Près 300 employés de la NASA signent une déclaration inédite contre les coupes budgétaires et pressions de Trump

L’administration Trump pourrait mettre en péril des décennies d’avancées scientifiques et compromettre la sécurité des missions spatiales.

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Près de 300 employés actifs et anciens de la NASA ont fait front commun contre l’administration Trump, en adressant une lettre véhémente à Sean Duffy, l’administrateur par intérim de l’agence récemment entré en fonction. Baptisée « Voyager Declaration », la lettre dénonce les ingérences politiques et les coupes budgétaires drastiques susceptibles de mettre en péril des décennies d’avancées scientifiques et de compromettre la sécurité des missions spatiales.

Depuis son arrivée à la Maison Blanche, l’administration Trump a profondément bouleversé plusieurs agences et structures fédérales clés, en particulier dans les domaines liés à la recherche scientifique. Ces changements se traduisent non seulement par la suppression de milliers d’emplois, mais également par des restrictions budgétaires brutales et l’annulation de programmes de recherche en cours.

Plus d’une centaine d’employés ont par exemple été licenciés de la National Science Foundation (NSF), l’un des principaux organismes de financement de la recherche scientifique dans le monde, tandis que des pionniers de la recherche biomédicale ont été congédiés sous la pression de l’administration.

Un vent d’opposition s’élève chez les chercheurs et les personnels des agences concernées, soucieux d’atténuer les conséquences de cette politique sur l’emploi et l’avenir de la recherche. En juin dernier, plus de 300 employés des National Institutes of Health (NIH) ont publié une déclaration, par exemple, appelant au rétablissement de subventions destinées à des traitements vitaux, supprimées ou retardées pour des motifs jugés politiques.

Le 21 juillet, 287 employés et anciens collaborateurs de la NASA ont signé la Voyager Declaration, contestant les ingérences de l’administration Trump dans l’agence. Adressée directement à Sean Duffy — nommé à la tête de la NASA le 9 juillet —, elle rend hommage aux astronautes ayant perdu la vie lors d’accidents spatiaux, et alerte sur les conséquences que pourraient avoir les décisions arbitraires, selon les signataires, de la nouvelle direction sur la sécurité des missions.

« Les changements majeurs de programme à la NASA doivent être mis en œuvre de manière stratégique afin de gérer les risques avec prudence. Au lieu de cela, les six derniers mois ont été marqués par des changements rapides et coûteux qui ont compromis notre mission et eu des conséquences catastrophiques sur les effectifs de la NASA », peut-on lire dans le document publié par Stand Up For Science, une organisation à but non lucratif dédiée à la défense de la recherche scientifique.

Une alerte pour la sécurité spatiale

La lettre totalise 156 signatures anonymes et 131 signatures publiques, parmi lesquelles des ingénieurs, des astronautes et des scientifiques. Elle dénonce non seulement les réductions budgétaires, mais aussi l’annulation de missions en cours de développement, la résiliation de contrats et subventions, ainsi que des réorganisations internes susceptibles de nuire à la capacité des personnels à mener à bien leurs travaux.

Parmi les premières décisions prises par Sean Duffy figure une réduction budgétaire de plus de 120 millions de dollars, et une proposition visant à réduire de près de 50 % les fonds alloués à la Direction des missions scientifiques de la NASA. D’après les signataires, ces arbitrages fragiliseraient des projets prioritaires pourtant validés par le Congrès américain.

La déclaration exprime en particulier des inquiétudes face aux modifications envisagées concernant l’Autorité technique de la NASA. Ce système, instauré après l’accident de la navette Columbia en 2003 — qui avait coûté la vie à sept astronautes — vise à garantir la sécurité des missions, en permettant aux employés de faire part de leurs préoccupations techniques hors de leur hiérarchie directe.

« Si vous avez un désaccord important avec une décision technique, le système offre une autre voie que celle de votre chef de projet ou de programme pour exprimer cette préoccupation », explique une source anonyme du Goddard Space Flight Center à Greenbelt, interrogée par CNN. Et de prévenir : les changements à venir pourraient constituer une menace sérieuse pour les équipes impliquées dans les vols spatiaux habités.

Un acte de contestation à haut risque

La résistance affichée par la NASA à l’encontre de l’administration Trump représente l’un des actes de contestation les plus significatifs de ces dernières années, mais elle n’est pas sans conséquences. La déclaration met en lumière la suppression massive d’emplois ainsi que l’instauration d’un climat de censure interne, empêchant les employés d’exprimer leurs inquiétudes sans craindre des représailles.

C’est d’ailleurs ce qui explique que plus de 150 signataires, tout comme les sources citées par la presse, aient souhaité conserver l’anonymat. La source interrogée par CNN affirme prendre un risque réel pour sa carrière, mais estime que les enjeux sont trop importants pour garder le silence. Les représailles semblent s’être déjà produites pour les 140 employés de l’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA), signataires au début du mois d’une pétition dénonçant des décisions similaires : ils ont été placés en congé administratif, au moins jusqu’au mois d’août.

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