Malgré l’essor et le perfectionnement de la robotique au cours des dernières décennies, les ingénieurs restent confrontés à un problème récurrent : comment développer des robots multi-tâches autonomes. L’alimentation continue en énergie des robots nécessite une recharge régulière des batteries pour la majorité des machines actuelles. Mais récemment, des chercheurs ont fait un pas de plus vers l’autonomie robotique en mettant au point un poisson-robot alimenté par un fluide stockant l’énergie nécessaire à son déplacement.
Le robot d’environ 40 centimètres n’a pas de batterie solide, il est propulsé par un fluide à double fonction qui stocke l’énergie et déplace les nageoires du poisson. Cette approche permet à la machine de stocker plus d’énergie dans un espace réduit et de fonctionner pendant de plus longues périodes sans avoir besoin de batteries lourdes et encombrantes.
L’innovation est un pas en avant dans la création de robots autonomes — ceux qui peuvent effectuer des tâches sans intervention humaine ni guide, explique Robert Shepherd, roboticien à la Cornell University et qui fait partie de l’équipe qui a construit le robot. Les chercheurs décrivent leur machine dans un article publié dans la revue Nature.
Rendre les robots autonomes pendant de longues périodes est un défi majeur de la robotique. Ils pourraient avoir une multitude d’applications, par exemple dans le cadre de missions de recherche et sauvetage et dans l’exploration en profondeur, selon Cecilia Laschi, roboticienne à l’École d’études avancées Sant’Anna (Italie).
L’un des problèmes majeurs est le stockage de l’énergie : les robots ont besoin de suffisamment d’énergie pour effectuer des tâches sans avoir à se recharger. Le simple fait d’ajouter des piles augmente le poids du robot, ce qui nécessite plus de puissance pour se déplacer.
Sur le même sujet : AntBot : le tout premier robot évoluant sans GPS pour se repérer
Au lieu d’utiliser un fluide hydraulique conventionnel, qui circule généralement autour des machines pour déplacer leurs pièces, l’équipe de Shepherd a utilisé un fluide pour batterie alimentant le robot et une pompe permettant de déplacer les ailettes, conférant ainsi au poisson la capacité de nager.
Cette approche a permis d’augmenter de 325% la quantité d’énergie stockée dans le robot, par rapport à une machine dotée d’une batterie séparée et d’un système de fluide hydraulique, explique Shepherd. L’équipe a calculé que le robot serait capable de fonctionner pendant 37 heures sans nécessiter de recharge. Laschi reconnaît que ce dernier représente un pas en avant vers l’autonomie. « Je trouve l’idée fantastique, elle est très originale » conclut-elle.