Maladie virale extrêmement contagieuse touchant environ un tiers des français, l’herpès est une infection transmise par deux souches du virus herpes simplex — HSV-1 et HSV-2, et présente plusieurs manifestations cliniques. Bien que l’infection soit considérée comme incurable, une équipe de virologistes américains vient de tester avec succès sur l’animal un vaccin contre l’herpès au double effet préventif et thérapeutique.
Le virus de l’herpès, Herpes simplex virus (HSV), est un virus de la famille des Herpesviridae qui compte également parmi ses membres le virus d’Epstein-Barr, le virus du zona ou encore celui de la varicelle. Il en existe deux souches : la souche HSV-1, responsable de 95% des herpès oro-faciaux et de 30% des herpès génitaux, et la souche HSV-2 majoritairement responsable des herpès génitaux. Ce virus cible principalement les tissus nerveux et la peau (dermoneurotropie). Une fois l’organisme infecté et selon la zone de prédilection de la souche, le virus persiste toute la vie au sein des ganglions sacrés (HSV-2) ou dans le ganglion trigéminal (HSV-1).
C’est pourquoi les manifestations cliniques principales de l’infection impliquent des lésions dermatologiques et nerveuses et des inflammations des muqueuses génitales (vagin, urètre, anus, etc), généralement caractérisées par des éruptions de boutons. Ces symptômes apparaissent périodiquement lors de périodes de stress, de baisse du système immunitaire ou d’exposition au soleil. Ils peuvent s’avérer d’une exceptionnelle gravité chez la femme enceinte et chez le nouveau-né.
Bien qu’aucun traitement curatif n’existe pour le moment, une équipe de virologues de l’université de Louisiane vient de tester avec succès sur l’animal le premier vaccin contre le virus, qui démontrerait à la fois des effets préventifs et curatifs. Les résultats du vaccin, composé de trois protéines virales spécifiques, a en effet démontré des effets extrêmement encourageants sur le cochon d’inde et le singe. Les essais cliniques humains pourraient débuter dans moins de 18 mois. Les résultats ont été publiés dans le journal Vaccine.
Le virus de l’herpès échappe au système immunitaire et aux traitement antiviraux en se cachant dans les neurones du système nerveux périphérique, plus précisément dans les axones composant les tissus nerveux. Les scientifiques ont utilisé une souche virale atténuée et modifiée, de manière à comporter une mutation génétique bloquant la protéine permettant au virus d’entrer dans les axones. Aucun des neuf cochons d’inde vaccinés et exposés à une souche du HSV-2 virulente n’a développé d’infection, contrairement aux neuf autres qui n’ont pas reçu le traitement préventif.
Konstantin Kousoulas, virologiste et auteur principal de l’étude, explique aussi que certains résultats non encore publiés indiquent que le vaccin peut également mobiliser le système immunitaire chez les cochons d’inde déjà infectés par le virus de l’herpès. En outre, les résultats indiquent que le vaccin est sans dangers chez les primates non-humains. « Nous pensons que ce vaccin possède un incroyable potentiel à la fois préventif et thérapeutique ».
En janvier 2017, l’équipe de virologistes de l’université de Pennsylvanie à l’origine des protéines utilisées dans le vaccin, avait publié d’importants résultats concernant une série de tests sur les animaux. Ces derniers démontraient qu’introduire dans le système immunitaire trois glycoprotéines virales particulières — deux permettant au virus d’échapper aux cellules immunitaires et une lui permettant d’entrer dans les axones — permettait de réduire les lésions génitales et empêchait le virus de se répliquer dans les tissus vaginaux des cochons d’inde, bloquant sa transmission à d’autres individus.
Après exposition à une souche virale HSV-2 subsaharienne, 97% des cochons d’inde ayant reçu une injection et 99% ayant reçu une injection ainsi qu’un « boost immunitaire » n’ont démontré aucun symptôme. Les tests sur les primates ont montré qu’un cocktail de trois injections du vaccin serait idéal pour induire une forte réponse immunitaire contre le virus ; de tels résultats seraient également applicables à l’humain. Le docteur Harvey Friedman et son équipe travaillent déjà avec des compagnies pharmaceutiques pour débuter les essais cliniques humains. Et même si les modèles animaliers sont inégaux en termes de prédiction du succès du vaccin chez les humains, ce dernier n’en demeure pas moins prometteur.