En apparence, cette machine ressemble à une machine à boissons standard : on positionne son verre, on appuie sur une touche et la boisson souhaitée se met à couler. La différence est que cette machine, baptisée Cana One, est capable de créer sur demande des milliers de boissons disponibles dans le commerce à partir d’une seule cartouche d’ingrédients. Comment ? En recréant l’exacte composition moléculaire de chaque boisson.
Toutes les boissons que nous buvons sont principalement composées d’eau. La bière, les jus de fruits, les sodas, le thé glacé, la limonade, etc., tous contiennent de l’eau, à laquelle ont été ajoutés (selon la recette) du sucre et divers ingrédients leur conférant leur goût unique. La société Cana Technology est parvenue à identifier l’ensemble des ingrédients qui constituent la base de toute boisson, et à isoler les molécules responsables des saveurs et des arômes. Après près de quatre ans de recherche et développement, Cana a dévoilé cette année la première « imprimante de boissons » au monde.
L’objectif ? Proposer la même gamme de produits que l’industrie des boissons tout en réduisant drastiquement les déchets. Matt Mahar, le PDG de Cana, a déclaré à Tech Crunch au début de l’année que sa machine permettrait à un ménage américain typique d’économiser environ 100 contenants de boissons par mois. Chaque cartouche d’ingrédients, conçue pour être recyclée, permet de recréer plus d’une centaine de boissons différentes — non seulement la plupart des marques connues, mais aussi des boissons « maison ».
N’importe quelle boisson, à n’importe quel moment
Toutes les boissons possibles fournies par un seul et unique appareil dans votre cuisine ? C’est possible ! Café ou thé glacé, eau gazeuse, boissons énergétiques, cocktails, vin, sodas, etc., Cana se dit capable de créer toutes ces boissons à la demande, à partir de son unique cartouche d’ingrédients. Un écran tactile permet de faire son choix. « C’est comme avoir un rayon de boissons personnalisé dans votre cuisine – sans aucun déchet ni tracas provenant des récipients en plastique, en aluminium et en verre », pouvait-on lire dans un communiqué de la société au mois de mars.
« Nous scannons littéralement toutes les boissons les plus populaires au monde pour essayer de comprendre ce qui leur donne un bon goût et comment nous pouvons créer des boissons incroyables qui sont uniques et exclusives à Cana », explique la société, qui a récemment franchi le cap du millionième scan d’ingrédients de boissons ; elle dispose désormais de la plus grande base de données analytiques sur les boissons au monde. Le goût est-il au rendez-vous ? Les quelques journalistes américains qui ont eu l’opportunité de tester la machine ont déclaré que les boissons étaient « bonnes », sans plus de précision.
Les composés aromatisants contenus dans la cartouche sont distribués au millilitre près, dixit le site de la société. Ils sont ensuite mélangés à de l’eau plate ou gazeuse. Chaque recette peut être personnalisée un peu plus, en modifiant les quantités de sucre et d’alcool ; le niveau de caféine peut lui aussi être réglé selon ses préférences. À noter que le contrôle de la caféine et de l’alcool est protégé par un code PIN pour permettre un usage familial de la machine. Cerise sur le gâteau : l’appareil surveille le niveau de la cartouche et en commande automatiquement une nouvelle quand le niveau devient bas. Une cartouche est conçue pour durer un mois en moyenne.
La livraison des premiers Cana One aux États-Unis était initialement prévue pour la mi-2023. Celle-ci a toutefois été différée à la fin 2023 à cause des récentes perturbations de la chaîne d’approvisionnement qui ont impacté le monde entier.
Une solution à la pollution générée par l’industrie des boissons
Comme le souligne Cana, l’industrie des boissons consomme énormément d’eau (600 L pour cultiver le raisin nécessaire pour une seule bouteille de vin, jusqu’à 300 L pour un demi-litre de soda). La production et l’embouteillage de boissons nécessitent par ailleurs une énorme quantité d’énergie : la société californienne précise que 543 millions de tonnes de CO2 sont générées par la création, l’emballage et l’expédition de boissons dans le monde entier — alors qu’elles contiennent principalement de l’eau.
À grande échelle, Cana pourrait réduire de 80% l’utilisation de contenants en plastique et en verre, la consommation d’eau et les émissions de CO2 de l’industrie mondiale des boissons, rapporte Tech Crunch. « Cana One est conçu pour donner à chaque client la commodité, les économies et une expérience dont il ne savait pas qu’il avait envie – tout en nettoyant la planète », résume Matt Mahar.
Côté tarif, le Cana One est vendu au prix de 499$ pour les 10 000 premières commandes (puis 799$ pour les suivantes). La société propose ensuite une formule d’abonnement. « Nous prévoyons de lancer avec un simple plan de 49$ par mois, qui comprendra un certain nombre de boissons distribuées par votre Cana One au cours du mois. L’utilisation au-delà du minimum du forfait sera facturée à l’utilisation », précisent les responsables dans un récent communiqué. Pour ce prix, les utilisateurs ont accès à un nombre illimité de cartouches d’ingrédients, à la personnalisation gratuite des boissons et à 12 boissons supplémentaires chaque mois. Il faudra compter 39$ en plus pour la cartouche d’alcool.
Si le goût n’est pas exactement identique à la boisson d’origine, l’impact environnemental de cette invention est néanmoins louable (même si les cartouches d’ingrédients et de gaz carbonique devront elles aussi être recyclées). Un point intéressant sachant que, comme le souligne Bharat Vasan, président et directeur d’exploitation de The Production Board, cette technologie pourrait être utilisée pour un certain nombre d’autres produits à base d’eau, comme les parfums et les cosmétiques.