Des premières photos de l’engin prises sur le site de Boca Chica, publiées par le média Teslarati, suggèrent que la construction est bel et bien en cours. Ce booster, nommé BN3, sera le tout premier prototype à propulser le Starship dans le cadre d’un vol orbital, qui pourrait avoir lieu dans les six prochains mois.
Pour rappel, les deux précédents prototypes, BN1 et BN2, n’ont pas fait l’objet de vols d’essai. Après des changements de conception de dernière minute (concernant notamment la disposition des réservoirs de carburant), le BN1 assemblé au mois de mars a finalement servi de test pour la production, mais aussi à acquérir l’expérience nécessaire à l’assemblage de ce monstre en acier inoxydable. Le BN2, dont certains éléments avaient été aperçus ces derniers jours, n’a quant à lui jamais été assemblé ; il semblerait qu’il soit transformé en un petit réservoir d’essai pour qualifier le dôme de poussée et les moteurs.
Le BN3 devrait donc être le tout premier prototype à mettre le vaisseau Starship en orbite. D’une hauteur de 70 mètres pour 9 mètres de diamètre, il sera propulsé par 28 moteurs Raptor, alimentés par un mélange d’oxygène et de méthane liquides. La structure dans son ensemble — le Super Heavy surmonté du Starship — atteindra les 120 mètres de hauteur. Un engin qui ne passera sûrement pas inaperçu…
Un amerrissage « en douceur », au large d’Hawaï
Après le récent lancement du SN15, qui a accompli avec succès un aller-retour à 10 kilomètres d’altitude, SpaceX poursuit son ambitieux objectif : envoyer un jour son vaisseau Starship en mission sur Mars. Pour mettre ce dernier en orbite, elle a mis au point un lanceur super lourd, le Super Heavy, dont le troisième prototype semble en cours de construction. Plusieurs éléments du booster ont en tout cas été repérés sur le site de Boca Chica au cours des dernières semaines.
Autre preuve d’un essai à venir : SpaceX a déposé une demande auprès de la Federal Communications Commission (FCC), afin d’obtenir une autorisation temporaire de communiquer avec ses deux engins pendant un vol d’essai orbital. Ce dernier devrait avoir lieu dans les six prochains mois, à compter du 20 juin.
Un document déposé auprès de la FCC décrit par ailleurs les détails de l’essai : les deux éléments, le Super Heavy et le Starship, devraient se séparer environ 170 secondes après le décollage. Il est prévu que le booster effectue ensuite un retour partiel, puis amerrisse dans le Golfe du Mexique, à environ 30 kilomètres de la côte. Le Starship continuera son voyage en orbite, pendant 90 minutes environ, pour finir par atterrir « en douceur dans l’océan », à environ 100 kilomètres au large de la côte nord-ouest de Kauai, dans l’archipel d’Hawaï. Ainsi, ni l’un ni l’autre ne reviendront sur le site de lancement.
Mais avant cela, SpaceX doit procéder à l’assemblage et aux tests préliminaires du BN3 et du SN20. Ce dernier devrait subir quelques changements technologiques majeurs par rapport à ses prédécesseurs, notamment au niveau du bouclier thermique et du système de séparation des étages.
Un potentiel second vol du Starship SN15
Du côté du BN3, il semblerait que la section des moteurs et le dôme de poussée soient quasiment achevés : Teslarati rapporte que le dôme présente 28 découpes à sa base, vraisemblablement destinées à l’alimentation de chacun des 28 moteurs Raptor du lanceur (pour comparaison, les prototypes du Starship ne comportaient que trois moteurs du même type). Un élément ressemblant à un collecteur de carburant a également fait son apparition sur le site de construction ; ce collecteur devrait être relié à un énorme tube, également aperçu sur le chantier, chargé d’acheminer le méthane dans le réservoir d’oxygène liquide.
Il reste cependant encore pas mal de travail à accomplir. Si plusieurs des composants semblent prêts pour l’assemblage, ces différentes sections ne représentent qu’environ 20% de la hauteur totale du lanceur. Une trentaine de sections supplémentaires doivent encore être ajoutées à la structure, l’objectif étant d’obtenir un BN3 complet et opérationnel d’ici le 20 juin. Bien entendu, il est peu probable que SpaceX se livre à un premier essai de vol orbital cet été ; le BN3 devra en effet subir pas mal de tests avant d’obtenir son autorisation de vol par la Federal Aviation Administration.
Fin mars, Elon Musk a déclaré dans un tweet que « la probabilité de réussite de l’ascension est élevée ». Néanmoins, le PDG de SpaceX reconnaît lui-même que ce vol orbital nécessitera sans aucun doute plusieurs essais avant que le Starship ne parvienne à résister à son entrée dans l’atmosphère et à atterrir sans encombre.
En attendant les tests du BN3, le SN15 devrait effectuer quant à lui un second vol — une première pour un prototype de Starship. L’engin vient en effet d’être replacé sur un support de lancement, en vue d’une inspection et d’un éventuel nouveau vol.