Les méthodes d’archéologie moderne, grâce à des technologies avancées, ont permis de dévoiler un réseau de mégastructures de l’âge du Bronze en Europe, longtemps resté caché. Cette découverte, fruit d’une collaboration internationale, révèle des aspects jusqu’ici inexplorés de la préhistoire européenne.
L’archéologie européenne vient de franchir un seuil significatif avec la récente mise au jour d’un réseau de mégastructures de l’âge du Bronze, dissimulé jusqu’alors dans le bassin des Carpates. Cette période, s’étendant approximativement de 3000 à 1200 avant notre ère, est cruciale dans l’histoire de l’humanité pour ses avancées technologiques et sociales.
La récente découverte, issue d’une collaboration internationale entre archéologues de l’University College Dublin, de Serbie et de Slovénie, révèle des aspects clés de la préhistoire. Rapportée dans la revue Plos One, elle met en lumière des structures massives et des traces de communautés interconnectées nous permettant de mieux comprendre ces civilisations anciennes et leurs interactions à travers l’Europe.
Révélation d’un ancien réseau
Ces structures auraient été d’une importance capitale à l’époque. En effet, il pourrait s’agir de « mégaforts préhistoriques », reconnus comme les plus grandes constructions réalisées avant l’avènement de l’âge du Fer. Leur taille et leur complexité structurelle témoignent d’un degré de sophistication et d’organisation sociale élevé pour l’époque. Ces mégaforts étaient probablement des centres de pouvoir, des lieux de rassemblement pour les communautés, et des bastions de défense contre les menaces extérieures.
La découverte de ces sites dans le bassin des Carpates est d’autant plus significative qu’elle offre un aperçu de la manière dont les sociétés de l’âge du Bronze ont évolué et interagi. Ces structures massives indiquent l’existence de communautés bien établies, capables de mobiliser d’importantes ressources pour leur construction. Cela implique également une organisation sociale complexe, avec une hiérarchie et une division du travail permettant de tels projets d’ingénierie. Les peuples de l’âge du Bronze possédaient des connaissances avancées en matière d’architecture et de génie civil.
Des cartes établies avec précision
Pour mener à bien cette exploration, l’équipe s’est appuyée sur des technologies modernes telles que l’imagerie satellite et la photographie aérienne. La première permet de détecter des anomalies dans le paysage, comme des changements de couleur de la végétation ou des irrégularités dans le relief, qui peuvent indiquer la présence de structures enfouies. La photographie aérienne, quant à elle, fournit des détails plus fins et aide à contextualiser les découvertes dans leur environnement immédiat.
Grâce à ces techniques, plus de 100 sites ont été identifiés, révélant un réseau dense de communautés interdépendantes datant de l’âge du Bronze. Selon un communiqué, les auteurs ont pu créer des cartes précises des sites archéologiques, révélant non seulement l’emplacement des structures majeures, mais aussi des habitations individuelles. Cette cartographie détaillée a ouvert une fenêtre sur l’organisation spatiale des communautés, leur densité et leur étendue, ainsi que sur leur vie quotidienne. Elles permettent aux chercheurs de comprendre comment elles étaient organisées, comment elles interagissaient entre elles et avec leur environnement.
Les résultats de cette recherche suggèrent que les sociétés de l’âge du Bronze étaient beaucoup plus structurées et connectées qu’on ne le pensait auparavant. Les innovations ne se limitaient pas à la construction de structures physiques, mais s’étendaient également à des domaines tels que l’agriculture, la gestion des ressources et peut-être même les systèmes de gouvernance.
Un centre d’innovation préhistorique
Ces sites archéologiques, désignés collectivement sous le nom de Groupe de Sites Tisza (TSG), se caractérisent par leur emplacement stratégique le long des rivières Tisza et Danube. La proximité des cours d’eau suggère que ces communautés tiraient parti des ressources fluviales, tant pour le commerce que pour l’agriculture, facilitant ainsi une coopération étendue entre différentes localités.
Le TSG se distingue comme un centre d’innovation majeur dans l’Europe préhistorique. À une époque où des civilisations telles que les Mycéniens en Grèce, les Hittites en Anatolie et l’Égypte du Nouvel Empire dominaient le paysage culturel et politique, le TSG jouait un rôle crucial, souvent sous-estimé jusqu’à cette découverte. Son influence s’étendait sur la culture et l’iconographie européennes du deuxième millénaire avant notre ère, témoignant de leur importance dans le tissu socioculturel de l’époque.
Cependant, autour de 1200 avant notre ère, une période de bouleversements majeurs a marqué la fin de ces communautés. Les sites du TSG, ainsi que de nombreux autres royaumes et empires à travers l’Europe, l’Asie Mineure et le bassin méditerranéen, ont connu un effondrement presque simultané.
Les preuves de conflits sont manifestes dans les innovations en matière de guerre et dans les structures défensives des établissements. Les fortifications, les armes et les outils de défense trouvés sur ces sites témoignent d’une époque où la protection contre les invasions et les conflits internes était une préoccupation majeure. Ces éléments défensifs indiquent une société qui devait constamment se protéger contre les menaces, qu’elles soient externes ou internes.
Cette période, souvent décrite comme une ère de crise dans l’histoire du Vieux Monde, a vu la disparition de structures politiques et économiques établies, entraînant des changements radicaux dans les dynamiques régionales. Les raisons exactes de cet effondrement restent un sujet de débat parmi les historiens et les archéologues, mais la découverte des sites du TSG offre de nouvelles pistes pour comprendre ces événements tumultueux qui ont façonné le cours de l’histoire humaine.