Les produits chimiques des plastiques liés à des centaines de milliers de décès dans le monde, selon une étude

Les produits chimiques dans les plastiques sont responsables d une centaine de milliers de décès à travers le monde suggère une étude
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Chaque année, le monde produit en moyenne 400 millions de tonnes de plastique. En seulement deux décennies, la quantité de déchets plastiques a doublé, passant de 180 à 350 millions de tonnes, selon les données de l’OCDE. Ces déchets constituent une menace majeure pour l’environnement, mais le plastique représente également un danger pour la santé publique. Une étude récente a mis en évidence un lien préoccupant entre les produits chimiques présents dans les plastiques et plusieurs centaines de milliers de décès dans le monde.

Emballages, ustensiles de cuisine, produits ménagers, meubles, appareils électroménagers… Le plastique est présent dans presque tous les objets de notre quotidien. Si l’impact environnemental des déchets plastiques a largement été étudié, les chercheurs, dont Maureen Cropper de l’Université du Maryland, se penchent sur les effets de ce matériau sur la santé depuis moins longtemps.

Selon Cropper, pas moins de 16 000 produits chimiques sont ajoutés aux plastiques pour leur conférer diverses propriétés, comme la durabilité ou la couleur. Cependant, certains de ces additifs peuvent migrer hors des revêtements et exposer les utilisateurs à des risques sanitaires tels que des troubles endocriniens ou un risque accru de cancers.

Cropper et son équipe ont concentré leurs recherches sur trois produits chimiques présents dans des objets du quotidien : le bisphénol A (BPA) et le phtalate de di(2-éthylhexyle) (DEHP), utilisés notamment dans les emballages alimentaires, ainsi que les éthers diphényliques polybromés (PBDE), présents dans divers appareils électroménagers.

« En examinant les expositions à ces substances toxiques et leurs impacts sur la santé, nous apportons la preuve des bénéfices sanitaires d’une réduction de l’exposition aux produits chimiques contenus dans les plastiques », écrivent les chercheurs dans leur étude.

5,4 millions de maladies coronariennes liées au BPA

Dans le cadre de son enquête, l’équipe a analysé 1 700 études existantes et extrait des données sur l’exposition à ces trois produits chimiques dans 38 pays, couvrant un tiers de la population mondiale. Les chercheurs ont également consulté des dossiers médicaux et des rapports toxicologiques afin d’évaluer les répercussions sanitaires.

Leurs conclusions, publiées dans la revue PNAS, apportent un éclairage important. En 2015, environ 5,4 millions de cas de maladies coronariennes et 346 000 accidents vasculaires cérébraux (AVC) étaient attribuables à l’exposition au BPA. En outre, l’analyse suggère que le DEHP a été responsable d’environ 164 000 décès, principalement chez des individus âgés de 55 à 64 ans.

L’usage de ces substances a diminué dans de nombreux pays à partir de la fin des années 2000, grâce à des réglementations strictes. Cependant, les chercheurs estiment que si ces mesures avaient été renforcées et appliquées plus tôt, entre 2003 et 2015, notamment aux États-Unis, environ 515 000 décès liés au BPA et au DEHP auraient pu être évités. Ils ajoutent qu’un niveau réduit de PBDE chez les mères aurait permis de préserver 42 millions de points de quotient intellectuel (QI) à l’échelle mondiale sur la période 2005-2015, en évitant les troubles cognitifs liés à l’exposition prénatale.

Parmi les 38 pays étudiés, seuls le Canada, la Corée du Sud et les États-Unis disposent de bases de données permettant de suivre les niveaux de ces produits chimiques dans des échantillons de sang et d’urine. Cette ressource a assuré la fiabilité des résultats obtenus par l’équipe de recherche.

Source : PNAS

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