Le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) est responsable de plusieurs centaines de milliers de victimes par année à travers le monde. L’absence d’un véritable traitement curatif rend crucial le développement d’un vaccin efficace. Au cours de ces dernières années, plusieurs pistes vaccinales ont été explorées avec des résultats variables. Récemment, les essais cliniques concernant un nouveau vaccin expérimental ont commencé et ont révélé des résultats très prometteurs.
Le vaccin a été testé sur des sujets humains et sur des singes. Les 400 adultes en bonne santé non-infectés ont présenté une réponse immunitaire contre le vaccin et l’ont bien toléré. Concernant les singes, le vaccin a protégé 67% d’entre eux contre la variante SHIV. C’est l’un des cinq vaccins a être parvenus jusqu’à ce stade expérimental dans les 35 dernières années après l’apparition de l’épidémie. Cependant, une étape importante doit encore être validée.
En effet, le vaccin va maintenant être administré à 2600 femmes à risque d’Afrique du Sud lors de la Phase 2b dans le but d’évaluer in situ la protection offerte contre une véritable infection. Les autres vaccins qui ont été testés dans des conditions similaires ont échoué à offrir une protection viable sur le long terme. Ces échecs s’expliquent par le fait que les tests ont été menés avec des souches particulières du virus, dont le taux de mutation est très élevé, rendant les vaccins rapidement inefficaces.
Toutefois, ce vaccin utilise une méthode différente. Il s’agit d’un « vaccin en mosaïque », c’est-à-dire qu’il est composé de multiples souches du VIH et les combine ensemble pour déclencher une réponse immunitaire contre l’ensemble des ces souches. Cependant, ce processus n’a jamais été employé dans le cadre du VIH et il est donc pour le moment impossible de prédire ses résultats.
Mais selon Dan Barouch, auteur principal de l’étude, « ces premiers résultats représentent une étape extrêmement importante. Les défis imposés par un vaccin contre le VIH sont énormes, et la capacité à induire une réponse immunitaire spécifique au VIH ne présage pas de l’efficacité du vaccin sur les humains. Nous attendons impatiemment les résultats de la Phase 2b ».
Avec environ 1.8 million de nouveaux cas chaque année, le développement d’un vaccin contre le VIH offrirait un outil primordial contre l’épidémie. Sur les 35 dernières années, seul un autre vaccin a démontré des signes de protection lors d’essais expérimentaux — le vaccin RV144, testé en Thaïlande, a permis de diminuer le taux d’infection de 31%.
Ce sont de bons résultats, mais encore trop peu satisfaisants pour une commercialisation. La principale difficulté venant du fait que la plupart des vaccins efficaces en laboratoire se montrent inefficaces lors des tests sur les humains.
Les chercheurs ont cette fois-ci décidé de tester sept mosaïques vaccinales différentes pour identifier la meilleure combinaison. Pour ce faire, ils ont recruté 393 adultes en bonne santé et non-infectés âgés de 18 à 50 ans, entre février et octobre 2015. Les sujets ont été traités dans des cliniques en Afrique de l’Est, en Afrique du Sud, en Thaïlande et aux États-Unis ; certains ont reçu des placebos et d’autres l’une des sept combinaisons. Les vaccins leur ont été injectés à quatre reprises sur 48 semaines.
Les résultats ont montré que toutes les combinaisons ont déclenché une réponse immunitaire et ont été bien tolérées. Chacun des groupes test a subi des effets secondaires similaires, comme des maux de tête et une fatigue prononcée. Cinq patients ont montré des symptômes d’étourdissement, de diarrhée et des douleurs musculaires. Parallèlement, les mêmes combinaisons ont été testées sur 72 singes rhésus exposés aux VIH simiesque (SHIV).
La combinaison la plus efficace s’est révélée être la Ad26/Ad26 additionnée au vaccin gp140 — elle a protégé 2/3 des singes contre l’infection. Même si rien ne garantit qu’une telle protection soit applicable aux humains, les résultats sont tout de même prometteurs.
« La voie vers l’utilisation clinique est encore imprévisible car le mode d’action exact sur les humains est encore inconnu, et le taux de protection de 67% sur les singes pourrait ne pas s’appliquer aux humains » explique George Williams Mbogo, biologiste à l’Institut Burnet (Australie). Malgré ces réserves, les résultats sont très encourageants et permettent de relancer l’optimisme des chercheurs.