La sonde Tianwen-1 de l’Administration spatiale nationale chinoise (CNSA) a été lancée il y a deux ans, en juillet 2020. Elle se compose d’un orbiteur, d’un atterrisseur et d’un rover baptisé Zhurong ; ce dernier explore la planète Mars depuis mai 2021. Pendant ce temps, l’orbiteur était chargé de recueillir diverses données permettant d’éclairer la structure géologique, la composition et les caractéristiques de la surface de la planète. La CNSA a annoncé que ce dernier avait rempli sa mission avec succès, en photographiant la totalité de la planète rouge.
L’orbiteur de Tianwen-1 a fait le tour de Mars pas moins de 1344 fois, ce qui lui a permis de photographier la planète sous tous les angles alors que son compagnon à six roues explorait la surface. Ces images de résolution moyenne montrent les paysages martiens typiques : les calottes polaires, des dunes de poussière rougeâtres, des volcans boucliers, des cratères d’impact, des falaises, sans oublier Valles Marineris, à proximité de l’équateur — le plus important ensemble de canyons du système solaire.
Équipé de six instruments scientifiques, le rover a quant à lui recueilli des informations essentielles sur la structure géologique, la composition du sol et l’atmosphère de Mars. Au total, plus de 1000 Go de données brutes ont été relayées à l’équipe du projet. Zhurong est « en veille » depuis le 18 mai et pour une durée de six mois — afin d’économiser de l’énergie pendant l’hiver martien (lors duquel les températures nocturnes atteignent les -100 °C) ; il reprendra ses activités au cours du mois de décembre, quand les températures seront plus clémentes. En attendant, les scientifiques de la mission peuvent examiner les précieux clichés fournis par l’orbiteur.
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Une première mission d’exploration audacieuse
La Chine n’est pas le premier pays à envoyer un engin sur Mars — l’ex Union soviétique et les États-Unis l’ont largement devancée — mais elle est la première nation à tenter d’envoyer à la fois un orbiteur et un rover lors de sa toute première mission martienne. En effet, la NASA a envoyé plusieurs orbiteurs (dans le cadre du programme Mariner) en reconnaissance avant de tenter un atterrissage. Les missions Viking 1 et 2, lancées en 1975, étaient ensuite les premières à envoyer avec succès un orbiteur et un atterrisseur en même temps sur la planète rouge.
Les tentatives de l’exUnion soviétique au début des années 1970 se sont quant à elles soldées par des échecs : l’orbiteur de Mars 2 n’a renvoyé aucune donné et son atterrisseur s’est écrasé à la surface ; l’orbiteur de Mars 3 a collecté environ huit mois de données, tandis que l’atterrisseur n’a fonctionné qu’une poignée de secondes ; et enfin, aucun contact n’a pu être établi avec l’atterrisseur de Mars 6 (qui s’est probablement écrasé lui aussi).
Pour Tianwen-1, en revanche, c’est un succès sur toute la ligne. L’engin, de près de cinq tonnes, est pourtant l’un des plus lourds envoyés vers la planète rouge ; il embarque à son bord treize instruments scientifiques (7 pour l’orbiteur, 6 pour le rover). La sonde a décollé avec succès du centre spatial de Wenchang, en juillet 2020, puis elle s’est insérée dans l’orbite de Mars sept mois plus tard ; après avoir étudié le site d’atterrissage pendant trois mois, la sonde a largué son atterrisseur, qui s’est posé sans encombre dans la région d’Utopia Planitia — une plaine située dans l’hémisphère nord de la planète, là où s’était également posé l’atterrisseur de Viking 2 en 1976.
Un retour d’échantillons prévu dès 2031
Grâce au rover Zhurong — et en particulier aux données récoltées par son spectromètre infrarouge à ondes courtes — les scientifiques de la mission ont récemment identifié des minéraux hydratés sur le site d’atterrissage, suggérant la présence relativement récente d’eau liquide. Ces minéraux (de l’olivine, du pyroxène et du feldspath) ont été retrouvés dans des sédiments datant de la période géologique la plus récente de Mars (il y a quelques centaines de millions d’années), nommée l’Amazonien. Leur structure a vraisemblablement été altérée au contact de l’eau.
Il est désormais certain que de l’eau liquide existait autrefois sur Mars (de par les multiples canaux fluviaux et deltas découverts à sa surface), mais peu de preuves concernent l’ère de l’Amazonien. Cette découverte reste donc très importante pour les scientifiques.
La Chine n’est que la troisième nation à avoir fait atterrir avec succès un engin spatial sur Mars. Mais elle pourrait bien rattraper son retard sur les États-Unis : la CNSA a en effet annoncé qu’elle lancerait une mission de retour d’échantillons martiens vers 2028, avec un retour sur Terre prévu en juillet 2031 — soit deux ans plus tôt que la date prévue par la mission Mars Sample Return, menée conjointement par la NASA et l’Agence spatiale européenne. Initialement prévu pour 2031 également, le retour des échantillons collectés par Perseverance a finalement été différé de par l’ajout d’un deuxième atterrisseur, qui sera chargé de transporter le rover de récupération.
Peut-être que la Chine sera également la première à amener des humains sur Mars ? La CNSA a annoncé l’an dernier qu’elle prévoyait sa première mission habitée vers Mars en 2033. La NASA vise pour le moment la fin des années 2030, voire le début des années 2040.