Les « 7 minutes de terreur » se sont finalement déroulées comme prévu et le rover Perseverance de la NASA a posé ses roues sur le sol martien hier soir à 21h55 (heure de Paris), sans encombre. Dans la foulée, il a même capturé et relayé les premiers clichés de son site d’atterrissage, dans le cratère Jezero. La mission d’exploration va donc bientôt pouvoir commencer. Après la vérification de ses instruments, le rover va partir à la recherche de traces de vie.
« Atterrissage confirmé ! », s’est exclamée Swati Mohan, chargée du contrôle des opérations d’atterrissage de Perseverance. C’est une explosion de joie qui a eu lieu dans les locaux du Jet Propulsion Lab de la NASA, à Pasadena, lorsque l’engin de cette mission à plus de 2,5 milliards de dollars s’est enfin posé sur le sol martien, après un long voyage de 470 millions de kilomètres. La manœuvre était pourtant délicate, le site d’atterrissage étant bordé de falaises, de rochers et de dunes de sable. Mais les instruments sophistiqués de l’engin lui ont permis de se diriger au mieux vers la zone optimale, en toute autonomie.
Perseverance devient donc le cinquième rover de la NASA à avoir atterri avec succès sur la surface martienne, après Sojourner en 1997, Opportunity et Spirit en 2004 et Curiosity en 2012. Il est désormais chargé d’explorer le cratère Jezero, une ancienne étendue d’eau abritant un delta, qui selon les scientifiques, contient des dépôts d’argile susceptibles de contenir des signes de vie ancienne.
L’aboutissement de plusieurs années de travail
Les différentes étapes de l’atterrissage se sont déroulées avec succès : ralentissement efficace en entrant dans la fine atmosphère martienne, protection assurée par le bouclier thermique, déploiement de l’immense parachute supersonique, puis atterrissage en douceur grâce à la grue volante à rétrofusées. Sur Twitter, le président américain Joe Biden a immédiatement salué cet atterrissage qu’il qualifie d’« historique », mettant en exergue le « pouvoir de la science » et de « l’ingéniosité américaine ».
Sur le compte Twitter officiel de l’engin, le monde entier a pu rapidement découvrir le tout premier cliché pris sur les lieux de l’atterrissage :
Hello, world. My first look at my forever home. #CountdownToMars pic.twitter.com/dkM9jE9I6X
— NASA’s Perseverance Mars Rover (@NASAPersevere) February 18, 2021
Après cette phase difficile, la mission va pouvoir commencer et pour tous les ingénieurs qui ont travaillé sur l’engin et ses équipements, c’est l’aboutissement de plusieurs années de travail. Perseverance est le premier rover à avoir pour mission exclusive de rechercher des signes de vie sur la planète rouge. Sa tâche est de prélever et de stocker des échantillons de roche martienne, qui seront récupérés lors de futures missions. Il devra travailler ainsi pendant au moins une année martienne (soit l’équivalent de deux ans sur Terre). Son système de pilotage automatique sophistiqué lui permet de parcourir environ 200 mètres par jour.
Mais les jours à venir seront essentiellement destinés à contrôler les différents instruments du rover, afin de vérifier qu’ils n’ont pas été endommagés pendant l’atterrissage. Car pour accomplir sa mission, Perseverance est équipé d’outils de haute technologie. C’est d’ailleurs le véhicule le plus gros (il pèse près d’une tonne) et le plus complexe jamais envoyé sur Mars. Outre son bras robotisé de plus de deux mètres de long, le véhicule emporte avec lui un système de caméra avancé, baptisé Mastcam-Z, pour l’imagerie panoramique et stéréoscopique (une même scène est ainsi capturée à partir de deux points de vue distants), capable de zoomer.
Il embarque également SuperCam, un instrument franco-américain développé par le laboratoire national de Los Alamos et par l’Institut de recherche en astrophysique et planétologie (IRAP) du CNES. Cette caméra laser peut fournir des images et réaliser des analyses de composition chimique et de minéralogie à distance. En outre, elle est équipée d’un microphone : s’il fonctionne, du son martien pourra être enregistré pour la première fois ! Le radar RIMFAX (pour Radar Imager for Mars Subsurface Exploration) fournira quant à lui une résolution à l’échelle centimétrique de la structure géologique du sous-sol.
Des instruments de pointe pour l’analyse des matériaux
Autre instrument majeur : le PIXL (pour Planetary Instrument for X-ray Lithochemistry), un spectromètre de fluorescence des rayons X capable de détecter et d’analyser la composition chimique des différents matériaux de la surface martienne, avec une précision jusqu’à présent inégalée. Le spectromètre SHERLOC (Scanning Habitable Environments with Raman & Luminescence for Organics and Chemicals) fournira une imagerie haute résolution des composés minéraux et organiques à partir d’un laser ultraviolet (c’est d’ailleurs le premier spectromètre Raman UV à se trouver à la surface de Mars). PIXL et SHERLOC sont tous deux installés au bout du bras robotisé du rover.
Perseverance embarque par ailleurs un petit hélicoptère, nommé Ingenuity, qui devrait être mis en fonction plus tard dans l’année. Si l’appareil fonctionne comme prévu, il deviendra le premier engin volant de fabrication humaine à voler sur une autre planète. Les ingénieurs sont par ailleurs impatients de tester le dispositif MOXIE (Mars Oxygen In-Situ Resource Utilization Experiment), conçu pour produire de l’oxygène à partir du dioxyde de carbone de l’atmosphère martienne. Si le système fonctionne comme prévu, la technologie pourrait être utilisée lors des futures missions habitées.
Pour suivre les aventures de Perseverance sur Mars et ne rater aucun moment majeur de son exploration, vous pouvez suivre le compte Twitter officiel de la mission, @NASAPersevere.
À ce jour, seuls deux pays ont réussi à poser un engin sur Mars : les États-Unis et la Russie (dont le robot Prop-M de la mission Mars 3 était parvenu à atterrir sur le sol martien en décembre 1971, devenant le premier appareil de fabrication humaine à se poser avec succès sur cette planète). La Chine devrait bientôt rejoindre ses concurrents : le rover de la mission d’exploration Tianwen-1, qui a décollé en juillet dernier, devrait se poser lui aussi sur Mars au mois de mai.