Un réseau de villes et de routes âgé de 1500 à 3000 ans a été découvert en Amazonie. Effectuée au moyen de la technologie Lidar, son analyse a révélé des structures complexes témoignant de l’existence d’une civilisation inconnue. Les raisons pour lesquelles les habitants ont disparu sont jusqu’ici incomprises.
Les études ont été conduites par Stéphen Rostain du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), et ses collègues. Ces derniers mènent des recherches sur les sites archéologiques de la vallée d’Upano (en Amazonie équatorienne, au pied des Andes) depuis les années 1990.
En 2015, l’équipe a utilisé la technologie Lidar (Light detection and ganging) pour effectuer une étude dans la région. Pour rappel, il s’agit d’une méthode avancée de télédétection qui utilise des impulsions laser pour mesurer les distances jusqu’à la surface. Cette technique a permis à l’équipe de créer des cartes tridimensionnelles détaillées de la surface terrestre, y compris dans des zones où la végétation est dense. Les résultats, publiés dans la revue Science, ont révélé l’existence d’un réseau de villes et de routes, dont l’âge est estimé entre 1500 et 3000 ans.
Ces structures auraient été créées par une civilisation inconnue ayant vécu et disparu bien avant l’arrivée des Européens. Leur découverte remet donc en question l’idée que la région était largement inexplorée avant l’arrivée de Christophe Colomb au 15e siècle. Bien que les raisons exactes de l’abandon de ces sites soient incertaines, les scientifiques supposent que des éruptions pourraient avoir obligé les habitants à se déplacer, car ils ont découvert des couches de cendres volcaniques dans la région.
Des habitations et des champs de cultures
Plus de 6000 plateformes de terre surélevées dans une zone de 300 km² ont été découvertes dans le cadre de cette étude. Ce sont des structures artificielles, probablement construites pour supporter des bâtiments ou d’autres installations.
La plupart de ces plateformes font environ 10 mètres sur 20 pour une hauteur d’environ 2 mètres. On pense qu’elles servaient de fondations pour des habitations. La plus grande mesure 40 mètres sur 140, pour 5 mètres de hauteur. Celle-ci était probablement destinée à un bâtiment monumental, peut-être utilisé pour des cérémonies ou des rassemblements publics. D’autres preuves confirment que les villages ont bien été habités, et qu’il y avait des activités domestiques.
Autour de ces structures ont été identifiés des champs équipés de petits canaux de drainage, des caractéristiques indiquant une agriculture organisée et une gestion avancée des terres et des eaux. D’après l’examen des poteries trouvées sur ces sites, les chercheurs suggèrent que les habitants cultivaient du maïs, des haricots, du manioc et des patates douces. Ces cultures sont typiques de l’agriculture précolombienne dans la région.
Un vaste réseau routier
L’étude a également révélé un réseau impressionnant de routes rectilignes qui s’étendent sur de longues distances, allant jusqu’à 25 kilomètres, et qui relient une dizaine de villages. Les constructeurs parvenaient à créer des voies claires et bien définies en creusant la terre et en l’amassant sur les côtés.
Les chercheurs ont particulièrement noté la rectitude de ces routes. À certains endroits, les travailleurs ont creusé jusqu’à 5 mètres de profondeur pour maintenir la trajectoire rectiligne des routes, au lieu de suivre les courbes naturelles du terrain. Rostain suggère que ces routes avaient probablement une signification symbolique, au-delà de leur utilité pratique. Le fait qu’elles soient rendues intentionnellement droites, même dans des conditions où cela exigeait des efforts supplémentaires, indique qu’elles pourraient avoir eu une importance culturelle ou rituelle pour les peuples qui les ont construites.
Enfin, outre les routes, des structures défensives, telles que des fossés, ont été découvertes. La présence de ces éléments pourrait suggérer l’existence de conflits ou de tensions entre différents groupes dans la région.