Dans une nouvelle étude, des chercheurs ont mesuré l’impact du réchauffement climatique sur la libération de carbone supplémentaire dans l’atmosphère — depuis ce qui n’est autre que la plus grande réserve de carbone au monde : les sols. Ils sont arrivés à la conclusion qu’un réchauffement climatique de 2 °C entraînerait la libération d’environ 230 milliards de tonnes de carbone dans l’atmosphère. Un chiffre qui représente 5 ans d’émissions de CO2 à l’échelle mondiale.
Il est connu que les sols de la planète contiennent de deux à trois fois plus de carbone que l’atmosphère. Des températures plus élevées accélèrent la décomposition, ce qui réduit le temps que le carbone passe dans le sol — un processus appelé « renouvellement du carbone du sol ». En sachant cela, étudier l’impact des températures sur ce processus est d’une grande importance, étant donné la tendance au réchauffement principalement due à l’activité humaine.
Une nouvelle étude internationale dirigée par l’Université d’Exeter révèle la sensibilité du renouvellement du carbone du sol au réchauffement climatique, et réduit de moitié l’incertitude à ce sujet dans les projections du changement climatique. Les résultats ont été publiés dans la revue Nature Communications.
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Une libération de carbone à couper le souffle
Les 230 milliards de tonnes de carbone libérées à un réchauffement de 2 °C (au-dessus des niveaux préindustriels) représentent plus de quatre fois les émissions totales de la Chine et plus du double des émissions des États-Unis au cours des 100 dernières années. Pour mettre ce chiffre dans une perspective mondiale, il équivaut à 5 ans d’émissions mondiales.
« Notre étude exclut les projections les plus extrêmes, mais suggère néanmoins des pertes substantielles de carbone dans le sol dues au changement climatique à un réchauffement de seulement 2 °C, et cela n’inclut même pas les pertes de carbone du pergélisol plus profond », a déclaré la Dr Sarah Chadburn de l’Université d’Exeter, co-auteure de l’étude.
Cet effet est ce qu’on appelle une « rétroaction positive », lorsque le changement climatique entraîne des effets d’entraînement qui contribuent à un changement climatique supplémentaire. La réponse du carbone du sol au changement climatique représente le plus grand domaine d’incertitude dans la compréhension du cycle du carbone dans les projections du changement climatique.
Pour résoudre ce problème, les chercheurs ont utilisé une nouvelle combinaison de données d’observation et de modèles du système terrestre — qui simulent le climat et le cycle du carbone et produisent par la suite des prévisions sur le changement climatique. « Nous avons étudié comment le carbone du sol est lié à la température dans différents endroits sur Terre pour déterminer sa sensibilité au réchauffement climatique », a déclaré l’auteure principale Rebecca Varney, de l’Université d’Exeter.
Les modèles de pointe suggèrent une incertitude d’environ 120 milliards de tonnes de carbone à 2 °C de réchauffement global moyen. Mais la nouvelle étude réduit cette incertitude à environ 50 milliards de tonnes de carbone. Le professeur Peter Cox, du Global Systems Institute d’Exeter et co-auteur de l’étude, a déclaré : « Nous avons réduit l’incertitude dans cette réponse au changement climatique, qui est vitale pour calculer un budget carbone mondial précis et atteindre les objectifs de l’Accord de Paris ».
Maintenant que l’incertitude a été réduite, les chiffres annoncés ont de quoi alarmer les scientifiques du monde entier. Surtout que comme le mentionnent les auteurs, les résultats ne tiennent pas compte du pergélisol profond (l’étude s’étant concentrée sur le carbone stocké en surface, jusqu’à un mètre de profondeur). Des recherches futures sur le cycle du pergélisol profond pourraient donc nous surprendre, et rendre la situation encore plus inquiétante.