Un essai clinique randomisé mené sur 38 adultes atteints de psoriasis, une maladie inflammatoire chronique de la peau, révèle que les participants ayant suivi un régime méditerranéen ont obtenu une réduction jusqu’à 75 % de leur symptômes après 16 semaines. Cet effet serait attribué aux propriétés anti-inflammatoires et cardiométaboliques du régime, ciblant directement les mécanismes physiopathologiques de la maladie. Ces observations soulignent les bénéfices tangibles d’une alimentation équilibrée pour la gestion des maladies chroniques et la santé globale.
Affectant environ 125 millions de personnes dans le monde (dont 2,5 millions en France), le psoriasis est une maladie auto-immune inflammatoire touchant les cellules cutanées. Chez les personnes concernées, le système immunitaire devient hyperactif, amenant les lymphocytes T à attaquer les cellules de la peau. L’organisme réagit alors en produisant trop rapidement de nouvelles cellules pour remplacer celles détruites, provoquant la formation de plaques rouges et squameuses à la surface de l’épiderme.
Ces plaques entraînent démangeaisons et irritations persistantes, altérant profondément la qualité de vie des patients. Dans environ 20 % des cas, la maladie évolue vers une atteinte articulaire, appelée rhumatisme psoriasique. Il ne s’agit d’ailleurs pas uniquement d’une affection auto-immune, mais d’une pathologie multifactorielle impliquant des composantes génétiques, microbiologiques et environnementales (stress physique ou psychologique, exposition à des substances chimiques toxiques, etc.).
Si le psoriasis peut survenir à tout âge, deux pics d’apparition se distinguent : à l’adolescence (près d’un tiers des cas avant 20 ans) et autour de la cinquantaine. Les formes précoces ne sont pas nécessairement plus sévères, mais se montrent plus sujettes aux récidives et à une évolution imprévisible.
Des études antérieures ont suggéré qu’une alimentation saine et pauvre en graisses pouvait atténuer les symptômes du psoriasis. Certaines ont montré que la perte de poids améliore les manifestations cutanées, tandis que des enquêtes observationnelles ont mis en évidence les bienfaits du régime méditerranéen, dont les vertus pour la santé sont déjà largement documentées.
Jusqu’ici, toutefois, les études consacrées au régime méditerranéen n’avaient pas permis d’établir un lien direct avec une amélioration clinique du psoriasis. Un essai randomisé s’avérait donc nécessaire pour en mesurer l’impact réel.
Cette lacune vient d’être comblée par une étude codirigée par l’Instituto Ramón y Cajal de Investigación Sanitaria, à Madrid. Pour la première fois, un essai clinique randomisé démontre les bénéfices du régime méditerranéen dans la prise en charge du psoriasis. « Malgré l’intérêt croissant porté au rôle de l’alimentation dans la prévention et le traitement du psoriasis, les essais cliniques randomisés font défaut », rappellent les auteurs dans leur étude publiée dans la revue JAMA Dermatology. « Le régime méditerranéen est connu pour ses effets anti-inflammatoires et cardiométaboliques, qui pourraient être pertinents pour la physiopathologie du psoriasis », précisent-ils.
Des bénéfices observés même sans perte de poids significative
L’essai clinique, baptisé MEDIPSO, a été mené de manière ouverte, monocentrique (réalisé dans un seul centre) et en simple aveugle, entre février 2024 et mars 2025, au sein d’une clinique dermatologique de référence à Madrid. Il a inclus 38 adultes atteints de psoriasis léger à modéré, évalué selon le score Psoriasis Area and Severity Index (PASI).
Les participants ont été répartis équitablement en deux groupes. Le premier a suivi, pendant 16 semaines, un régime méditerranéen (riche en fruits et légumes, céréales complètes, huile d’olive, noix, poissons, etc.) sous la supervision d’une diététicienne. Le second, groupe témoin, a simplement reçu des conseils nutritionnels standards pour un régime pauvre en graisses, sans accompagnement spécialisé.



Les résultats ont montré que 47,4 % des participants du groupe méditerranéen avaient atteint une réduction de 75 % de leur score PASI (donc une réduction de 75% de la sévérité de leurs symptômes), contre aucun dans le groupe témoin. Fait notable : ces améliorations ont été observées même sans perte de poids significative. Les participants les plus assidus ont également rapporté une amélioration de leur sommeil, une réduction de l’anxiété et une meilleure qualité de vie globale.
« Ces résultats suggèrent que l’intégration de stratégies diététiques pourrait constituer un traitement d’appoint prometteur dans la prise en charge du psoriasis », concluent les chercheurs. Ce bénéfice serait lié à la richesse du régime en composés antioxydants et anti-inflammatoires, tels que le β-carotène, la vitamine C, la vitamine E et les polyphénols. Ces substances, au-delà de la simple restriction calorique, agiraient directement sur les processus biologiques à l’origine des symptômes.