Le marché des produits high tech reconditionnés, notamment les smartphones, a le vent en poupe. Selon le dernier rapport publié par le groupe Recommerce, les Français sont de plus en plus sensibles aux solutions de revente ou au don de leur smartphone usagé. Ils optent le plus souvent pour la revente à un reconditionneur, qui permet souvent d’obtenir en échange des réductions sur d’autres modèles plus récents. En parallèle, plus d’un tiers d’entre eux ont déjà acheté un smartphone d’occasion et 51% se disent intéressés par l’achat d’un appareil reconditionné auprès d’un professionnel.
Qu’est-ce qu’un smartphone reconditionné ? Il s’agit d’un smartphone qui a déjà servi, mais qui est remis sur le marché par un professionnel, qui aura procédé au préalable à une vérification minutieuse de l’appareil, garantissant son bon fonctionnement — c’est d’ailleurs l’intervention d’un professionnel agréé qui différencie un téléphone reconditionné d’un téléphone d’occasion. Si besoin, des réparations et changements de pièces sont effectués. Tout est passé au crible : la batterie, les différents capteurs, le haut-parleur, la connectique, les boutons, etc. Bien entendu, toutes les données du propriétaire précédent sont effacées. Finalement, l’appareil redevient quasiment comme neuf.
L’entreprise Largo, localisée à Nantes, effectue plus de 120 tests techniques sur 37 points de contrôle avant de remettre un smartphone sur le marché du reconditionnement. Si ce dernier était auparavant dominé par l’iPhone d’Apple, on peut désormais y trouver plusieurs marques. Les employés de Largo sont spécialement formés pour donner une seconde vie à des appareils de tout type (smartphones, montres connectées, tablettes et ordinateurs) de marque Apple ou Samsung. Depuis sa création en 2016, l’entreprise a reconditionné 170 000 smartphones, ce qui a permis d’économiser 6800 tonnes de matières premières et d’éviter 5100 tonnes d’émissions de CO2.
Une réduction significative de l’impact environnemental
Car si c’est avant tout le prix qui motive les acheteurs d’appareils reconditionnés (car ces derniers sont vendus en moyenne entre 30 et 50% moins chers que leurs homologues neufs), il est important de souligner que les bénéfices écologiques du reconditionnement sont extrêmement importants, dans le sens où l’acquisition d’un produit de seconde ne génère pas une nouvelle salve de pollution. Car tout au long de sa vie, de l’extraction des minerais nécessaires, jusqu’à son élimination, un smartphone a un lourd impact environnemental.
Selon un récent rapport de l’Agence de la transition écologique, le numérique est responsable de 3,5% des émissions mondiales de gaz à effet de serre et la forte augmentation des usages laisse présager un doublement de cette empreinte carbone d’ici 2025. La phase de fabrication est la principale source d’impact environnemental (elle représente 78% de l’empreinte carbone), d’où l’intérêt de privilégier la filière du reconditionnement : acheter un smartphone reconditionné réduirait son impact environnemental annuel de 55 à 91% par rapport à l’achat d’un produit neuf.
« Cela permet d’éviter l’extraction de 82 kg de matières premières et l’émission de 25 kg de gaz à effet de serre par année d’utilisation », précise l’Ademe. Même dans les cas où le reconditionnement implique un changement de pièces importantes (batterie ou écran par exemple), l’impact environnemental reste plus de 2 à 4 fois inférieur à celui de la production d’un appareil neuf.
La production d’un smartphone est un désastre écologique pour plusieurs raisons : pour commencer, sa fabrication nécessite près d’une cinquantaine de métaux (cobalt, lithium,…), y compris des terres rares (cérium, néodyme, europium,…) — dont la Chine assure aujourd’hui l’essentiel de la production mondiale. Outre le fait qu’elles détruisent les écosystèmes et consomment énormément d’énergie, les opérations d’extraction et de raffinage de ces métaux rejettent des matières toxiques dans l’environnement, telles que des métaux lourds ou de l’acide sulfurique. À cela s’ajoutent les conditions de travail des mineurs, qui sont bien souvent peu respectueuses des droits humains.
Des robots pour automatiser les phases de test des appareils
En moyenne, nous remplaçons notre smartphone tous les deux ans, quand bien même il fonctionne encore correctement. Parce qu’il présente quelques rayures, parce que le système est obsolète, ou simplement par envie de posséder le modèle dernier cri… L’Ademe appelle aujourd’hui les citoyens à prolonger la durée d’usage de leur téléphone – le reconditionnement ne devrait être envisagé qu’au bout de trois ans d’utilisation minimum.
Au moment de changer d’appareil, le choix du téléphone reconditionné s’impose, d’autant plus que ces appareils suivent un protocole de contrôle strict et sont vendus sous garantie. Après réception du produit, les techniciens vérifient qu’il est bien conforme à la charte qualité de la société, puis lui attribue un grade selon son état esthétique. S’ensuivent les différents points de contrôle, puis les changements de pièces et réparations nécessaires. Ces modifications effectuées, l’appareil est à nouveau testé, puis parfaitement nettoyé, avant d’être remis à la vente.
À noter que grâce à la récente acquisition d’équipements développés sur mesure, certaines étapes du reconditionnement réalisé par Largo sont désormais complètement automatisées – une démarche inédite sur le marché français. Six robots eTASQ Motion dédiés aux tests d’interfaces homme-machine, développés par PONANT Technologies, ont été spécifiquement conçus pour assurer les 37 points de contrôle définis par l’entreprise, tout en respectant les critères de performance exigés ; ils sont capables de contrôler 20 appareils par heure.
« L’automatisation des tests va permettre à Largo d’améliorer la qualité de son reconditionnement en retirant toute notion de subjectivité, notamment lors de l’appréciation de la qualité d’image ou de la qualité du son », souligne dans un communiqué Benjamin Larose, directeur de la production. L’entreprise ambitionne d’accroître sa capacité de reconditionnement de 13 000 produits par mois actuellement, à plus de 25 000 produits d’ici la fin de l’année.