C’est une grande première pour l’engin, qui explore le sol martien depuis quelques jours maintenant. Mardi, la NASA a publié les images d’un tourbillon de poussière, sur le compte Twitter officiel de la mission ; les images ne sont pas de première qualité, mais elles ont le mérite de prouver que le paysage martien n’est pas complètement inerte.
Ces tourbillons de poussière — appelés dust devils outre-Atlantique, en référence au diable de Tasmanie des dessins animés Warner Bros, qui crée une tornade dès qu’il se déplace — sont relativement courants sur Terre, dans les régions arides et désertiques, lorsque le ciel est dégagé. Ils se forment lorsqu’une poche d’air chaud près de la surface monte rapidement à travers l’air plus froid se trouvant au-dessus, formant un courant ascendant qui commence à tourbillonner. L’événement est généralement de courte durée et la hauteur du tourbillon peut aller de quelques mètres à plus de 1000 mètres.
Sur Mars, le phénomène n’est pas inédit non plus : les sondes Viking de la NASA avaient déjà photographié ces tourbillons dans les années 1970, de même que les différentes missions suivantes (Mars Global Surveyor, Mars Reconnaissance Orbiter). Ces mini tornades laissent des traces caractéristiques, facilement identifiables sur le sol martien. Plus récemment, au mois d’août 2020, c’est le rover Curiosity qui a capturé le déplacement de l’une d’entre elles, d’une largeur estimée à environ 5 mètres, pour au moins 50 mètres de hauteur.
Des phénomènes plus impressionnants que sur Terre
Le sol de Mars est souvent décrit et imaginé comme un tas de roches et de poussières inertes. Mais ces images récemment relayées par Perseverance apportent un tout autre aperçu de cette planète. Elles suggèrent notamment que Mars est toujours un monde dynamique, où siègent des phénomènes naturels, quelle que soit la fréquence à laquelle nous les observons. Voici les images publiées par la NASA, avec une vue agrandie du phénomène :
See the zoomed-in view of this dust devil on Mars. pic.twitter.com/4ILDqoejZ8
— NASA’s Perseverance Mars Rover (@NASAPersevere) March 16, 2021
Mars est un monde recouvert de poussière et particulièrement venteux, c’est donc l’environnement idéal pour ces tourbillons, qui peuvent être jusqu’à cinquante fois plus larges et dix fois plus hauts que leurs homologues terrestres ; les plus grands pourraient potentiellement constituer une menace pour la technologie terrestre envoyée sur la planète rouge. En 2012, la sonde Mars Reconnaissance Orbiter (MRO) a capturé l’un de ces tourbillons spectaculaires : les experts ont estimé qu’il faisait environ 20 kilomètres de haut ! Malgré sa hauteur impressionnante, le panache ne dépassait guère les trois quarts d’un terrain de football (70 mètres environ).
Plus récemment, en février 2020, la sonde MRO a capturé un nouveau spécimen de 50 mètres de diamètre, pour 650 mètres de haut :
Des tornades « dépoussiérantes »
À noter que la présence de ces tourbillons s’avère parfois bénéfique : par deux fois, des engins de la NASA ont a priori été « nettoyés » grâce au passage de l’un d’entre eux ; les panneaux solaires des rovers Spirit et Opportunity auraient ainsi été débarrassés de la poussière qui les recouvrait. La NASA pourrait souhaiter que l’atterrisseur Mars InSight, sur le sol martien depuis 2018, soit aussi chanceux : en effet, ce dernier a été récemment mis en mode de fonctionnement limité en raison de la poussière qui s’est accumulée sur ses panneaux solaires…
Cela fait donc un certain temps que la NASA capture des images de ces mini tornades, mais Perseverance dispose d’instruments encore plus perfectionnés que ces prédécesseurs et donc, peut relayer des images de bien meilleure qualité. Les scientifiques espèrent ainsi collecter plus d’informations sur les conditions météorologiques de Mars, sur ses tourbillons de poussière, voire d’autres phénomènes qui auraient pu passer inaperçus jusqu’alors.