Grâce à sa capacité à produire des réponses persuasives — malgré les éventuelles hallucinations —, ChatGPT est souvent perçu comme une menace pour certains emplois. Face à cette technologie, les professionnels doivent désormais se distinguer des IA par leurs qualités « humaines », dont la créativité. Pourtant, dans une expérience menée par des chercheurs de l’Université de Washington, opposant des humains à ChatGPT-4 en vue d’évaluer leurs potentiels créatifs respectifs, l’IA l’a emporté.
Dans le cadre de cette étude, les chercheurs se sont spécifiquement concentrés sur la pensée divergente. Il s’agit du processus de pensée utilisé pour générer des idées créatives. Il vise à produire des idées variées et non conventionnelles en partant d’une question — de façon un peu similaire au brainstorming. Ainsi, la pensée divergente ne pousse pas à trouver une solution évidente ou logique, mais encourage surtout à réfléchir de manière ouverte, en considérant de multiples perspectives.
L’expérience incluait 151 participants et comportait trois tâches distinctes les confrontant à l’IA. Il est à noter que les participants sélectionnés n’avaient pas des références créatives établies. Les détails de l’étude ont été publiés dans la revue Scientific Reports.
Trois tâches pour un verdict pesant…
La première tâche de l’expérience était celle de l’utilisation alternative. Dans ce test, les participants reçoivent des objets du quotidien et sont invités à réfléchir à toutes les utilisations créatives possibles. Cette question visait à évaluer la capacité de chacun à penser au-delà des usages conventionnels des objets.
Arrivait ensuite «la tâche des conséquences», dans laquelle les participants devaient imaginer les résultats possibles de grands scénarios hypothétiques dans le monde. L’un des scénarios proposés était le suivant : « et si les humains n’avaient plus besoin de dormir ». Les individus étaient alors, entre autres, invités à imaginer les conséquences positives et négatives, directes et indirectes, d’une telle situation. La troisième tâche était celle des associations divergentes. Les participants devaient écrire plusieurs mots sémantiquement éloignés les uns des autres.
Soumis à ces mêmes tâches, ChatGPT-4 a démontré une capacité créative supérieure à celle des participants humains. Les critères d’évaluation incluaient le nombre de réponses fournies, leur longueur et la différence sémantique entre les mots (pour la dernière tâche).
Un potentiel créatif sans réalisations réelles
Les chercheurs rappellent toutefois que cette étude mesure uniquement le potentiel créatif, sans son implication dans des réalisations créatives réelles. Il faut savoir que la mise en œuvre d’un élément créatif requiert des compétences supplémentaires, telles que la capacité à évaluer le contexte social ou culturel et la capacité à matérialiser les idées. D’ailleurs, selon les chercheurs, c’est ce qui pourrait avoir limité le potentiel des humains : ils sont conscients du contexte et des implications pratiques et peuvent ainsi naturellement « filtrer » leurs idées à travers le prisme de la faisabilité et de la pertinence.
L’équipe rappelle également que malgré son potentiel créatif, l’outil est encore entièrement dépendant de l’humain. En outre, l’IA ne peut pas « décider » quand ou dans quel contexte elle doit manifester sa créativité (sans qu’on la dirige ou lui fournisse d’indications). Pour ces raisons, les chercheurs sont convaincus que dans le futur, l’IA restera un outil d’aide au processus créatif, pour celles et ceux qui sauront l’adopter.