Découverte d’une grande grotte dans le sous-sol lunaire qui pourrait abriter les premiers habitats humains

Probablement une parmi des centaines d'autres, cachées dans un monde souterrain inexploré.

des scientifiques découvrent une grotte souterraine sur la Lune
| NASA
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Depuis près de cinq décennies, l’idée de l’existence de grands tunnels sous la surface lunaire suscite des débats. Récemment, une analyse des données radar du Lunar Reconnaissance Orbiter (LRO) de la NASA a permis de mettre au jour une structure cachée sous la mer de la Tranquillité. Une équipe de recherche internationale a pour la première fois apporté des preuves de la présence d’une grande grotte dans le sous-sol lunaire. Ce type de structure pourrait offrir aux astronautes un habitat idéal, fournissant notamment une protection contre les rayonnements solaire et cosmique.

C’est non loin de l’endroit où Neil Armstrong et Buzz Aldrin ont atterri il y a 55 ans, dans la mer de la Tranquillité, que les scientifiques ont découvert l’existence de la grotte souterraine. Plus précisément, elle est située à 400 km du site d’atterrissage. Il s’agit de la première preuve directe de l’existence de tunnels de lave sous la surface lunaire. Et d’après ce qu’a déclaré dans un communiqué Lorenzo Bruzzone, professeur à l’Université de Trente, « cette découverte pourrait ouvrir de nouvelles voies pour l’exploration et la colonisation de la Lune ».

En référence à la nouvelle étude publiée dans la revue Nature Astronomy, Bruzzone a expliqué qu’en 2010, dans le cadre de la mission LRO de la NASA, l’instrument Miniature Radio Frequency a acquis des données qui indiquaient une fosse située dans le mer de la Tranquillité. Les chercheurs ont alors ré-analysé ces données en se basant sur des techniques complexes de traitement de signal et ont pu confirmer des réflexions indiquant bel et bien une grotte souterraine.

Une invitation à rêver, prête à être portée.

Et ce n’était que la partie la plus visible de la cavité. En effet, ils ont ensuite estimé (en comparant les données radar avec des tunnels de lave sur Terre) que la fosse est reliée à une structure plus grande. « Les grottes lunaires sont restées un mystère pendant plus de 50 ans. C’était donc excitant de pouvoir enfin prouver l’existence de l’un d’entre eux », ont déclaré Leonardo Carrer et Bruzzone. « Grâce à l’analyse des données, nous avons pu créer un modèle d’une partie du conduit », poursuit Carrer.

Toujours d’après le constat des chercheurs, la grotte (mesurant environ 100 m de profondeur et 45 m de large) a une lucarne sur la surface de la Lune qui mène à des murs verticaux et en surplomb, et un sol en pente qui pourrait s’étendre plus loin. Elle se serait formée il y a des millions ou des milliards d’années, lorsque de la lave s’est déversée sur la Lune, créant un tunnel à travers la roche. L’équivalent le plus proche sur Terre serait les grottes volcaniques de Lanzarote, en Espagne, explique Carrer. D’ailleurs, il a ajouté que l’équipe a déjà visité ces grottes dans le cadre de travaux antérieurs. Bruzzone et Carrer suggèrent également qu’il pourrait y avoir des centaines d’autres fosses et des milliers de tunnels de lave sur la Lune, qui n’attendent qu’à être découverts.

Une zone idéale pour la construction d’une base lunaire

Après avoir estimé la taille de la grotte, l’équipe a réalisé que cette dernière pourrait servir de base lunaire en offrant un environnement stable pour l’habitation humaine. Carrer a d’ailleurs expliqué que la vie sur Terre a commencé dans des grottes. Selon lui, il serait ainsi logique que des humains puissent aussi vivre à l’intérieur d’une grotte comme celle récemment découverte sur la Lune. Ils seraient à l’abri des conditions extrêmes, notamment des températures de surface (oscillant entre 127 °C et -173 °C), des rayons cosmiques, du rayonnement solaire et des impacts de micrométéorites.

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Topographie de la grotte lunaire récemment découverte, modélisée à partir des données radar de la sonde LRO. © Wagner, R. v., & Robinson, M. S. (2022)

De son côté, la toute première spationaute britannique Helen Sharman, à la retraite depuis plusieurs décennies, a déclaré : « La grotte nouvellement découverte pourrait être un endroit idéal pour une base lunaire. Avec la protection qu’offrent ces tunnels de lave, les humains pourraient potentiellement vivre sur la Lune d’ici quelques années. 20-30 ans peut-être ». Elle ajoute cependant que « la profondeur de la grotte présente des défis, comme celui de contraindre les astronautes à descendre en rappel ou à utiliser des technologies de pointe comme des jets packs ou des ascenseurs pour y accéder ». Ainsi, ces défis mettent en évidence la nécessité de trouver des solutions innovantes et d’avoir recours à une ingénierie avancée afin de rendre ces tunnels lunaires viables pour une base habitée.

Vers un nouvel aperçu de l’histoire géologique de la  Lune

L’étude, financée en partie par l’Agence spatiale italienne, a également impliqué des chercheurs de l’Université de Padoue et de La Venta Geographic Explorations APS, qui ont contribué aux analyses géologiques et à la modélisation de la grotte identifiée. En outre, bien qu’elle n’ait été explorée que partiellement, les chercheurs espèrent que des radars, des caméras ou même des robots de nouvelle génération pourront être utilisés pour la cartographier plus en détail. Ces efforts pourraient d’ailleurs en révéler davantage sur le passé géologique de la Lune.

Source : Nature Astronomy

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