Conçu en hiver, moins exposé à l’obésité ? Ce que suggère une étude japonaise sur le métabolisme

La saison de conception agirait sur la graisse brune, clé de la dépense énergétique.

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En France, près de la moitié des adultes sont en surpoids et un sur cinq souffre d’obésité, selon la Ligue nationale contre l’obésité. Une étude japonaise avance aujourd’hui une piste inattendue : la saison de notre conception pourrait influencer durablement notre métabolisme. Les chercheurs ont découvert que les personnes conçues en hiver présentent davantage de graisse brune, un tissu qui brûle des calories, et un profil métabolique plus protecteur face à l’obésité.

Hypertension artérielle, obésité, diabète… Autant de pathologies dont la progression rapide inquiète les autorités sanitaires. En France, l’obésité concerne déjà près de 10 millions d’adultes, un chiffre qualifié d’« épidémique ». Si les causes sont bien connues — environnement socio-économique, hérédité, modes de vie — un facteur jusqu’ici négligé pourrait également intervenir dans la régulation métabolique.

Une étude parue récemment dans la revue Nature Metabolism met en lumière un élément inédit : la saison de conception, ainsi que les conditions climatiques qui l’ont précédée. « La saison à laquelle une personne a été conçue exerce un effet durable sur son métabolisme », résume le Dr Takeshi Yoneshiro, physiologiste moléculaire et chercheur en métabolisme à l’Université de Tohoku, au Japon, auteur principal de l’étude, dans une interview de Popular Science.

Selon les conclusions de l’équipe, les enfants conçus pendant les mois les plus froids présentent une quantité accrue de graisse brune — un tissu adipeux dont les propriétés bénéfiques sont de mieux en mieux comprises. Cette spécificité métabolique serait corrélée à une dépense énergétique plus élevée, un indice de masse corporelle (IMC) plus faible, ainsi qu’à une réduction significative de la graisse viscérale, cette dernière étant particulièrement nocive en raison de son accumulation autour des organes internes.

Pour étayer leur hypothèse, les scientifiques ont suivi 356 jeunes hommes en bonne santé, répartis selon leur période de conception : entre le 17 octobre et le 15 avril (période froide) ou entre le 16 avril et le 16 octobre (période chaude), des bornes définies par les auteurs de l’étude.

Les résultats montrent une tendance nette : les individus conçus en saison froide disposent d’un tissu adipeux brun plus actif — un type de graisse qui brûle des calories pour produire de la chaleur et participe à la régulation de la glycémie. Les observations révèlent également une dépense énergétique supérieure, un IMC légèrement plus bas (environ 22 contre 23) et une moindre accumulation de graisse viscérale chez ces participants.

Une adaptation évolutive au climat ?

Pour consolider leurs résultats, les chercheurs ont constitué une seconde cohorte de 286 adultes âgés de 20 à 78 ans, tous sexes confondus. Les analyses menées ont confirmé les tendances observées : une conception hivernale est associée à une activité accrue du tissu adipeux brun, un IMC plus bas, une réduction de la graisse viscérale et un tour de taille réduit.

Les modèles développés suggèrent que l’activité métabolique du tissu adipeux brun (TAB) serait à l’origine de ces bénéfices. D’après leurs estimations, la différence d’activité entre les individus conçus en saison froide et ceux conçus en période chaude varie entre 11,9 % et 14,6 %. Ce surcroît d’activité entraînerait une dépense énergétique quotidienne environ 5,8 % plus élevée pour les premiers.

Pour l’équipe japonaise, il s’agirait possiblement d’une adaptation prédictive au froid, transmise de génération en génération afin d’optimiser la survie dans des environnements rigoureux. « Notre méthodologie rigoureuse, combinée à la taille inédite de notre échantillon, nous permet d’établir de manière fiable l’impact intergénérationnel du stress thermique sur l’activité du tissu adipeux brun chez l’homme », écrivent les chercheurs.

effets intergénérationnels de l'exposition au froid
Résumé des effets intergénérationnels de l’exposition au froid avant la conception. © Yoneshiro et al., Nature Metabolism , 2025

Cette hypothèse est en partie appuyée par une étude antérieure réalisée en 2018 sur des souris. Les recherches avaient mis en évidence que des modifications épigénétiques des spermatozoïdes, en réponse à la température, pouvaient influencer les niveaux de graisse brune chez la descendance.

Bien que ces résultats soient essentiellement corrélationnels, ils ouvrent des perspectives intéressantes sur ce que les auteurs appellent les « Origines pré-fécondées de la santé et de la maladie ». La prochaine étape consistera à mieux comprendre les mécanismes de la mémoire cellulaire — notamment comment elle est encodée, stockée et transmise.

L’équipe de Yoneshiro envisage désormais d’élargir ses recherches à l’influence d’autres facteurs environnementaux tels que le froid, l’exercice physique ou encore l’alimentation sur les cellules reproductrices.

Source : Nature Metabolism

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