Inscrit dans la course à la conquête spatiale d’Elon Musk, le lancement du projet Starship/Superheavy a encore une fois été retardé par l’Agence Fédérale de l’Aviation des États-Unis. Selon les deniers rapports de l’agence, le projet, qui compte notamment envoyer les premiers hommes sur Mars, doit encore passer au crible des évaluations environnementales (PEA) plus approfondies, avant d’obtenir un feu vert. La dernière Évaluation Environnementale du Programme (EEP) a quant à elle déjà reçu plus de 19 000 commentaires lors de sa soumission au public, expliquant ce contretemps. L’EEP finale devrait être publiée le 28 mars 2022, d’après les dernières prévisions de l’agence. Malgré les dates maintes fois repoussées, le PDG de Space X reste assez optimiste, et estime le débarquement des premiers humains sur Mars au cours de l’année 2029, selon l’une de ses réponses sur Twitter. Mais le célèbre milliardaire est toutefois bien connu pour son côté trop optimiste, et l’on ne sait pas encore si l’on peut réellement se fier à cette date…
On ne s’y retrouve plus dans les prévisions d’Elon Musk. Dans sa dernière déclaration sur Twitter, il a notamment annoncé que le premier atterrissage humain sur Mars serait pour 2029. Alors qu’il n’y a pas plus longtemps qu’en décembre 2021, il prévoyait cette même mission pour 2026, qui devait initialement avoir lieu en 2024. Musk prévoyait également une centaine de vols dans le courant de cette année.
Dans l’une de ses dernières réponses sur Twitter, il avait commenté une photo de SpaceHub qui illustrait le premier alunissage en 1969. L’image soulève également la question de la date potentielle du premier pas de l’Homme sur Mars. Musk a alors tout simplement répondu « 2029 ». Le PDG de SpaceX a probablement voulu marquer le coup, en choisissant une date qui se situe exactement 60 ans après le premier alunissage. La date est-elle cette fois réaliste ?
2029
— Elon Musk (@elonmusk) March 16, 2022
Il faut aussi noter que la FAA a de bonnes raisons de ne pas avoir donné son feu vert jusqu’ici. L’agence exige notamment plus d’informations sur les impacts environnementaux du projet, qui ne seraient sûrement pas des moindres, d’autant plus si les vols du vaisseau Starship deviennent touristiques. D’après Phonandroid, Elon Musk pourrait éventuellement lancer ses fusées depuis le Kennedy Space Center de la NASA en Floride, si la FAA pose trop de problèmes. Mais ce transfert serait non seulement très coûteux, mais retarderait aussi le premier vol de Starship de plus de six mois.
Des impacts environnementaux inquiétants
Pour délivrer les licences de lancements commerciaux, la FAA doit établir un PEE qui devra être publiquement commenté, puis évalué. Si au départ la date prévue pour la délivrance du PEE était le 31 décembre 2021, elle a été avancée pour une mise à jour le 28 février 2022, puis encore une fois ajournée pour le 28 mars 2022, notamment en raison de la quantité de commentaires soumis. Des vols d’essai de la partie supérieure du Starship ont en effet déjà été effectués, mais son couplage avec le Superheavy n’a pas encore été testé.
Les commentaires soumis au projet Starship concernent surtout son empreinte carbone et ses éventuels impacts sur les écosystèmes. D’après le dernier PEE publié par la FAA, 321 commentaires ont été soumis rien qu’entre le 22 décembre 2020 et le 26 janvier 2021. Ils concernaient principalement les impacts du projet sur les espèces protégées et leur habitat, les impacts cumulés de son développement dans la vallée du Rio Grande et sa proximité avec les zones publiques telles que les routes locales et la plage de Boca Chica.
Ce qu’il faut aussi souligner, c’est que les lancements de fusées et les vols spatiaux consomment énormément d’énergie. Ils nécessitent donc beaucoup de ressources et rejettent des gaz à effet de serre en grande quantité, surtout s’ils deviennent touristiques, conformément aux désirs et prédictions d’Elon Musk. À titre d’exemple, un rapport environnemental sur un lancement du lanceur Falcon 9 a montré qu’un vol vers l’ISS avec récupération de la capsule habitée, a émis 1150 tonnes de CO2. Cela équivaut à 638 ans d’émissions de CO2 d’une voiture moyenne parcourant 15 000 km/an ! Les quatre passagers du vol ont chacun « émis » 290 tonnes de CO2.
De plus, le couple Starship/Superheavy devrait être réutilisable toutes les six à huit heures (maximum), permettant à SpaceX d’effectuer jusqu’à trois lancements par jour. Starship est conçu pour accueillir jusqu’à 100 passagers ou 100 tonnes métriques de marchandises. Les émissions de CO2 seront donc conséquentes…