La reproduction est-elle possible dans l’espace ? C’est une question qui n’a jamais vraiment été résolue jusqu’à maintenant. Dans la station spatiale chinoise Tiangong, des expérimentations vont être menées sur ce sujet délicat.
« Ces expérimentations vont devenir nécessaires », affirme le scientifique chinois Kehkooi Kee, interrogé pour un article du South China Morning Post. Nécessaires, du moins si les humains souhaitent envisager des colonies à long terme dans l’espace. Elles devraient en tout cas révéler de nombreuses informations sur le fonctionnement du corps de mammifères dans l’espace. « Ces expériences contribueront à améliorer notre compréhension de l’adaptation d’un organisme à la microgravité et à d’autres environnements spatiaux », souligne ainsi le scientifique Zhang Lu, chercheur à l’Académie chinoise des sciences de Pékin.
C’est ainsi qu’il a annoncé récemment le lancement de ces expérimentations : « des études impliquant des souris et des macaques seront menées pour voir comment ils grandissent ou même se reproduisent dans l’espace », a-t-il expliqué. Ces fameuses expérimentations seraient menées dans Wentian, le plus grand module de la station spatiale, qui est déjà utilisée pour des expériences en sciences de la vie.
Selon le quotidien chinois, les laboratoires accueillent pour le moment plutôt des algues et des limaces que des singes, mais ils peuvent être reconfigurés pour obtenir davantage d’espace. Toutefois, comme l’explique Kehkooi Kee, professeur à l’école de médecine de l’Université Tsinghua, la taille des animaux sur lesquels se font les expérimentations influe beaucoup sur la difficulté de l’exercice. « Les astronautes devront les nourrir et s’occuper des déchets », souligne-t-il notamment. La question de leur bien être dans un milieu si différent de leur habitat naturel se pose évidemment aussi.
La reproduction dans l’espace, un véritable défi
Si nos connaissances sur la possibilité de se reproduire dans l’espace sont assez réduites, cela n’est pas sans raison. Jusqu’ici, les humains ne se seraient pas vraiment frottés à ce défi : « Avoir une relation sexuelle dans l’espace est étonnamment difficile. Premièrement, il est difficile de rester en contact étroit les uns avec les autres en apesanteur », explique Adam Watkins, chercheur à l’université de Nottingham, dans un article du Physiology News magazine en 2020.
« Deuxièmement, comme les astronautes connaissent une pression artérielle plus basse dans l’espace, le maintien des érections et de l’excitation est plus problématique qu’ici sur Terre. Si cela ne suffit pas, le manque d’intimité sur les navettes et les engins spatiaux signifie qu’il n’y a pas de pièces dans lesquelles deux astronautes peuvent se retirer pendant un certain temps ensemble. Par conséquent, il n’est probablement pas surprenant qu’à ce jour, il n’y ait eu aucun récit confirmé d’astronautes ayant eu des relations sexuelles dans l’espace », complète-t-il prosaïquement.
Il rappelle toutefois que des tests ont déjà été menés sur différents animaux, sans succès. Les souris emmenées dans l’espace n’ont jamais mené de grossesse à terme. « Des études distinctes menées sur la station spatiale russe Mir ont également montré que la microgravité semblait avoir des effets négatifs sur les œufs et les embryons d’une gamme d’espèces, notamment les salamandres, les oursins et les cailles ». La reproduction dans l’espace semble donc loin d’être une évidence.