Depuis quelques années, la Chine a mis en place des stratégies et mesures de diminution des émissions issues de ses nombreuses usines, dont notamment les gaz CFC, très polluants. Des stratégies nécessaires face au développement économique exponentiel du pays et à l’utilisation illégale de ces gaz désormais interdits. Et les premiers fruits de ces efforts se feraient déjà ressentir (du moins dans les résultats prévisionnels) ; selon de récents rapports, la couche d’ozone pourrait se reconstituer plus rapidement que prévu.
Des chercheurs de l’université de Bristol, au Royaume-Uni, ont analysé les données sur les niveaux atmosphériques du trichlorofluorométhane (ou CFC-11), un gaz (interdit) connu comme étant particulièrement nocif pour la couche d’ozone, et ont constaté que les émissions de l’est de la Chine ont diminué après 2017. Selon Luke Western, responsable de l’étude, les émissions en 2019 étaient inférieures de 10’000 tonnes à la moyenne annuelle des émissions entre 2014 et 2017.
Une autre étude, menée par Steve Montzka de la National Oceanic and Atmospheric Administration du Colorado, qui a estimé les émissions mondiales de CFC-11, a également constaté une baisse à l’échelle mondiale en 2019. Une tendance qui semble se poursuivre. « Les tendances initiales des concentrations en 2020 sont similaires à celles de 2019 », déclare Montzka. Et la diminution des émissions de CFC-11 de la Chine orientale représente environ 60% de cette récente baisse mondiale, selon Western.
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Protocole de Montréal : des décennies avant d’en ressentir les effets
Le « trou » dans la couche d’ozone, situé au-dessus de l’Antarctique, s’est cicatrisé ces dernières années en grande partie grâce au protocole de Montréal adopté au niveau international en 1987, interdisant la production de substances appauvrissant la couche d’ozone, dont le CFC-11. Mais des études menées en 2018 et 2019 ont indiqué que la reconstitution complète de la couche d’ozone risquait d’être retardée, en raison de la production illégale de CFC-11 en Chine entre 2014 et 2017. Selon Montzka et Western, la réduction des émissions de la Chine depuis 2017 signifie que ce retard redouté pourrait désormais être évité.
« Si les nouvelles émissions avaient continué aux niveaux que nous avons vus en 2014 à 2017, nous aurions pu voir la reconstitution de la couche d’ozone, revenant aux niveaux de 1980, retardée de quelques années », explique Western. « En l’état actuel des choses, nous espérons avoir évité tout retard important dans la reconstitution de l’ozone ».
« Il est réjouissant de voir que les mécanismes du protocole de Montréal – combinant les connaissances des scientifiques, des experts de l’industrie, des décideurs politiques et des autorités nationales – ont permis une réponse rapide et efficace à sa première violation majeure », déclare Western. Craig Poku, de l’université de Leeds au Royaume-Uni, affirme que les tendances affichées par les émissions de la Chine orientale sont prometteuses, mais qu’il sera essentiel de poursuivre la surveillance. « Je dirais qu’il est trop tôt pour annoncer que les données montrent que la reconstitution de l’ozone ne sera pas retardée », déclare-t-il.