En 2023, la planète a subi des températures record, entraînant des sécheresses prolongées. Pourtant, l’année 2024 se montre encore plus alarmante. Un récent rapport publié dans la revue BioScience par une équipe internationale de climatologues nous place face à une vérité implacable : la Terre est désormais au bord d’une catastrophe climatique irréversible. Parmi les 35 indicateurs vitaux de notre planète, 25 affichent désormais des niveaux sans précédent de détérioration. Les experts avertissent qu’aucun continent ne serait épargné si cette tendance se poursuit.
La dernière année écoulée (2023) a été la plus chaude jamais enregistrée, avec des températures de surface de la mer largement au-dessus des moyennes — à l’échelle mondiale, sans oublier l’Atlantique Nord. Le nombre de décès liés à la chaleur aux États-Unis en 2023 a été estimé à 2 325, soit une augmentation de 117 % par rapport à 1999. Le rapport sur l’état des ressources en eau pour 2023 révèle entre autres que les cours d’eau ont atteint un niveau de sécheresse sans précédent.
Dans un communiqué, le Dr William Ripple, de l’Université d’État de l’Oregon, souligne : « Depuis la parution de notre rapport pour 2023, de nombreuses catastrophes climatiques ont eu lieu, notamment une série de vagues de chaleur en Asie qui ont causé plus d’un millier de morts, avec des températures atteignant 50 °C dans certaines régions de l’Inde ». La situation ne s’est pas améliorée cette année. Le mois de juin dernier a été le plus chaud jamais enregistré, tandis que le 22 juillet a été la journée la plus chaude depuis le début des relevés.
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La hausse des températures mondiales se manifeste notamment par des canicules en Inde, au Mexique, en Grèce et en Chine, mais également par l’acidification des océans. « Nous sommes au bord d’une catastrophe climatique irréversible. Il s’agit sans aucun doute d’une urgence mondiale. Une grande partie du tissu de la vie sur Terre est en péril », a déclaré Ripple dans le communiqué. En plus des vagues de chaleur, des pluies diluviennes et des inondations ont frappé simultanément de nombreuses régions du monde, notamment le sud du Brésil, le Kenya et l’Indonésie.
L’accélération de la fonte des glaces est également préoccupante, selon Christopher Wolf, ancien chercheur postdoctoral qui a co-dirigé le rapport. Il a exprimé son inquiétude en soulignant que la masse de glace du Groenland et de l’Antarctique, ainsi que l’épaisseur des glaciers, sont historiquement faibles. « Le changement climatique a déjà déplacé des millions de personnes, avec le potentiel d’en déplacer des centaines de millions, voire des milliards », prévient-il.
Les émissions de gaz à effet de serre d’origine humaine en ligne de mire
Le groupe de climatologues souligne que depuis plusieurs années, la communauté scientifique a « tiré la sonnette d’alarme sur les dangers imminents du changement climatique, exacerbé par l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre et la transformation des écosystèmes ». « Malgré ces avertissements, nous persistons sur une trajectoire dangereuse », s’indignent-ils. En 2022, la déforestation, estimée alors à 23 millions d’hectares, est passée à environ 28 millions en 2023. Toutefois, même avec cette augmentation vertigineuse, la déforestation ne représente qu’environ 10 % des émissions mondiales de dioxyde de carbone.
En effet, les experts attribuent 90 % de ces émissions aux processus industriels mondiaux et à la combustion de combustibles fossiles. Le nouveau rapport climatique pour 2024, issu d’une collaboration internationale dirigée par Ripple et publié dans la revue BioScience, indique qu’en 2023, une hausse de 1,5 % de la consommation de ces combustibles a été enregistrée, plaçant les émissions humaines, notamment le méthane, en tête des causes du bouleversement climatique actuel. Au-delà du réchauffement planétaire, la biodiversité est menacée par l’exposition accrue des eaux aux métaux toxiques.
« Si nous ne réagissons pas, ces changements entraîneront une déstabilisation massive de la vie humaine et non humaine, et l’effondrement de la société devient une possibilité sérieuse », écrit l’équipe dans le rapport. Même si tous les pays respectaient immédiatement leurs engagements de la COP28, le monde se dirige de toute façon vers un réchauffement estimé à 2,7 °C d’ici 2100, un chiffre significativement au-dessus de l’objectif de 1,5 °C fixé par l’Accord de Paris en 2015.
Le professeur Michael E. Mann, climatologue à l’Université de Pennsylvanie, a déclaré à Yorkshire Bylines : « Ce groupe a accompli un travail essentiel pour montrer que la crise climatique n’est pas une menace lointaine, mais une crise actuelle ». En prévision de la COP29, prévue du 11 au 22 novembre en Azerbaïdjan, les chercheurs insistent sur l’urgence d’une action immédiate. « Pour que les générations futures héritent du monde qu’elles méritent, il faut agir vite et avec détermination », concluent-ils.