Une étude sur les effets de la pauvreté sur l’ADN, a démontré qu’une enfance dans de mauvaises conditions économiques aurait des conséquences durant toute la vie sur des processus épigénétiques de certains gènes.
Il n’est pas rare de voir un enfant qui a grandi dans des conditions économiquement difficiles réussir sa vie à l’âge adulte. Cependant, la pauvreté durant la croissance peut laisser des séquelles sur l’ADN d’un enfant, qui le poursuivront pour le restant de ses jours.
Des chercheurs du Canada et des États-Unis ont réalisé une étude génomique sur 500 participants d’une étude longitudinale sur la nutrition et la santé à Cebu, aux Philippines. Ils ont mis en lumière un lien entre le statut socio-économique d’un individu et son influence sur le changement de l’activité de ses gènes par épigénétique, un processus chimique sur l’ADN permettant d’augmenter ou d’inhiber l’expression génétique par méthylation, qui est l’ajout d’un groupement méthyl sur un gène.
Le nombre d’études sur l’épigénétique est en forte hausse depuis quelques années, car elle permet d’observer l’influence de l’environnement sur l’ADN. Les effets ne sont parfois pas anodins, car ils peuvent par exemple affecter le développement cognitif et être responsables de troubles psychique comme l’autisme.
Des théories prétendent que les modifications épigénétiques peuvent être transmises aux générations suivantes. Elles doivent donc être prises au sérieux, autant que les mutations génétiques.
Les chercheurs savaient que le statut socio-économique est un important facteur de l’état de santé durant la vie, mais les mécanismes causés par les effets de la pauvreté étaient jusqu’à présent inconnus.
En intégrant des sondes génétiques dans des échantillons de sang des participants vers leur 21ème anniversaire, ils ont identifié parmi ceux qui ont grandi dans la pauvreté, plus de 2500 sites de méthylation affectant 1537 gènes (environ 8% des gènes humains), alors que les personnes qui sont nées et ont grandi dans de bonnes conditions socio-économiques mais qui sont devenues pauvres plus tard dans leur vie, n’ont montré aucune différence significative.
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Certaines causes d’une détérioration de la santé lors de l’enfance, comme la diète, l’accès aux soins médicaux et à l’éducation, sont connues pour augmenter les risques de contracter une maladie ainsi que de développer des problèmes mentaux. Mais d’autres changements physiologiques où un lien avec la pauvreté avait été démontré par le passé, comme les inflammations chroniques ou la résistance à l’insuline, restent sans explications.
Cette étude avait pour but d’identifier une possible corrélation entre les gènes méthylés et leurs effets sur la santé, mais de nombreux sites avaient déjà été mis en évidence auparavant sur le développement du système immunitaire et nerveux.
Davantage de recherches dans ce domaine sont en cours, afin de mieux comprendre l’influence de la pauvreté infantile sur le reste de la vie.
« Ce sont les domaines sur lesquels nous allons nous concentrer pour déterminer si la méthylation de l’ADN est vraiment un mécanisme important par lequel le statut socio-économique peut laisser une empreinte moléculaire durable dans le corps, avec des implications pour la santé plus tard dans la vie », déclare l’anthropologiste physique de l’Université Northwestern, Thomas McDade.