Ce soir (18 février), le rover Perseverance de la NASA, au cœur de la mission Mars 2020, se posera sur le sol martien, dans le cratère Jezero très exactement. Sa mission ? Collecter des échantillons et rechercher d’éventuelles traces de vie. Il s’agira aussi de tester un certain nombre de nouvelles technologies d’exploration en conditions réelles.
Tous les passionnés d’exploration spatiale vont bientôt retenir leur souffle, espérant que la manœuvre se déroule sans encombre. Car rien ne garantit que le rover y résistera : seuls 40% des missions martiennes ont atterri avec succès. « S’il y a une chose que nous savons, c’est qu’atterrir sur Mars n’est jamais facile », a déclaré Marc Etkind, administrateur associé de la NASA. Ceci dit, ce chiffre prend en compte les premières décennies de l’ère spatiale, ce qui explique pourquoi il est si faible. Les missions les plus récentes sur la planète rouge, notamment celle impliquant le rover Curiosity — qui évolue sur Mars depuis 2012 — sont bien plus encourageantes.
Perseverance s’est envolé vers Mars le 30 juillet 2020 ; il entrera dans l’atmosphère martienne ce jeudi 18 février, puis mettra environ 7 minutes avant de toucher le sol. « 7 minutes de terreur » selon les ingénieurs de la NASA, à environ 21h55 (heure de Paris). Toute la manœuvre est entièrement automatisée. Et pour cause : les communications en temps réel avec la Terre étant impossibles, aucune intervention humaine n’est envisageable.
Un atterrissage en plusieurs étapes critiques
Après avoir parcouru plus de 470 millions de kilomètres, à une vitesse d’environ 85’000 km/h, Perseverance s’apprête à accomplir les minutes les plus périlleuses de son voyage. Au moment où elle plongera dans la mince atmosphère martienne, la capsule qui le transporte se déplacera encore à une vitesse de près de 20’000 km/h. De par les forces de frottement, elle ralentira peu à peu au cours de sa descente, et le bouclier thermique chargé de protéger la coque devra supporter une température extrême de plus de 1300 °C !
Puis, lorsque l’appareil aura atteint la vitesse de 1200 km/h environ, un parachute supersonique de plus de 20 mètres de large — le même que celui utilisé pour Cuiosity — se déploiera en moins d’une demi-seconde pour ralentir la chute à environ 300 km/h. Le déclenchement de ce parachute est complètement automatisé et dépendra des données de vitesse et d’altitude analysées par l’ordinateur de bord.
Arrivera ensuite la phase finale, sans aucun doute la plus délicate : le rover et sa grue spatiale, baptisée Sky Crane, seront largués de leur capsule, et les huit rétrofusées de Sky Crane s’allumeront pour guider le rover à bon port, et à vitesse réduite (30 km/h). Une fois au-dessus du lieu d’atterrissage, qui se situe dans le cratère de Jezero, la grue volante déroulera ses trois câbles de nylon, sur une hauteur de 20 mètres, jusqu’à poser en douceur le rover sur le sol. Une fois que les six roues de l’engin toucheront le sol martien, les câbles se détacheront automatiquement ; la grue est, quant à elle, vouée à s’écraser quelques dizaines de mètres plus loin.
Cette procédure d’atterrissage est donc particulièrement complexe et bien qu’elle soit complètement automatisée, les choses peuvent mal tourner chaque minute. L’atmosphère de Mars n’est pas suffisamment dense pour ralentir la capsule comme il serait possible de le faire sur Terre ; mais elle l’est suffisamment pour brûler tout l’équipement si aucune précaution n’est prise. Et ce n’est que onze minutes plus tard — le temps nécessaire aux signaux de communication pour rejoindre la Terre — que l’équipe de la NASA saura si la manœuvre a réussi ou non.
Rechercher des traces de vie et tester des technologies
La mission de Curiosity, qui explore la planète rouge depuis août 2012 et est toujours actif aujourd’hui, était d’évaluer l’habitabilité de Mars à l’époque où les conditions étaient plus favorables, et d’étudier justement la transition climatique de cette planète (passée d’un environnement chaud et humide, à un climat froid et sec). Le rôle de Perseverance est de rechercher des signes de vie de cette « ancienne » Mars, une première pour une mission d’exploration de surface. Le site d’atterrissage, le cratère de Jezero, n’a pas été choisi au hasard : le site abritait un lac et un delta fluvial, il y a plus de 3,5 milliards d’années. Pour les scientifiques, c’est donc l’endroit idéal pour rechercher d’éventuels signes de vie passée.
Le rover est également chargé de collecter et de stocker plusieurs dizaines d’échantillons du sol martien, qu’une mission conjointe de la NASA et de l’Agence spatiale européenne (ESA) rapportera sur Terre en 2031. Les scientifiques pourront alors les examiner avec des instruments beaucoup plus puissants et précis que le rover ne peut malheureusement embarquer avec lui sur Mars.
Cette mission sera par ailleurs l’occasion de tester plusieurs nouvelles technologies. Les ingénieurs attendent notamment avec impatience de pouvoir évaluer les capacités d’Ingenuity, un petit hélicoptère fixé sur le rover. Dans les premiers jours de la mission, l’engin devrait effectuer quelques vols d’essai, devenant au passage le premier giravion à évoluer sur une autre planète. Si les tests sont concluants, ils pourraient ouvrir la voie à une exploration aérienne plus étendue de Mars lors de futures missions. Perseverance embarque également un instrument baptisé MOXIE (pour Mars Oxygen In-Situ Resource Utilization Experiment), conçu pour produire de l’oxygène à partir de l’atmosphère de Mars, qui se compose majoritairement de dioxyde de carbone. Si le dispositif donne de bons résultats, il pourrait être envisagé à plus grande échelle pour permettre aux futurs explorateurs humains de respirer sur la planète rouge.
La mission de Perseverance devrait durer au moins une année martienne (soit l’équivalent de 687 jours terrestres environ). À présent, il ne reste plus qu’à croiser les doigts et à retenir son souffle… Pour suivre en direct l’arrivée du nouveau rover sur la planète rouge, rendez-vous ici dès 20h30 :