Les vagues de chaleur qui balaient le monde depuis plusieurs semaines ont entraîné des conséquences désastreuses dans plusieurs régions, notamment en Grèce, en Turquie ou encore au Canada, où les incendies font rage. Mais la Sibérie semble être encore plus durement touchée ; cette région a vu plus de 160 000 km² de forêts partir en fumée depuis le début de l’année. Et aujourd’hui, les incendies qui la ravagent sont plus importants que tous les autres incendies de forêts actuels réunis.
La fumée des incendies de forêt massifs dans la région de la Sibérie en Russie a atteint le pôle Nord géographique pour la première fois dans l’histoire depuis que les humains enregistrent ces événements, selon la NASA, tandis que les incendies de forêt eux-mêmes sont plus importants que tous les autres incendies de forêt réunis actuellement dans le monde.
L’agence spatiale américaine a publié samedi 7 août une photographie de l’un de ses satellites qui montre la couverture de fumée âcre s’étendant sur plus de 4800 kilomètres, de la région de Yakoutie au nord-est de la Sibérie jusqu’au pôle Nord. Selon leurs archives, c’est certainement la première fois que cela se produit. Des incendies de forêt se produisent chaque été dans la région fortement boisée – un paysage connu sous le nom de taïga –, mais cette année a été particulièrement mauvaise.
Arborez un message climatique percutant 🌍
L’année dernière, les incendies de forêt en Sibérie ont été décrits par les autorités russes comme très graves et auraient provoqué le rejet de l’équivalent de 410 millions de tonnes de dioxyde de carbone tout au long de la saison ; mais cette année, les feux de forêt ont libéré l’équivalent de plus de 460 millions de tonnes de dioxyde de carbone, et la saison des feux de forêt n’est pas encore terminée.
La NASA a estimé que le nuage de fumée des incendies de forêt mesurait plus de 3200 km d’est en ouest et 4000 km du nord au sud. L’agence de presse chinoise Xinhua a rapporté que la fumée pouvait être vue dans le ciel au-dessus d’Oulan-Bator en Mongolie, à plus de 2000 km.
Sibérie : une région ravagée par les incendies
La région de Yakoutie, ou République de Sakha, où se déroulent principalement les incendies de forêt en Sibérie, est l’une des régions les plus reculées de la Russie. La capitale, Iakoutsk, a enregistré l’une des températures les plus froides de la planète en février 1891, de -64,4 degrés Celsius ; mais la région a connu des températures record cet hiver.
Le Siberian Times a rapporté à la mi-juillet que les habitants respiraient la fumée de plus de 300 incendies de forêt distincts, mais que seulement la moitié environ des incendies de forêt étaient combattus par les pompiers – y compris les parachutistes transportés par l’armée russe – parce que le reste des incendies était censé être être trop dangereux.
Les incendies de forêt ont pris de l’ampleur depuis lors et ont englouti environ 161 300 km carrés de forêts depuis le début de l’année. L’institut russe de surveillance météorologique Rosgidromet a rapporté lundi que la situation dans la région continue de se détériorer, avec environ 34 000 km carrés de forêt actuellement en feu.
Une législation russe trop laxiste
Les écologistes reprochent aux autorités russes de laisser brûler chaque année de vastes étendues de forêts en vertu d’une loi qui leur permet de ne pas intervenir si le coût de l’intervention est supérieur au coût des dégâts qu’elles causent, ou s’ils ne menacent pas de zones habitées. Les incendies en Sibérie sont plus importants que les incendies de forêt de cette saison en Grèce, en Turquie, en Italie, aux États-Unis et au Canada réunis, explique Alexei Yaroshenko, un expert forestier de Greenpeace Russie.
Il a lié l’aggravation des incendies de forêt aux effets du changement climatique, ainsi qu’au « déclin continu de la gestion forestière de l’État ». Les médias russes rapportent rarement les incendies de forêt en Sibérie, et tant de gens n’ont aucune idée des dégâts qu’ils infligent. « Depuis des années, les responsables et les leaders d’opinion disent que les incendies sont normaux, que la taïga brûle toujours et qu’il n’y a pas lieu d’en faire un problème. Les gens y sont habitués », conclut Yaroshenko.