Avec pour objectif d’explorer le Soleil, la sonde Parker de la NASA survole régulièrement Vénus pour effectuer des « manœuvres d’assistance gravitationnelle ». Elle a récemment réussi à percer l’épaisse atmosphère de la planète pour révéler des clichés nocturnes pris en lumière visible, dont un bord brillant. Ces révélations permettront sans doute d’aider les scientifiques à mieux comprendre l’histoire de Vénus.
En route vers le Soleil, la sonde Parker s’est servie de sa caméra WISPR (« Wide-Field Imager for Solar Probe ») pour obtenir des images de la surface de Vénus, prises en lumière visible (que l’œil humain peut voir) et dans le proche infrarouge. Les clichés, présentés le 9 février 2022 par la NASA, dévoilent la face nocturne de la planète, plus facile à cartographier. L’imageur a ainsi pénétré dans l’épaisse atmosphère vénusienne et détecté l’émission thermique de sa surface, une grande première pour un télescope optique.
Au cours de sa mission solaire, Parker utilise Vénus pour effectuer des manœuvres d’assistance gravitationnelle, exploitant la gravité de la planète pour ajuster sa vitesse et sa trajectoire. La sonde a déjà effectué cinq manœuvres de ce type, dont deux ont déjà permis de révéler des clichés nocturnes : en juillet 2020 et février 2021.
Une planète brillante « comme un morceau de fer sorti d’une forge »
« Vénus est le troisième objet le plus brillant dans le ciel, mais jusqu’à récemment nous n’avions pas beaucoup d’informations sur l’aspect de sa surface car notre vue est bloquée par une épaisse atmosphère », a déclaré dans un communiqué de la NASA Brian Wood, auteur principal de l’étude et physicien au Naval Research Laboratory à Washington DC.
D’ordinaire, les nuages cachent la lumière visible provenant de Vénus, mais « les plus grandes longueurs d’onde visibles, à la limite des longueurs d’onde du proche infrarouge, parviennent à passer », peut-on lire dans le communiqué. Et ce surtout la nuit et grâce à la forte chaleur de la planète. « La surface de Vénus, même la nuit, est à environ 860 degrés », a expliqué Wood. « Il fait si chaud que sa surface rocheuse brille de manière visible, comme un morceau de fer sorti d’une forge ».
Objectif : étudier la géologie et l’évolution de Vénus
Le survol de l’année dernière a révélé quelques caractéristiques de la surface de Vénus, comme la plus grande région montagneuse, appelée « Aphrodite Terra ». Elle a pu être observée car elle est bien plus froide que ses environs (les plaines par exemple) avec son altitude plus élevée, ce qui la rend visible dans les images infrarouges ou proches de l’infrarouge. En outre, cela nous renseigne sur le changement de température lié à l’altitude. « Comme les régions de haute altitude sont plus froides d’environ 85 degrés Fahrenheit que les zones plus basses, elles apparaissent comme des taches sombres au milieu des plaines plus claires », rapportent les chercheurs.
En comparant les nouvelles images aux précédentes (prises notamment par le radar Magellan), les scientifiques pourront identifier les minéraux présents à la surface de Vénus et comprendre son évolution. Couramment appelée la « jumelle de la Terre », Vénus est une planète inhabitable de par sa chaleur extrême et ses nuages toxiques, mais cela n’a pas toujours été le cas. Comme les deux planètes se ressemblent, les nouvelles informations devraient aider les scientifiques à comprendre pourquoi Vénus est devenue inhospitalière et la Terre une oasis.
Le volcanisme aurait pu jouer un rôle pour former l’atmosphère dense de Vénus, mais des données supplémentaires sont nécessaires pour le confirmer. « D’autres missions permettront d’obtenir des images et de prélever des échantillons de l’atmosphère de Vénus, ainsi que de cartographier à nouveau la surface à plus haute résolution avec des longueurs d’onde infrarouges », d’après la NASA. La sonde Parker aura notamment permis de prouver l’intérêt d’utiliser une large gamme de longueurs d’onde pour photographier la surface des planètes.