaient exercé des pressions pour retirer certaines vidéos liées au Covid, même lorsqu’elles ne violaient pas formellement les politiques de YouTube.

Mais outre les comptes de Trump et Kennedy Jr., figuraient également parmi les bannis celui de Steve Bannon, ancien stratège de Donald Trump, ainsi que celui de Dan Bongino, directeur adjoint du FBI et commentateur conservateur, tous deux accusés d’avoir largement diffusé de fausses informations.

L’entreprise a toutefois précisé sur X que la réintégration resterait, dans un premier temps, expérimentale et limitée à un sous-ensemble de créateurs sanctionnés par des politiques depuis abandonnées.

« Aujourd’hui, les directives communautaires de YouTube autorisent une gamme plus large de contenus concernant le Covid et l’intégrité des élections », a rappelé Donovan. « Bien que le recours aux autorités sanitaires ait été motivé par de bonnes intentions, la société reconnaît qu’il ne devait pas nuire au débat public sur ces questions essentielles », conclut-il.

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