La fin de l’année approche, et avec elle, le temps des bonnes résolutions. Aussi, nombreux sont celles et ceux qui prennent la décision d’arrêter de fumer une fois passé le réveillon de la Saint-Sylvestre. Si c’est l’une des meilleures décisions que l’on puisse prendre pour améliorer et préserver sa santé, il faut bien reconnaître que renoncer au tabac du jour au lendemain est loin d’être évident. Tous ceux qui tentent actuellement le « Mois sans tabac » ne diront sans doute pas le contraire. Heureusement, des solutions existent pour arrêter de fumer sans (trop) de difficulté.
Cette sage décision peut être motivée par diverses raisons : l’impression d’être facilement essoufflé, la perte de saveurs des aliments, l’odeur de tabac qui imprègne sans relâche vêtements, cheveux et logement, la perspective d’avoir un enfant, le budget — car si certains paquets sont récemment repassés sous la barre symbolique des 10 euros, les prix restent élevés en moyenne — ou tout simplement, le désir de reprendre sa santé en main. La pandémie a elle aussi éveillé les consciences : la cigarette dégradant la santé pulmonaire, elle peut potentiellement aggraver les symptômes de la COVID-19.
Selon l’Organisation mondiale de la santé, chaque année, plus de 8 millions de personnes dans le monde meurent du tabagisme ; près d’1,2 million de ces décès sont dus au tabagisme passif. En France, le tabac est responsable d’un décès sur huit ; c’est la première cause de mortalité évitable, de mortalité par cancer et de mortalité avant 65 ans. La lutte contre le tabac est aujourd’hui une priorité de santé publique. La plupart des fumeurs souhaiteraient arrêter de fumer, mais l’OMS souligne que sans aide au sevrage, seules 4% des tentatives aboutissent.
Un fléau responsable d’un cancer sur trois
En moyenne, un fumeur régulier sur deux meurt de son tabagisme. La consommation de tabac est en effet à l’origine de nombreuses maladies, à commencer par le cancer du poumon, dont 80 à 90% des cas sont liés au tabagisme actif. Mais bien d’autres cancers (un cas sur trois !) sont provoqués par le tabagisme : gorge, bouche, lèvres, pancréas, reins, vessie utérus, œsophage. Mais ce n’est pas tout : le tabagisme augmente significativement les risques de maladies cardiovasculaires, d’hypertension artérielle et d’accidents vasculaires cérébraux. La bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) est elle aussi due essentiellement au tabac.
En dehors de la sphère cardiorespiratoire, le tabagisme peut également aggraver d’autres maladies (diabète, hypercholestérolémie, eczéma, cataracte, problèmes dentaires, etc.) et entraîner divers troubles tels qu’une altération de l’épiderme, une mauvaise haleine, des carences en vitamines B et C, une diminution de la fertilité, etc. L’ensemble de ces effets néfastes pour la santé sont dus aux milliers de composés chimiques contenus dans le tabac, dont la plupart sont toxiques : des gaz (acétaldéhyde, monoxyde de carbone, oxyde d’azote, acide cyanhydrique, ammoniac, etc.), mais aussi des métaux lourds (cadmium, plomb, chrome, mercure) et des goudrons, entre autres.
Par ailleurs, plusieurs études ont montré que la consommation de tabac était associée à une augmentation du risque à long terme de maladie d’Alzheimer et de démence vasculaire. Quant à l’éventuel effet protecteur de la nicotine contre la COVID-19 — une idée qui s’est soudainement répandue au cours de l’été 2020 — Santé publique France rappelle qu’à ce jour aucun lien de causalité ne peut être établi ; l’une des études à l’origine de cette théorie, publiée en juillet 2020 dans The European Respiratory Journal, a d’ailleurs été retirée pour cause de conflits d’intérêt avec l’industrie du tabac.
En résumé, il est plus que temps d’arrêter de fumer et ce, quel que soit votre niveau de consommation : il n’existe pas de seuil au-dessous duquel fumer soit sans risque.
L’e-cigarette, un outil intéressant d’aide au sevrage
Les effets du sevrage, dus au manque de nicotine, peuvent être très désagréables : nervosité, irritabilité, difficultés de concentration, humeur dépressive, augmentation de l’appétit, etc. Mais il faut savoir qu’au bout d’un mois d’arrêt, les symptômes de manque sont considérablement réduits et les chances de rechuter s’amenuisent. D’où l’initiative « Mois sans tabac », un défi national initié en 2016 par le ministère de la Santé, réitéré chaque année au mois de novembre, qui consiste à inciter les fumeurs à cesser cette mauvaise habitude. L’opération offre un accompagnement au sevrage, dont une consultation avec un professionnel, un « kit » d’arrêt comprenant des défis et conseils quotidiens et même un outil pour calculer les économies réalisées !
Si cette approche vous semble trop brutale et vous effraie, vous pouvez opter pour la cigarette électronique, « un outil intéressant lorsque l’on envisage d’arrêter la cigarette », selon le Pr Sébastien Couraud, pneumologue à l’hôpital Lyon Sud. Le spécialiste conseille de réduire progressivement la dose de nicotine utilisée, jusqu’à arrêter complètement la cigarette électronique (pour ne pas entretenir une forme de dépendance gestuelle).
Contrairement à la cigarette classique, la cigarette électronique ne fonctionne pas par combustion ; le liquide aromatisé est chauffé et se transforme en aérosol. Ainsi, son utilisation ne libère pas les substances très toxiques libérées par une cigarette allumée, comme le monoxyde de carbone ou les goudrons. C’est pourquoi, en vapotant, le risque de développer des maladies graves diminue. À tel point que le ministère de la Santé britannique a récemment annoncé qu’il invitait les fabricants de cigarettes électroniques à soumettre leurs produits à l’approbation de l’autorité de régulation sanitaire, tout comme n’importe quel autre médicament. Le Royaume-Uni pourrait ainsi devenir le premier pays à prescrire la cigarette électronique comme dispositif médical.
Néanmoins, la vapoteuse n’existant que depuis une dizaine d’années, des études sont en cours pour évaluer si les produits chimiques inhalés par vapotage — qui varient selon la composition du liquide et le type de vapoteuse — peuvent présenter ou non des risques à long terme sur la santé.