En général, lorsqu’une expérience durant plusieurs années est menée à terme, les chercheurs se félicitent des durs labeurs ainsi que des découvertes effectuées. Mais dans certains cas, une première phase d’expériences de longue durée, n’est que le début d’un projet de recherche tellement long que les scientifiques l’ayant entamé ne seront même plus là pour constater les résultats finaux.
Cela est le cas de cette expérience particulière : après cinq longues années d’étude, les chercheurs n’ont obtenu que 1% des résultats prévus. En effet, cette expérience durera encore 495 autres années. Il s’agit d’une étude de microbiologie historique, effectuée en Écosse.
Après avoir lancé un projet de 500 ans, entamé en 2014 (et devant s’achever en 2514), une équipe a récemment publié les tout premiers résultats, basés sur des données des deux premières années de la recherche.
Vous vous demandez peut-être pourquoi entreprendre un tel projet. Il faut savoir que le but de cette expérience exceptionnellement longue est relativement simple : les chercheurs souhaitent découvrir combien de temps les microbes peuvent survivre seuls, en isolation.
« Quel est exactement le taux de perte de viabilité des microbes quand ils sont en sommeil ? », se sont demandés les chercheurs, basés en Allemagne, en Écosse et aux États-Unis, quand ils ont proposé l’idée de l’expérience pour la première fois en 2014. « Quelle fonction mathématique décrit leur taux de mortalité sur de longues périodes ? Certains meurent-ils rapidement, laissant une population centrale résistante survivre à des périodes beaucoup plus longues ? », se sont également demandés les chercheurs.
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Pour répondre à ces questions, l’équipe de recherche a scellé des spores de Bacillus subtilis, connues pour leur capacité à tolérer les conditions environnementales extrêmes en maintenant un état de dormance, dans des centaines de flacons de verre. « Ce sera l’expérience scientifique planifiée la plus longue jamais créée », a proclamé l’équipe en 2014. « Conçue pour étudier la survie des microbes et des biomolécules au cours des siècles, cette étude ira bien au-delà de nos connaissances incomplètes existantes », a ajouté l’équipe.
Dans l’expérience, tous les deux ans (pendant les 24 premières années), un ensemble de flacons sera ouvert pour voir l’évolution des spores. Une fois les 24 premières années écoulées, ces enregistrements périodiques ralentiront et ne se produiront qu’une fois tous les 25 ans, jusqu’en 2514.
Ce n’est qu’à ce moment-là que nous aurons les réponses définitives de l’expérience. À supposer que l’humanité que nous connaissons aujourd’hui soit encore là pour le constater.
Jusqu’à présent, et d’après les premiers résultats rapportés par les chercheurs, les bactéries semblent se porter à merveille. « Après deux années de stockage dans les conditions de l’expérience de 500 ans, aucune perte significative de la viabilité des spores n’a été constatée », expliquent les auteurs, tout en soulignant qu’il est beaucoup trop tôt pour connaître la tendance à long terme des exploits d’endurance de ces bactéries.
« Bien qu’il n’y ait pas de différences significatives dans la capacité de survie, des différences mineures peuvent entraîner de grands changements à mesure que l’étude de 500 ans progresse… En effet, à mesure que la durée de stockage augmente, la résistance des spores à ces conditions peut être considérablement affectée », ont ajouté les chercheurs.
Compte tenu de la durée absolument extrême de cette expérience, les scientifiques qui prendront la relève dans les années à venir devront se conformer à des méthodes rigoureuses, et notamment relever le défi d’assurer la survie de l’expérience elle-même ! (et non uniquement des spores). « Lors de chaque période de 25 ans, les chercheurs devront suivre les instructions à la lettre pour assurer la longévité des spores, et les tenir à jour en ce qui concerne le développement technologique et linguistique », ont expliqué les chercheurs.