La petite nation du Qatar ne fait décidément rien comme le reste du monde. C’est notamment le cas lorsqu’elle décide de lutter contre l’intense vague de chaleur qu’elle subit actuellement. Situé dans une région du monde intensément touchée par les conséquences du réchauffement climatique, le Qatar accuse des températures élevées durant la période estivale. Le gouvernement a ainsi décidé d’installer des climatiseurs géants dans de nombreux endroits publics. Une méthode jugée « irresponsable » et « stupide » par les climatologues. En effet, pour faire fonctionner ces climatiseurs, le Qatar utilise des énergies fossiles, alourdissant le bilan carbone et intensifiant l’effet de serre qu’il essaie désespérément de combattre.
Au Qatar, les nuits d’été, les températures descendent rarement en dessous de 32 °C et pendant la journée, elles peuvent s’élever jusqu’à 48 °C. La nation a donc décidé de mettre en place un nouveau système : tenter de refroidir l’air avec des climatiseurs disposés partout sur l’espace public. Une méthode qui, au lieu de fournir le résultat escompté, devrait, au contraire, finir par réchauffer d’autant plus l’atmosphère.
Le réchauffement de la planète est un problème global, mais certaines régions sont plus touchées que d’autres : les températures moyennes du Qatar ont augmenté de plus de 2 °C depuis la fin du 19ème siècle, le plaçant parmi les pays les plus touchés par les conséquences désastreuses du phénomène. Cet écart provient notamment du rythme rapide de l’urbanisation et de la situation géographique du pays dans la région du golfe Persique, où, comme les scientifiques l’ont averti, des vagues de chaleur dépassant les limites de la tolérance humaine pourraient devenir routinières d’ici la fin du siècle.
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Des climatiseurs géants disposés dans tous les espaces publics
Les ingénieurs qui se préparent pour la Coupe du monde 2022, qui a déjà repoussé sa date de début à novembre, équipent les stades de systèmes de refroidissement gigantesques afin de créer des bulles invisibles d’air froid pour les spectateurs et les joueurs. Les agents de maintenance de la US Air Force dans la région doivent boire deux bouteilles d’eau par heure et ne travailler que 20 minutes à la fois avant de s’arrêter pour une période de récupération de 40 minutes.
Les centres commerciaux intègrent des unités de climatisation dans les allées extérieures ou les alignent en rangées pour éviter que les sièges de restaurant en plein air ne deviennent obsolètes. Plus tôt cette année, même si le commandement de la défense civile du Qatar avait ordonné aux résidents de ne pas effectuer de travaux en plein air entre 10h00 et 15h00, il leur avait également recommandé de ne pas utiliser inutilement les climatiseurs.
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Une méthode empirant finalement le réchauffement climatique
Rares sont les autres régions du monde qui ont le luxe de pouvoir dépenser des milliards de dollars pour atténuer les impacts les plus dangereux du changement climatique, actuels et futurs. En l’absence d’une réponse internationale massive et sans précédent, les scientifiques s’attendent à ce que les températures mondiales augmentent entre 1.5 et 3 ° C d’ici 2100. Ce résultat serait particulièrement dévastateur pour les pays en développement de l’Afrique subsaharienne, où sécheresses et vagues de chaleur augmentent déjà.
Il en va de même en Inde, où des températures record font fondre les routes goudronnées et provoquent des pénuries d’eau généralisées. Selon des chercheurs de l’université de Stanford, le réchauffement climatique a entraîné une économie indienne 31 fois plus petite qu’elle ne l’aurait été autrement, entravant de manière préemptive les efforts du pays pour faire face à la crise émergente.
Même si la stratégie du Qatar était financièrement réalisable ailleurs, c’est un désastre environnemental : dans les régions où les sources d’énergie propre ne sont pas abondantes, l’énergie nécessaire pour déployer un refroidissement artificiel à une telle échelle est vouée à accroître la production de gaz à effet de serre, exacerbant les conditions pour lesquelles les climatiseurs sont utilisés en première intention.