Pour la toute première fois, des médecins ont utilisé un type de dispositif de stimulation nerveuse pour restaurer la conscience chez un patient ayant passé 15 ans dans un état végétatif, en raison d’une lésion cérébrale.
L’homme a montré des améliorations significatives dans ses mouvements ainsi que son attention après seulement un mois de traitement. Cette étude de cas passionnante pourrait devenir le nouveau point de départ concernant de nouveaux traitements pour les patients présentant des blessures similaires.
Il faut savoir que, contrairement à un coma, dans lequel une personne est endormie et ne répond pas, un patient se trouvant dans un état végétatif est éveillé mais ne démontre aucun signe de conscience ou de fonction cognitive, bien qu’il puisse avoir des réflexes basiques, comme par exemple cligner des yeux pour manifester de l’étonnement ou tout autre émotion.
Parfois, les patients peuvent passer d’un état végétatif complet à ce que l’on appelle un état de conscience minimale (minimally conscious state, dit MCS en anglais), dans lequel ces derniers sont tout de même conscients de ce qui les entoure. Mais, lorsqu’une personne a été dans un état végétatif pendant plus de 12 mois après une lésion cérébrale traumatique, il est très probable qu’elle reste dans cet état de manière permanente, ou alors qu’elle ait de fortes chances de ne jamais en sortir. Le patient en question était un homme de 35 ans, qui a subi une lésion cérébrale traumatique lors d’un accident de voiture et s’est retrouvé dans un état végétatif depuis ce moment-là (donc depuis 15 ans).
En forme de piles plates et rondes, les stimulateurs du nerf vague (de l’anglais vagus nerve stimulators, dit VNS), sont parfois comparés à de véritables « stimulateurs cardiaques pour le cerveau » et sont utilisés dans le traitement des crises d’épilepsie.
Le fait que ce dispositif pourrait potentiellement aider un patient en état végétatif n’était pas qu’une vague supposition : les médecins se sont appuyés sur une hypothèse se basant sur des recherches antérieures, qui ont démontré des améliorations chez les patients atteints de MCS lorsque ceux-ci bénéficiaient d’une stimulation du thalamus, une partie du cerveau impliquée dans la coordination des signaux sensoriels.
Il faut savoir que le nerf vague sert de lien direct au thalamus (avec d’autres zones du cerveau) et que la stimulation du nerf vague a déjà demontré une augmentation du métabolisme dans cette partie du cerveau, de sorte que l’équipe voulait tester ce qui se passerait s’ils utilisaient un implant VNS chez un patient en état végétatif.
Les médecins ont mesuré le comportement du patient, répondant au stimulus, et ont effectué un électroencéphalogramme (EEG) ainsi qu’une tomographie par émission de positons (dit PET scan), avant d’implanter le stimulateur. Une fois fait, les médecins ont à nouveau effectué ces analyses et ces mesures.
Ensuite, l’équipe a progressivement augmenté l’intensité de la stimulation. Après seulement un mois (une fois que le courant électrique dans l’appareil a atteint 1 milliampère), le patient a commencé à démontrer des améliorations constantes, dont « une attention constante, une mobilité du corps et une poursuite visuelle », expliquent les chercheurs.
Cette personne, pour la toute première fois depuis 15 ans, a pu montrer des signes de conscience mesurables. C’est un progrès énorme dans le domaine de la médecine : selon les médecins, le patient est passé d’un état végétatif à un état de conscience minimale. « L’homme a commencé à répondre à des ordres simples, ce qui lui était impossible auparavant. Par exemple, il pouvait suivre un objet avec ses yeux et tourner la tête sur demande », a déclaré l’équipe dans un communiqué de presse. « Sa mère a déclaré que sa capacité à rester éveillé en écoutant son thérapeute lui lire un livre avait augmenté », ont ajouté les chercheurs.
Et il ne s’agit pas là que d’améliorations comportementales. Les deux analyses (EEG et PET) ont confirmé qu’il y avait une activité constante et soutenue dans certaines régions de son cerveau, qui sont considérées comme des marqueurs de conscience.
Comme l’explique l’équipe dans son rapport, ces résultats (uniques) contredisent directement l’hypothèse générale selon laquelle passer 12 mois ou plus dans un état végétatif, le rend irréversible. « La plasticité du cerveau et la restauration de ce dernier semblent encore possibles même lorsque tout espoir semble avoir disparu », explique Angela Sirigu, la chercheuse principale du Centre de Neurochimie Cognitive, en France.
À présent, il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’un cas particulier et que ce dernier ne permet pas encore de constituer un nouveau type de traitement généralisé. En effet, les chercheurs ne possèdent que ces données-ci, et elles concernent un patient uniquement.
Pourtant, les résultats sont très prometteurs et indiquent clairement qu’il y a de l’espoir dans ce domaine. L’équipe envisage actuellement d’utiliser cette étude de cas comme point de départ pour un essai de plus grande envergure, sur la manière dont les VNS pourraient être utilisés comme thérapie pour certains patients souffrant de lésions cérébrales.