L’essor rapide de l’IA et ses capacités d’apprentissage suscitent une divergence d’opinions chez les chefs d’entreprise. Alors que certains voient dans cette technologie une opportunité sans précédent pour la croissance et l’efficacité, d’autres craignent qu’elle représente une menace pour l’humanité entière.
Ces derniers mois, de nombreux employés sont tombés de haut en se voyant être remplacés par des algorithmes qui sont plus efficaces, plus productifs et surtout moins coûteux qu’eux. Désormais, de plus en plus de dirigeants préfèrent clairement investir dans l’intelligence artificielle, dont le boom a été déclenché par le fameux modèle de langage ChatGPT.
Mais compte tenu des capacités toujours croissantes de la nouvelle technologie, certains PDG éprouvent maintenant de la crainte. Selon les résultats d’un sondage récemment publié par CNN, de nombreux chefs d’entreprise ont exprimé des inquiétudes quant aux implications de l’intelligence artificielle sur l’avenir de l’humanité. L’enquête a été menée lors du Yale CEO Summit et a recueilli les opinions de 119 PDG issus d’entreprises de renom telles que Walmart, Coca-Cola, Xerox, ou encore Zoom.
Des craintes quant à l’impact destructeur de l’IA
Sur les 119 PDG qui ont participé au sondage, 42% craignent que l’IA devienne une menace pour l’existence de l’humanité d’ici dix ans. 8% pensent que cela pourrait se produire d’ici seulement cinq ans. Les résultats de ce sondage ont ainsi été qualifiés de « sombres et alarmants » par Jeffrey Sonnenfeld, professeur à l’Université Yale, lors d’une interview accordée à CNN.
Apparemment, les inquiétudes se manifestent de plus en plus, car il y a quelques semaines à peine, des personnalités publiques ont signé une déclaration mettant en garde contre le risque d’extinction associé à l’IA. Parmi les signataires figuraient plusieurs PDG, dont celui d’OpenAI, ainsi que des cadres de Google et de Microsoft. Cette déclaration soulignait l’importance cruciale d’atténuer les risques liés à l’IA, alors que la menace est comparée à des fléaux tels que les pandémies et les guerres nucléaires.
Rappelons également que Geoffrey Hinton, celui que l’on surnomme « le parrain de l’IA », avait déjà tiré la sonnette d’alarme en tenant des propos plus ou moins inquiétants : « nous devrions nous préoccuper sérieusement de la manière dont nous pouvons empêcher ces choses de prendre le contrôle sur nous », avait-il déclaré dans une autre interview pour CNN. Selon lui, il existe un risque réel que les logiciels manipulent les êtres humains afin de réduire les restrictions que nous leur imposons.
Des perspectives optimistes pour 58% des PDG
En dépit des craintes signalées, 58% des 119 PDG semblent moins préoccupés et ne croient pas qu’une telle catastrophe puisse se produire. La majorité de ces chefs d’entreprise reconnaît même le potentiel considérable de l’IA dans divers domaines. Parmi les 119 interrogés, seuls 13% pensent que les avantages de l’IA sont surestimés tandis que 83% d’entre eux sont convaincus du potentiel réel et tangible de cette technologie. D’ailleurs, ces derniers estiment que les soins de santé, les services professionnels et informatiques, ainsi que les médias et le numérique seront les secteurs clés les plus impactés.
Ces résultats chiffrés illustrent les divergences d’opinions autour de l’IA. Et tenant compte de tous les avis émis, Jeffrey Sonnenfeld a fini par classer les chefs d’entreprise en cinq catégories, par rapport à leur manière de considérer l’IA. La première est composée des « créateurs curieux » qu’il qualifie de « croyants naïfs», estimant que la technologie pourra à terme tout faire en vue d’améliorer les entreprises. La deuxième catégorie est celle des « alarmistes pessimistes », soit ceux qui sont convaincus du potentiel destructeur de ces technologies émergentes et qui mettent en garde. Il y a ensuite les « prudents pragmatiques », qui admettent le potentiel de l’IA tout en réalisant les risques liés à son essor. Le quatrième groupe est constitué des « cyniques opportunistes », soit les chefs d’entreprise qui exploitent la technologie sans se soucier des éventuelles conséquences. Enfin, il y a les « vrais croyants euphoriques », les plus optimistes, qui ne voient que les bons côtés de l’IA et de ses applications.