Voici le « Prince dragon de Mongolie », l’ancêtre oublié qui a donné naissance au T. rex

Il aurait vécu dans la région il y a 86 millions d’années et aurait joué un rôle dans l'ascension des tyrannosaures au sommet de la chaîne alimentaire.

prince dragon mongolie
Représentation artistique de Khankhuuluu mongoliensis. | Julius Csotonyi
⇧ [VIDÉO]   Vous pourriez aussi aimer ce contenu partenaire

En passant en revue des archives paléontologiques en Mongolie, des chercheurs ont identifié une nouvelle espèce de dinosaure datant de 86 millions d’années, qui pourrait être l’ancêtre de tous les grands tyrannosaures. Baptisé « Prince dragon de Mongolie », il aurait joué un rôle dans l’ascension des grands tyrannosaures au sommet de la chaîne alimentaire.

Le Tyrannosaurus rex et le Tarbasaurus bataar étaient au sommet de la chaîne alimentaire en Amérique du Nord et en Asie (respectivement) à la fin du Crétacé, il y a entre 85 millions et 66 millions d’années. Ces espèces font partie, avec leurs proches parents (tels que les Albertosaurinae et les Alioramini), d’un groupe plus large de grands dinosaures prédateurs appelés eutyrannosauriens.

Les archives fossiles suggèrent que les eutyrannosauriens sont parvenus à dominer la faune du Crétacé supérieur en développant des caractéristiques morphologiques clés, telles qu’une grande taille corporelle (supérieure à une tonne) et des crânes robustes pouvant infliger des morsures quasi-mortelles. Cependant, leur succès évolutif aurait débuté avec des ancêtres plus petits (moins de 500 kilogrammes) qui vivaient dans des écosystèmes dominés par d’autres grands théropodes génétiquement éloignés.

Appelés tyrannosauroïdes de stade intermédiaire, ces prédateurs de taille modeste auraient constitué un chaînon évolutif entre les tyrannosauroïdes du Jurassique antérieur et du Crétacé inférieur et les eutyrannosauriens du Crétacé supérieur. Cependant, l’existence de ce stade évolutif intermédiaire fait l’objet de débats en raison du manque de preuves fossiles.

Des chercheurs de l’Université de Calgary, au Canada, ont peut-être identifié une nouvelle espèce de tyrannosauroïde de stade intermédiaire en examinant des squelettes partiels de tyrannosauroïdes en Mongolie. « C’est une belle nouvelle découverte qui nous donne une meilleure idée de ce à quoi ressemble cette phase intermédiaire de l’histoire des tyrannosaures », a déclaré à Live Science Thomas Holtz, paléontologue des vertébrés à l’Université du Maryland, qui ne faisait pas partie de l’équipe. Les résultats de la recherche sont publiés dans la revue Nature.

Un ancêtre de tous les grands tyrannosaures

L’équipe de la nouvelle étude s’est rendue dans des musées en Mongolie pour examiner des squelettes partiels de tyrannosauroïdes, exhumés il y a plusieurs décennies. « Beaucoup d’entre nous dans la communauté paléontologique savions que ces fossiles mongols se cachaient dans les tiroirs des musées, attendant d’être étudiés correctement et susceptibles de raconter leur propre part importante de l’histoire des tyrannosaures », explique Steve Brusatte, paléontologue et biologiste évolutionniste à l’Université d’Édimbourg, au Royaume-Uni, qui n’a pas non plus participé à la recherche.

L’équipe s’est concentrée sur deux squelettes partiels de tyrannosauroïdes récupérés entre 1972 et 1973 dans les dépôts de la formation de Bayanshiree, en Mongolie. Les spécimens ont initialement été identifiés par le paléontologue mongol Altangerel Perle comme des Alectrosaurus olseni, une espèce de tyrannosauroïde énigmatique précédemment décrite dans la formation d’Iren Dabasu, en Chine. La confirmation de leur identification attendait cependant depuis longtemps une étude comparative dans un cadre phylogénétique.

Après analyse approfondie, les chercheurs de l’Université de Calgary ont constaté qu’il s’agit d’une toute autre espèce jusqu’ici non répertoriée. « J’ai réalisé que c’était quelque chose de complètement différent de tout ce que nous avions vu », indique Jared Voris, le co-auteur principal de l’étude. « Et il représentait en fait l’ancêtre de tous nos grands tyrannosaures prédateurs supérieurs que nous trouvons ici en Alberta, en Mongolie et en Chine », affirme-t-il.

Baptisé Khankhuuluu mongoliensis (Khankhuuluu est un mot mongol signifiant « prince dragon »), il s’agirait d’un tyrannosauroïde de stade intermédiaire qui vivait dans la région il y a 86 millions d’années — soit 18 à 20 millions d’années de plus que le T. rex. Il était également de taille modeste, ne mesurant notamment que 4 mètres de long pour 750 kilogrammes. En comparaison, le T. rex pouvait mesurer jusqu’à 12,5 mètres de long et peser jusqu’à 10,4 tonnes, selon certaines estimations. Le Prince dragon possédait en outre une plus petite tête et de plus longs bras.

« Ils \[les tyrannosauroïdes] étaient des princes avant de prendre le flambeau de la royauté », explique Voris. Des indices suggèrent que les deux spécimens de K. mongoliensis sont des adultes, notamment des vertèbres soudées, de petites cornes bien développées et un os nasal dont la texture est ridée. Cependant, cela devra encore être confirmé par une analyse des anneaux de croissance après une coupe transversale des os.

Étant donné leur taille, les princes dragons ne chassaient probablement pas les sauropodes, mais des proies plus petites. Cette découverte constitue peut-être en outre l’un des éléments de preuve les plus solides à ce jour suggérant une origine à partir d’ancêtres plus petits.

prince dragon mongolie
K. mongoliensis était beaucoup plus petit que T. rex , atteignant environ 4 mètres de long. © Jared Voris

Un arbre généalogique façonné par les migrations

En comparant les spécimens récemment identifiés à 12 autres espèces de tyrannosaures, les chercheurs ont découvert que K. mongoliensis (ou une espèce étroitement apparentée) a migré d’Asie vers l’Amérique du Nord, probablement en empruntant un pont terrestre situé à l’emplacement actuel du détroit de Béring. Cette migration aurait donné naissance aux premiers vrais tyrannosaures, qui sont rapidement devenus des prédateurs dominants en Amérique du Nord à la fin du Crétacé.

Cependant, il y a environ 78 millions d’années, un tyrannosaure aurait à nouveau migré vers l’Asie en empruntant le même pont terrestre, ce qui a donné lieu à leur propagation sur le continent. Deux sous-groupes de tyrannosaures asiatiques sont nés de cette migration : les plus grands pesant plusieurs tonnes, comme le T. bataar, et de plus petits et plus minces, comme le Qianzhousaurus sinensis. Ce dernier est surnommé « Pinnocchio rex » en raison de sa petite taille et de son long museau.

Puis, une troisième migration aurait eu lieu il y a environ 68 millions d’années. L’une des espèces de grand tyrannosaure d’Asie est retournée en Amérique du Nord et s’est reproduite avec d’autres espèces pour donner naissance au T. rex. « L’arbre généalogique des tyrannosaures a été façonné par les migrations, tout comme celui de nombreuses familles humaines », explique Brusatte. Les résultats de l’étude révèlent une étape importante dans la compréhension des dynamiques migratoires.

Source : Nature
Laisser un commentaire

Vous voulez éliminer les publicités tout en continuant de nous soutenir ?


Il suffit de s'abonner !


JE M'ABONNE