La start-up Arcflash Labs propose un véritable canon de Gauss pour un prix inférieur à 4000 $. Ce type d’arme est bien connu des adeptes de jeux vidéos de type FPS (tir à la première personne), mais n’avait jamais dépassé le stade expérimental dans la réalité. La société affirme que son « GR-1 Anvil » est le premier fusil de Gauss (canon magnétique) portatif au monde.
Un canon magnétique (ou canon de Gauss) est une arme à projectile accéléré par une force électromagnétique. Ce type de canon est généralement constitué d’un ou plusieurs électro-aimants disposés le long d’un tube. Les bobines sont allumées et éteintes dans une séquence programmée avec précision, provoquant l’accélération rapide du projectile ferromagnétique jusqu’à la sortie du canon. À l’instar du canon électrique (ou railgun), c’est une arme expérimentale largement exploitée dans les jeux vidéos (Fallout, Half-Life, Metal Gear, StarCraft, Quake, etc.). Ces armes font également l’objet de recherches actives au sein de l’armée.
L’intérêt de telles armes est la vitesse très élevée atteinte par le projectile. « C’est le canon magnétique le plus puissant jamais vendu au public, et aussi (très probablement) le canon magnétique portatif le plus puissant jamais construit », précise la fiche du produit. Cette arme n’est évidemment pas à mettre entre toutes les mains. « Le GR-1 est une arme potentiellement mortelle, similaire à une carabine à air comprimé PCP [Pre Charged Pneumatic] haute puissance », a déclaré l’un des co-fondateurs d’Arcflash, David Wirth. Les premières livraisons sont prévues pour dans six mois.
Une large gamme de projectiles
L’an dernier, l’US Navy a dépensé 500 millions de dollars pour développer et tester un canon électrique fonctionnel ; le système, conçu pour s’adapter aux canons des navires, était capable d’éjecter un projectile à des vitesses hypersoniques (jusqu’à Mach 3) ! Mais le projet a finalement été abandonné en raison de problèmes techniques.
La start-up Arcflash Labs a, quant à elle, réussi à développer le même concept, mais à une échelle beaucoup plus petite. Son arme de poing est alimentée par batterie, ce qui permet d’éviter l’utilisation de propulseurs chimiques explosifs, explique Wirth. D’après la fiche technique de l’arme, le chargeur de 10 cartouches peut lancer de petites tiges métalliques de 32 mm de long, à une vitesse de 75 m/s.
Le GR-1 utilise le système de charge de condensateur le plus avancé au monde, « un inverseur quasi-résonant à double pincement », qui lui permet de tirer jusqu’à 20 cartouches par minute (à pleine puissance) ou jusqu’à 100 cartouches par minute à 50% de sa puissance. Son système de magasin variable lui permet d’accepter 3 longueurs de projectiles différentes (32 mm, 42 mm et 52 mm). L’arme est en réalité capable d’accélérer n’importe quel projectile ferromagnétique (de 10 à 12 mm de diamètre environ) à plus de 60 m/s.
En d’autres termes, il est possible de transformer à peu près n’importe quel débris métallique en projectile mortel, ce que les dirigeants d’Arcflash considèrent comme un atout indéniable dans un contexte militaire : « Imaginez un scénario où une escouade est coincée derrière les lignes ennemies et n’a plus de munitions. Avec les canons de Gauss, ils pourraient monter un panneau solaire, charger les batteries de leurs armes et utiliser des boulons et des écrous trouvés au sol comme munitions », explique Wirth. À noter que la situation décrite ici s’oppose complètement aux directives de la société, qui se dégage de toute responsabilité en cas de dommages ou de blessures corporelles causés par le tir de munitions non homologuées par le fabricant.
Une arme interdite à la vente dans plusieurs États américains
Le GR-1 délivre une énergie de 100 joules en sortie de canon ; à titre de comparaison, une arme de poing de type .357 Magnum peut atteindre une énergie de 786 J. Une arme de poing de 9 mm peut, quant à elle, atteindre plus de 400 J et accélérer les projectiles à plus de 300 m/s. Pour le moment, le canon d’Arcflash est donc susceptible de faire beaucoup moins de dégâts qu’une arme de poing conventionnelle et n’est pas vraiment adapté à une application militaire.
Le produit est proposé à des fins de test, en tant que simple démonstration technologique. Il pourrait ainsi susciter l’intérêt des collectionneurs, des investisseurs, des chercheurs et de tous ceux qui souhaitent posséder une arme qui ne repose pas sur des munitions produites en masse, explique le dirigeant de la société. Mais quiconque est intéressé par cet achat doit signer au préalable une décharge de responsabilité. L’arme a été soumise à des tests de sécurité auprès d’un organisme indépendant, mais « c’est toujours un appareil électrique dangereux, et ce n’est pas un jouet », a averti Wirth. Ce type d’arme est d’ailleurs interdit à la vente dans plusieurs États et comtés (ainsi que dans certaines villes).
Évidemment, l’ambition d’Arcflash ne s’arrête pas là : il est notamment prévu d’ajouter un télémètre à l’arme, de manière à ce que la puissance des projectiles soit automatiquement ajustée selon la distance de la cible — garantissant ainsi que les tirs ne soient pas mortels. Une fonctionnalité qui serait particulièrement utile pour les forces de l’ordre. « Les effets évolutifs d’un canon de Gauss permettraient aux forces de l’ordre de tirer des balles en caoutchouc à une vitesse proportionnelle à leur distance par rapport à la cible, de sorte qu’elles risquent moins de blesser quelqu’un si la cible est proche et davantage d’atteindre la cible visée si elle est éloignée », a souligné Wirth.
Ces armes Gauss ont encore un long chemin à parcourir avant de pouvoir rivaliser avec les armes à poudre, mais Wirth demeure convaincu qu’elles représentent l’avenir des armes légères.