Un réseau international de « racisme scientifique » financé secrètement par un grand acteur de la tech

Une organisation promouvant la prétendue supériorité génétique des Caucasiens.

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Andrew Cornu, un entrepreneur technologique américain ayant fait fortune dans le domaine des sites de rencontre, financerait dans le plus grand secret un réseau international promouvant le « racisme scientifique ». Connue sous le nom de Human Diversity Foundation (HDF), cette organisation opérerait à travers les réseaux sociaux et sur le terrain pour propager des idéologies concernant la prétendue supériorité génétique des Caucasiens, soutenue par des radicaux influents, particulièrement auprès des jeunes.

Andrew Cornu est devenu multimillionnaire en vendant, en 2007, son site de rencontre Adult Friend Finder pour 500 millions de dollars à Penthouse, une société américaine de pornographie. Ces dernières années, il s’est tourné vers la philanthropie, distribuant des dons à diverses organisations, allant de groupes de réflexion sur le climat à des centres d’accueil pour animaux. Cependant, il finance également des organisations aux idéologies controversées, telles que le Center for Immigration Studies, un groupe anti-immigration, et Turning Point USA, un groupe surveillant les professeurs d’université pour détecter la supposée propagande de gauche.

Une enquête récente de Hope Not Hate, une organisation antiraciste, révèle qu’il a également financé la HDF à hauteur d’un million de dollars. Cette organisation s’efforce de prouver et de promouvoir l’existence de différences génétiques entre les Caucasiens et les autres groupes ethniques, incluant un QI prétendument plus élevé et une supposée prédisposition moindre à la criminalité. En d’autres termes, ses partisans soutiennent que les différences entre groupes ethniques sont davantage dues à la génétique qu’à d’autres facteurs, tels que la discrimination et le confort de vie.

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Il s’agit là d’une idéologie dangereuse pouvant influencer les politiques et les comportements sociaux. « Le racisme scientifique a été utilisé pour s’opposer à toute politique visant à réduire les inégalités entre les groupes raciaux », explique au Guardian Rebecca Sear, directrice du Centre pour la culture et l’évolution à l’Université Brunel. Ce type d’idéologie a également été utilisé pour soutenir des politiques migratoires restrictives à l’encontre de populations supposément de faible QI. Or, il est relayé par des acteurs très influents et gagne en popularité.

Des acteurs influents et des recrues « transformées en SS »

Parmi les membres les plus influents de la HFD figure Erik Ahrens, un activiste allemand renommé plaidant pour la « réimmigration », ou l’expulsion de groupes ethniques non caucasiens. Qualifié d’extrémiste de droite par les autorités allemandes, il est perçu comme un danger majeur concernant la radicalisation des jeunes. Il jouit également d’une grande influence auprès de hauts responsables politiques.

L’enquête de Hope Not Hate révèle qu’Ahrens a travaillé pendant plusieurs mois avec la HDF pour promouvoir ses idéologies raciales. Lors d’un récent événement à guichet fermé à Londres, il a exhorté son public à rejoindre un groupe secret dédié à la restauration du « pouvoir de la société caucasienne ». Il a ensuite déclaré avoir visité plusieurs grandes villes pour établir ces groupes. Il se tournerait également vers les universités pour diffuser ces idéologies. « Les universités étaient autrefois le lieu où la société – celle de l’Europe occidentale, la société blanche – produisait des élites capables d’exercer le pouvoir », a-t-il affirmé lors d’un événement privé sur le thème du « déclin génétique de la civilisation occidentale ». « L’organisation avec laquelle je travaille prend des mesures plus concrètes pour établir une telle élite », a-t-il poursuivi.

L’activiste affirme œuvrer par le biais des médias, des plateformes de réseaux sociaux et d’un solide réseau, ainsi qu’en abordant directement les gens sur le terrain. Parmi les personnes assistant régulièrement aux événements d’Ahrens figurent de nombreux autres activistes raciaux, des universitaires s’intéressant au racisme scientifique et à l’eugénisme, et surtout des jeunes. Il ambitionne en outre d’obtenir un poste politique important.

Matthew Frost, ancien professeur dans une école privée à Londres et ancien rédacteur en chef du magazine en ligne Aporia (appartenant à la HDF), était également présent à l’événement d’Ahrens. L’année dernière, tous deux ont secrètement présenté des plans pour un groupe nommé « Gentlemen club », visant à offrir des formations de réseautage pour les activistes raciaux. Bien que le projet semble avoir été abandonné, il suggérait de transformer les recrues en un groupe d’élite similaire à celui des SS, l’ancienne aile paramilitaire pro-eugéniste du parti nazi. « Connaissez-vous l’histoire des SS ? Ils n’avaient pas de tests de QI et ce genre de choses… ils avaient certaines caractéristiques extérieures. Mais le principe est le même. Il faut prendre l’élite », avait déclaré Ahrens.

Aporia promeut des idéologies similaires qui gagnent en popularité. Parmi les publications les plus visionnées, lorsque le média était encore sous la direction de Frost, avait été publié un article intitulé « Le nazi le plus intelligent », relatant les tests de QI effectués sur les membres du parti, révélés lors du procès de Nuremberg (en novembre 1945). Bien que la portée du magazine soit relativement limitée (environ 14 000 abonnés), Frost affirme qu’il préfère être lu par quelques milliardaires que par de nombreux lecteurs lambda, ce qui serait apparemment le cas.

Mis à part Aporia, Frost affirme que la HFD contrôle également les vidéos produites par Edward Dutton, un YouTubeur comptant plus de 100 000 abonnés, publiant sur la supposée dysgénie (détérioration du patrimoine génétique) des Occidentaux. Le vidéaste a toutefois démenti sa relation avec la HDF, suggérant que l’organisation se sert de son nom pour gagner en notoriété.

Une utilisation abusive de la science pour promouvoir des croyances erronées

Les experts estiment que le racisme scientifique n’a aucun fondement scientifique fiable et constitue davantage une utilisation abusive de la science pour promouvoir des croyances erronées. « La pureté raciale est un concept fantaisiste », a expliqué Adam Rutherford, professeur de génétique à l’University College de Londres. « Elle n’existe pas, n’a jamais existé et n’existera jamais, mais elle est inhérente au programme scientifique de racisme », indique-t-il.

Elle a été utilisée à l’origine pour promouvoir le colonialisme, puis le nazisme, mais peut encore aujourd’hui influencer les politiques et l’opinion publique. Cependant, Frost dément toute suggestion de croyances extrémistes de sa part et indique pour se défendre que « malheureusement, dans la réalité, il est parfois nécessaire de s’engager auprès de personnes indésirables pour obtenir un financement pour des recherches scientifiques essentielles destinées à bénéficier à l’humanité ». Il a d’ailleurs déclaré ne plus être en relation avec la HFD et Ahrens en raison de leurs opinions politiques apparemment divergentes…

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