Les problèmes du Starliner de Boeing sont plus complexes que prévu. L’équipage pourrait être bloqué sur l’ISS jusqu’en août

L’équipage pourrait néanmoins revenir sur Terre avec un autre vaisseau, en dernier recours.

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| NASA
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Les deux astronautes qui ont voyagé à bord de la capsule Starliner de Boeing pourraient être bloqués à bord de la Station spatiale internationale (ISS) jusqu’en août. Les problèmes techniques liés à la capsule seraient en effet plus complexes que prévus, retardant le retour de l’équipage sur Terre. En dernier recours, les astronautes pourraient être rapatriés à bord d’un autre vaisseau, selon la NASA.

Sunita Williams et Butch Wilmore sont à bord de l’ISS depuis le 6 juin, après l’amarrage du Starliner dans le cadre de son premier vol d’essai avec équipage. Cependant, alors que la mission devait initialement durer une semaine, le désamarrage de la capsule a été retardé à plusieurs reprises en raison de problèmes techniques successifs liés à ses propulseurs.

Ces problèmes ont débuté avec une petite fuite d’hélium détectée avant même le lancement de la fusée embarquant la capsule. L’hélium est couramment utilisé dans les fusées pour propulser le carburant au bon débit dans les moteurs des propulseurs. Une perte d’hélium peut ainsi réduire la quantité de carburant pouvant atteindre les propulseurs, ce qui altère leur poussée.

Une invitation à rêver, prête à être portée.

Néanmoins, le lancement a tout de même été effectué le 5 juin (après deux décollages infructueux le 6 mai et le 1er juin), la fuite ayant été considérée comme négligeable. Les responsables de Boeing avaient assuré que les propulseurs étaient suffisamment stables pour que la capsule parvienne jusqu’à l’ISS et effectue la mission de retour sur Terre.

Cependant, le problème s’est aggravé lorsque d’autres fuites ont été détectées après le lancement et lors de l’amarrage de la capsule à l’ISS. Suite à ces pertes d’hélium, 5 des 28 propulseurs de la capsule ont cessé de fonctionner. Et bien que 4 de ces propulseurs défectueux ont pu être réparés, les ingénieurs craignent que d’autres tombent en panne lors du voyage de retour sur Terre – ce qui pourrait mettre en danger l’équipage.

Suite à ces constats, la NASA avait d’abord prévu de rapatrier les astronautes ce mois-ci, le temps que les ingénieurs effectuent une enquête technique approfondie. Cependant, les problèmes s’avèrent bien plus complexes que prévu et l’équipage du Starliner pourrait rester à bord de l’ISS jusqu’au mois prochain. La date exacte du voyage de retour, quant à elle, n’a toujours pas été précisée.

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Cela fait désormais plus d’un mois que Sunita Williams (à gauche) et Butch Wilmore (à droite) sont bloqués à bord de l’ISS. © NASA/Boeing

Des risques pour les astronautes

Lors de son entrée dans l’atmosphère terrestre, la trajectoire de la capsule doit être très précisément ajustée afin d’éviter la surchauffe par friction. Pour ce faire, les propulseurs doivent être suffisamment stables. Une mauvaise trajectoire d’entrée peut entraîner une accumulation massive de chaleur et provoquer, dans le pire des cas, l’explosion du vaisseau. « Le vaisseau spatial est équipé de propulseurs supplémentaires et d’autres systèmes de secours, ce qui rend ce scénario très improbable », explique dans un article de The Conversation, Ian Whittaker, Maître de conférences en physique à l’Université de Nottingham Trent (en Angleterre). « Cependant, les fuites d’hélium l’étaient aussi », précise-t-il. Ces dernières ne se sont notamment pas produites lors des vols d’essais sans équipage, ce qui a apparemment empêché les ingénieurs de les anticiper.

D’autre part, un défaut dans la trajectoire pourrait aussi faire atterrir le module de service (la partie du vaisseau contenant toutes les informations techniques relatives à la mission) de la capsule sur la terre ferme plutôt que dans la mer. Cela signifie que le module pourrait entièrement brûler, ce qui rendrait difficile la récupération des informations.

De leur côté, Boeing et la NASA tentent de présenter le retard de la mission de retour de manière plus optimiste. « Nous allons travailler méthodiquement sur nos processus, y compris une évaluation de l’état de préparation du vol de retour, avant de donner le feu vert pour procéder au désamarrage et à l’atterrissage. Il s’agit d’un processus très standard », a déclaré la semaine dernière lors d’une conférence de presse Steve Stich, responsable du programme d’équipage commercial de la NASA.

Ce temps supplémentaire servirait également à évaluer la capacité des systèmes pour les futures missions de longue durée. Des tests au sol sont actuellement effectués par la NASA et des enquêtes sont menées sur l’ISS, afin de recueillir le maximum d’informations avant le rapatriement des astronautes. En dernier recours, l’équipage pourrait effectuer le voyage de retour à bord d’un autre vaisseau.

Du retard accumulé par rapport à SpaceX

Il est important de noter qu’il ne s’agit pas du seul retard que la mission Starliner a enregistré. Alors que le contrat de Boeing avec la NASA prévoyait initialement que la première mission avec équipage devait être effectuée en 2017, le premier lancement réussi sans équipage n’a été effectué qu’en 2022, sans compter un dépassement de budget de 1,5 milliard de dollars. « Ceci, combiné aux derniers problèmes, soulève des questions sur l’ensemble du programme Starliner », estime Whittaker.

Par ailleurs, alors que Boeing est un acteur majeur des missions spatiales de la NASA depuis plusieurs décennies, ces problèmes impliquent qu’il accumule du retard par rapport à SpaceX, son principal concurrent. Alors que les deux entreprises ont obtenu en même temps (en 2010) un contrat avec l’agence pour transporter les équipages vers l’ISS, SpaceX a lancé avec succès sa première mission habitée en 2020, avec la capsule Crew Dragon. Cette dernière a récemment achevé sa cinquième mission habitée vers l’ISS et a déjà effectué 30 missions cargo.

En outre, alors que le programme Starliner devait redorer le blason de Boeing suite aux controverses très médiatisées liées à ses avions, ces problèmes pourraient en fin de compte porter la crise actuelle de relations publiques de l’entreprise à un autre niveau.

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