Des rhinocéros aux cornes radioactives pour lutter contre le braconnage en Afrique du Sud

« C’est la meilleure idée que j’ai jamais entendue », déclare un chercheur de l’Université du Witwatersrand.

Des rhinocéros aux cornes radioactifs pour lutter contre le braconnage en Afrique du Sud
| Pixabay
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Le mardi 25 juin, des scientifiques sud-africains ont commencé à injecter de minuscules éclats de matière radioactive dans les cornes de rhinocéros vivants. Cette stratégie a été adoptée dans le cadre d’un projet pionnier visant à lutter contre le braconnage. L’objectif ? Rendre les cornes non comestibles et détectables aux frontières. Derrière cette idée ingénieuse se trouvent des chercheurs de l’Université du Witwatersrand. Bien que la matière radioactive intégrée soit toxique pour les humains en cas d’ingestion notamment, elle ne représente aucun danger pour les rhinocéros la portant ainsi que pour l’environnement local.

Vers l’an 1850, les rhinocéros étaient très répandus en Afrique et dans les forêts d’Asie. Malheureusement, deux siècles plus tard, 4 des 5 espèces de ce mammifère terrestre au corps massif sont menacées d’extinction, d’après WWF France. Derrière cette vulnérabilité et ce danger d’extinction se trouvent leurs cornes en kératine, convoitées pour leurs pseudos vertus thérapeutiques. D’ailleurs, selon CBS News, « dans certaines régions d’Asie, on pense que les cornes ont de puissantes propriétés médicinales non prouvées et, à un moment donné, elles étaient plus chères que la cocaïne au Vietnam ».

Aujourd’hui, environ 15 000 spécimens (ce qui représente près de 80 % de la population mondiale de rhinocéros blancs) sont regroupés en Afrique du Sud. Le pays est ainsi devenu un haut lieu de braconnage, poussé par la demande asiatique intarissable. Selon l’Agence France-Presse, 499 rhinocéros auraient été tués en 2023, un chiffre montrant une augmentation de 11 % par rapport à 2022. C’est ce qui a motivé James Larkin, directeur de l’unité de radiation et de physique de la santé de l’Université du Witwatersrand, ainsi que son équipe, à trouver un moyen innovant pour lutter contre ce fléau. Pour ce faire, ils ont pris l’initiative d’injecter des pastilles légèrement radioactives dans les cornes des rhinocéros. « Ce matériau rend la corne inutile et essentiellement toxique pour la consommation humaine », a déclaré à l’AFP Nithaya Chetty, professeure et doyenne des sciences de la même université.

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Projet Rhisotope : quand la science nucléaire devient le dernier espoir des rhinocéros

Le projet pilote de Larkin, baptisé « Rhisotope », est une approche non létale et prometteuse de lutte contre le braconnage. Les chercheurs ont d’abord effectué des essais sur un bébé rhinocéros d’un an provenant d’un orphelinat de rhinocéros (dans un lieu tenu secret, quelque part dans la province du Limpopo), qui héberge donc principalement des petits privés de leurs mères braconnées. Larkin et son équipe ont placé « deux minuscules puces radioactives dans la corne ». L’animal a été endormi et n’a ressenti aucune douleur durant l’opération, selon Larkin.

Elle a affirmé que la dose contenue est suffisamment faible pour qu’il y ait aucun un impact sur la santé du bébé rhinocéros et sur l’environnement. En revanche, les isotopes seraient « suffisamment puissants pour déclencher des détecteurs installés dans le monde entier », a ajouté Larkin. En effet, ces détecteurs avaient initialement été installés pour prévenir le terrorisme nucléaire.

Cette nouvelle approche est beaucoup moins radicale que l’écornage intentionnel. D’ailleurs, Vanessa Duthé, doctorante à l’Université de Neuchâtel, a déclaré l’année dernière : « nous recevons beaucoup de critiques pour avoir coupé avec une tronçonneuse, mais c’est le meilleur moyen, le plus rapide ». De son côté, Larkin et son équipe restent optimistes par rapport à leur tentative. Vingt autres spécimens participant au projet pilote vont bientôt recevoir leurs pastilles radioactives. « C’est peut-être cela qui mettra un terme au braconnage. C’est la meilleure idée que j’ai jamais entendue », conclut Larkin.

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